
Par Louis-Joseph Delanglade*.
Nous redonnons cet éditorial de Louis-Joseph Delanglade paru dans nos colonnes il y a presque 2 ans (3.04.2023) parce qu’il nous semble difficile de poser en termes plus clairs en même temps que plus actuels le problème de l’écologie dans son ensemble. Utile éclairage donné à la tribune de Jean-Philippe Tanguy et Maxime Amblard qu’a publiée Le Figaro de ce 24 mars et qu’a reprise JSF de ce même lundi…
Il est facile de se moquer des écolos tant le moindre trait fait mouche à coup sûr, surtout quand la personne visée ou ses propos semblent relever davantage de la psychopathologie que de la politique – par exemple Greta Thurnberg «la vestale fiévreuse » (Vincent Hervouët) ou Sandrine Rousseau « la Marie Curie de l’idée débile » (Gaspard Proust). Tout récemment encore, une sorte d’illuminé (ou qui s’en donne l’apparence, ce qui revient un peu au même) a fait une apparition remarquée à Sainte-Soline : tout de bure vêtu et la tête couverte d’un grand capuchon, « le moine » n’a pas manqué de produire un effet certain.
Convenons cependant que l’écologie, science des interactions des êtres vivants entre eux et avec leur milieu, mérite mieux que des pantalonnades de ce genre. Quelques évidences s’imposent mais pas toujours et pas à tout le monde : il est à peu près admis que la terre est devenue une poubelle en voie de réchauffement, mais pas encore qu’une croissance matérielle infinie dans un monde fini est impossible ; il est admis que les questions écologiques nécessitent une grande coopération internationale, mais pas suffisamment qu’une écologie de proximité est tout aussi indispensable ; il est admis que l’écologie cherche à préserver le milieu « naturel », mais pas vraiment qu’elle doive aussi s’intéresser aux cultures humaines – langues, moeurs et valeurs.
Or, ce qui frappe d’abord chez nos écolos, c’est d’abord un sectarisme qui, au-delà du simple ridicule (invectives contre le tour de France, le sapin de noël ou l’entrecôte grillée), confine à la haine et à l’absurde. La haine : on se souvient ici, à titre d’exemple, des affiches de M. Bayou, alors Secrétaire national d’E.E.L.V., désignant les ennemis à battre – à défaut de pouvoir les abattre (on n’est pas en vain le fils d’une maoïste convaincue, porteuse de valises du F.L.N.) : les chasseurs, les boomers et tous les autres « fachos » (campagne 2021 des élections régionales en Île-de-France).
L’absurde : on ne peut plus que déplorer la fermeture de la centrale de Fessenheim (centrale qui était opérationnelle et forcément « décarbonante »), suite à une mesure idéologique exigée par les écolos pour prix de leur soutien à M. Hollande, mesure dont s’enorgueillissent encore Mme Duflot et même M. Hulot qui a obtenu de M. Macron qu’il aille jusqu’au bout ; les mêmes persistent à vouloir (faire) imposer éoliennes et panneaux solaires comme si c’était une panacée. On est très dogmatique chez les écolos.
Mais le bobo herbivore peut être aussi violent, comme ce fut le cas à Sainte-Soline avec l’appui bienveillant des milices black blocs. Et il n’est pas anodin qu’ait été présent sur les lieux ce jour-là un certain Andreas Malm, théoricien suédois de l’usage de la violence et notamment du sabotage, de formation trotskiste et proche en conséquence du Mediapart d’Edwy Plenel et de l’Institut La Boétie de La France Insoumise. Peut-être n’était-ce qu’une répétition générale pour ce nouveau Lénine ?
Ajoutons à cela les alliances sulfureuses des écolos avec les groupes et associations représentant ce que l’on nomme les minorités et la diversité – et la porosité qui en découle. L’écologie se trouve ainsi accaparée par une gauche qui se proclame « verte » mais à laquelle elle sert surtout de caution pour tous les autres combats prétendument « révolutionnaires » d’ordre sociétal, culturel ou politique – alors que l’écologie serait plutôt conservatrice au bon sens du terme ou, à défaut, franchement réactionnaire. Les écolos n’ont inventé ni le mot ni la chose mais les ont dévoyés et instrumentalisés. ■
* Agrégé de Lettres Modernes.
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