
La « chronique médias » de Didier Desrimais, c’est la chronique toujours substantielle du Système dans son entier. Car les médias, avec les juges, sont l’un des Pouvoirs bien réels constitutifs de ce qu’on a appelé le Pays légal, le Régime, ou encore le Système selon l’expression gaullienne à juste titre globalisante. Tel est le dernier avatar de la République d’autrefois.
Par Didier Desrimais*.
Le Pen, les médias et le complot qui n’existe pas.
Introduction apéritive. À la recherche des propos les plus ineptes tenus à la suite de la condamnation de Marine Le Pen, il ne m’a pas fallu longtemps pour tomber sur la perle rare, en l’occurence un message de Marine Tondelier, secrétaire nationale d’EELV, sur X : « Je ne vais pas pleurer pour Marine Le Pen. Je réserve mes larmes pour la communauté trans, qui dans le monde entier est en première ligne face aux attaques haineuses de tous.tes les transphobes, qui sont d’ailleurs souvent les ami.es de Madame Le Pen. Pendant le NFP, on a même vu notre président s’en prendre à elle pour marcher dans les pas de l’extrême droite. Je n’oublie pas, et je n’oublie pas non plus qu’aujourd’hui devrait être la journée où on lui donne de la visibilité. Comme l’a dit Pedro Pascal, dont la sœur est une actrice transgenre : “un monde sans personnes trans n’a jamais existé et n’existera jamais.” On pense à vous et on se battra pour vous, tous les jours. Les droits des personnes trans sont des droits humains. » Mme Tondelier n’est pas le prototype d’un abêtissement nouveau mais l’aboutissement d’un long processus d’abaissement de l’intelligence ayant conduit à une idéologie bâtarde, l’écolo-wokisme. Marine Tondelier, Sandrine Rousseau, Éric Piolle – si ces noms doivent figurer un jour dans un livre d’histoire de France, cela ne sera probablement pas au chapitresur les Grands esprits du XXIe siècle.
Holding de l’audiovisuel public : Rachida Dati nous prive de France inter !
Ce mardi 1er avril, France Inter était en grève. Dommage ! Les journalistes de la matinale auraient pourtant aimé pouvoir livrer leurs remarquables analyses sur la condamnation de Marine Le Pen dès le lendemain de cet évènement. Faisant contre mauvaise fortune bon cœur, ils en ont profité pour fourbir leurs discours et affûter leurs éditos. Le 2 avril, remontés comme des coucous, ils se sont livrés à l’exercice journalistique qu’ils préfèrent, la castorisation dite républicaine, avec l’absence totale de neutralité et de pluralisme qui les caractérise. Patrick Cohen, qui a eu l’occasion de s’entraîner la veille dans l’émission télévisuelle “C à vous” dont nous allons reparler, se distingue une fois de plus : le RN, martèle-t-il, « a épousé le trumpisme ». Marine Le Pen dénonce le Système médiatico-politique ? L’éditorialiste ne voit pas de quel système il s’agit mais… détaille ses méfaits : « Vous savez, ce fameux “système” qui tient secrètement le pays, qui ferme une chaine de télé, réécrit Crépol ou nous fait croire que Poutine est une menace. » France Inter faisant partie dudit système, M. Cohen s’agite et cogite : il devine, derrière cette dénonciation, un « fatras complotiste » et… une trumpisation des esprits – c’est la nouvelle marotte castorisatrice des journalistes de gauche, marotte qu’agitera quelques minutes plus tard, avec sa subtilité coutumière, l’impayable Sonia Devillers lorsqu’elle recevra le vice-président du RN, Sébastien Chenu. Celui-ci ayant eu le mauvais goût de s’esclaffer en entendant l’éditorial de son confrère, Mme Devillers sonne la charge : « Vous avez ri en entendant la chronique de Patrick Cohen. Mais la rhétorique de Marine Le Pen n’est-elle pas celle de Donald Trump qui a donné lieu à un assaut populaire contre le Capitole ? » Le système médiatico-politique qui, rappelons-le, n’existe pas, s’est apparemment passé le mot…
… la preuve, avec le président du conseil régional des Hauts-de-France, Xavier Bertrand, qui a pour habitude de répéter les platitudes les plus plates. Sur RTL, face à Thomas Sotto, il ne déroge pas à cette règle qui a fait de lui l’homme politique de droite le plus transparent et le plus prévisible de sa génération. Écouter M. Bertrand, c’est se laisser bercer par une brise insipide, c’est entendre l’écho souffreteux d’un discours convenu compilant de médiocres clichés : ses « valeurs républicaines », dit-il, l’incitent à « ne pas avoir peur du Rassemblement national ». Mais, ajoute-t-il, il se désole de constater que « l’internationale de l’extrême droite a manifesté son soutien à Marine Le Pen ». Il craint par conséquent que la manifestation de soutien à cette dernière prévue à Paris ne tourne mal : « Je n’ai pas envie qu’on joue un mauvais remake du Capitole. » M. Bertrand aurait aimé raviver le souvenir du fracas que fut, selon lui, cet « assaut contre la démocratie ». Mais c’est le son creux des banalités rabâchées qui envahit le studio de RTL…
