
Par Front Populaire, La Rédaction.
Cet article, signé par la rédaction, est paru le 20 mars. Citoyen d’un pays qui n’a pas d’armée, une industrie brillante parmi les autres États européens mais peu d’industries d’armement et, de surcroît, vraiment très peu d’hommes en âge de se battre, Draghi parle d’or pour l’Italie en présentant un plan de défense européenne « affranchi des priorités nationales ». Ben voyons ! C’est au détriment de la France, sans considération pour ses capacités propres en matière d’armements et c’est poursuivre en vain la chimère d’une armée européenne sous commandement unique, en fait sous influence anglo-saxonne, le Royaume-Uni, dont la défense dépend strictement des Américains, s’étant réintroduit à la faveur des circonstances dans le concert européen. Des ententes interétatiques de défense européenne seraient sûrement utiles à condition de ne pas l’axer systématiquement contre la Russie, mais même de telles ententes sont mal parties si l’on doit avoir affaire à ce genre de discours trompeur et bourré d’illusion !
ARTICLE. Alors que la Commission européenne présente son plan de réarmement de l’Europe pour 800 milliards d’euros, l’ancien président de la BCE s’est exprimé devant le Sénat italien pour exposer sa vision d’une défense européenne. Au menu, chaîne de commandement commune et fin de l’autonomie stratégique des États.
Ce mardi 18 mars, l’ancien président italien de la Banque centrale européenne, Mario Draghi, a été auditionné au Sénat de la République italienne. L’auteur du rapport sur la compétitivité de l’Union européenne commandé par Ursula von der Leyen est venu amender sa copie, à l’aune des dernières évolutions géopolitiques, et plus particulièrement le rapprochement entre Vladimir Poutine et Donald Trump. « L’Europe se retrouve aujourd’hui plus isolée dans les forums internationaux, comme ce fut récemment le cas aux Nations Unies, et se demande qui défendra ses frontières en cas d’agression extérieure, et avec quels moyens », semble-t-il déplorer — un peu tardivement.
L’ancien président du Conseil italien ne s’embarrasse d’aucun détour. D’après lui, la conjoncture nous impose « d’engager un processus qui nous amènera à dépasser les modèles nationaux et à penser à l’échelle continentale ». Et ce sur trois sujets : les factures d’énergie, l’assouplissement de la réglementation et le réarmement du continent. Alors que la part de responsabilité de l’Union européenne dans les deux premiers n’est plus à démontrer, « Super Mario » entend bien mettre Bruxelles au centre du dispositif de réarmement de l’Europe.
Une chaîne de production européenne
« Les citoyens nous disent qu’ils en ont assez d’attendre », invoque-t-il pour justifier l’accélération de son plan pour une défense européenne. Celui-ci passerait par le développement « sur des plateformes militaires communes (avions, navires, véhicules terrestres, satellites) » afin de rationaliser la chaîne de production sur l’ensemble de la production militaire sur le Continent, avance Mario Draghi.
Celui-ci avance à ce propos un argument pour le moins original. D’après lui, « il serait nécessaire que l’actuel marché public européen de la défense — environ 110 milliards d’euros en 2023 — soit concentré sur quelques plateformes de pointe, plutôt que sur une multitude de plateformes nationales, aucune réellement compétitive car essentiellement conçues pour leurs marchés domestiques. » Or, cette « fragmentation » aurait un effet « dévastateur » : celui de pousser les pays européens, malgré des investissements globalement élevés, à finalement acheter « une grande partie de leurs plateformes militaires aux États-Unis ». « Si l’Europe décidait de créer sa propre défense et d’augmenter ses investissements en dépassant l’actuelle fragmentation, plutôt que de recourir massivement aux importations, argumente-t-il, elle en retirerait sans aucun doute un plus grand bénéfice industriel, ainsi qu’un rapport plus équilibré avec l’allié atlantique, y compris sur le plan économique. » Comme si jusqu’ici, l’absence de plateforme militaire commune obligeait l’Allemagne à acheter des F-35 américains plutôt que des Rafale français.
« S’affranchir des priorités nationales »
Mais Draghi ne veut pas s’en tenir à une production commune. Pour lui, défense européenne rime avec chaîne de commandement européenne. Plus précisément, une « chaîne de commandement d’échelle supérieure qui puisse coordonner des armées hétérogènes par leur langue, leurs méthodes, leurs armements ». Le but : « S’affranchir des priorités nationales en opérant comme un véritable système de défense continental. »
En proposant de « s’affranchir des priorités nationales », l’ancien patron de la BCE propose tout simplement de faire une croix sur la souveraineté stratégique des États membres. Et cela dans tous les domaines de la défense. Celle-ci « aujourd’hui ne se résume plus à l’armement, c’est aussi de la technologie numérique », précise-t-il, appelant l’Europe à « se doter d’une stratégie continentale unifiée pour le cloud, le supercalcul, l’intelligence artificielle et la cybersécurité ». Un partage de données stratégiques qui mettrait gravement en danger notre souveraineté militaire et notre autonomie stratégique. ■
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La défense c’est surtout les hommes, on le sait depuis Sparte. Des hommes et des femmes prêts à se sacrifier pour leur pays, leur patrie. Ils ne mourront pas pour un autre pays ou pour une entité artificielle, sans unité ni valeur suprême. Entendrons nous encore longtemps ces politiques sans terre charnelle, sans patrie ?