… puis s’en va investir celui de BFMTV, où le pendant socialiste de M. Bertrand s’évertue, comme il le fait avec brio depuis des décennies, à ne pas paraître démesurément brillant ni original. François Hollande reprend les éléments de langage de Xavier Bertrand et des journalistes de la radio publique. Il prend son temps pour ne pas choisir ses mots. Il fait semblant de découvrir des phrases toutes faites, qui ne sont pas de lui. Sans doute espère-t-il qu’elles passeront auprès des « sans-dents » pour le summum d’une pensée authentique. Mais les oreilles ne s’y trompent pas : l’éloquence hoqueteuse et laborieuse de celui qui fut, on a peine à le croire, président de la République, martyrise le tympan. Le cerveau, quant à lui, n’a pas beaucoup de travail à effectuer : les propos lénifiants de M. Hollande sont immédiatement analysés, disséqués, digérés, pour finir dans le coin le plus obscur de ce noble organe, une mystérieuse mais efficace cavité dans laquelle sont dissous pour disparaître à tout jamais les propos inutiles, les déchets, les encombrants de la pensée politique.



RN / Journalistes : le choc frontal
Audiovisuel public, encore. France 5, officine de gauche. Sur le plateau de “C à vous”, Anne-Elisabeth Lemoine, l’air toujours aussi inspiré, sourit lorsque le député RN Jean-Philippe Tanguy ose demander que Tristan Berteloot, participant à l’émission, ne soit pas simplement présenté comme un journaliste de Libération, mais aussi comme l’enquêteur de la cellule anti-RN que le quotidien a créée. « Alors, il y a un complot de Libération ? » ironise Mme Lemoine qui ignore de toute évidence qu’il existe effectivement, comme l’indiquait Libé, le 23 août 2023, dans un communiqué annonçant son lancement, une « cellule spécialisée sur l’extrême droite », que cette cellule a été créée pour faire « face à la banalisation d’un Rassemblement national entré en force à l’Assemblée », qu’elle publie chaque mardi une newsletter intitulée Frontal et qu’elle est composée de « quatre journalistes qui travaillent à temps plein sur le sujet », dont le journaliste et enquêteur Tristan Berteloot. Sur le plateau, Maître Patrick Maisonneuve, l’avocat du Parlement européen qui, étrangement, s’étonne que Marine Le Pen se défende en niant la qualification des faits qui lui sont reprochés, ajoute son grain de sel en ricanant : « Et probablement que nous nous réunissons la nuit [avec M. Berteloot], dans une cave. » Inutile, je pense, de préciser que Jean-Philippe Tanguy a été « reçu » avec tous les honneurs dus à son statut de représentant de « l’extrême droite ». Rappelons quel’émission“C à vous” est produite par la société 3e Œil Productions, laquelle fait partie de Mediawan, entreprise dont l’un des actionnaires est Matthieu Pigasse, le même Matthieu Pigasse qui déclarait dernièrement dans Libération : « Je veux mettre les médias que je contrôle dans le combat contre la droite radicale. » Arrêtez de voir le mal partout – puisqu’on vous dit qu’il n’y a pas de système…
… Le Monde confirme pourtant que tout média refusant d’y appartenir doit être puni, voire éliminé : « Le traitement de la condamnation de Marine Le Pen sur CNews et Europe 1 interroge. » Après s’être interrogé, le Monde préconise : « l’Arcom devra évaluer si les médias de Bolloré manquent à leurs obligations de pluralisme et d’honnêteté dans la présentation des informations. » Pas un mot, naturellement, sur le traitement tendancieux de cet évènement par l’audiovisuel public. CNews est maintenant, et de loin, la première chaîne d’info continue, certaines de ses émissions dépassant régulièrement le million de téléspectateurs, tandis qu’Europe 1 poursuit sa reconquête. Aux yeux de la caste médiatique établie, cela est tout bonnement insupportable. Il est donc nécessaire de faire baliser dès à présent, à coups d’avertissements et de mises en garde, le chemin qui mènera, comme pour C8, à des amendes de plus en plus élevées et, finalement, à une remise en cause de l’existence même de ces médias dissidents. Histoire que le Système (qui n’existe pas) puisse enfin dormir sur ses deux oreilles… ■ DIDIER DESRIMAIS