
Cet article d’Alexandre Devecchio est paru dans FigaroVox le 10 avril. On nous dira qu’il ne nous apprend pas grand-chose que nous ne sachions déjà. Nous ne sommes qu’en partie d’accord avec cette opinion : il nous renseigne sur l’évolution de l’opinion et des faiseurs d’opinion face aux bouleversements mondiaux, réels ou supposés, en train de s’opérer ou, à vrai dire, de se révéler et de se poursuivre. Ainsi du retour des nations comme entités politiques indépassables y compris dans l’ordre économique, sommé, à nouveau, de s’y réinscrire. Ainsi de la guerre commerciale lancée par Donald Trump qui s’explique plutôt par un retour au réel, une rupture obligée avec l’utopie mondialiste, qui ne doivent nous conduire ni à la trumpmania de certains, ni à proclamer la folie du président états-unien, mais à reprendre le sens, le goût, le souci de nos propres intérêts, à en discerner les conditions, les impératifs et à nous armer à tous les sens du mot, pour prendre part au concert – sans doute tumultueux, conflictuel souvent – des nations du monde, selon les lois de l’Histoire et non plus des idéologies. C’est, d’ailleurs, ce que nous expliquent en des termes plus experts Jacques Sapir, Charles Gave et quelques autres qu’il est sage d’écouter.
L’objectif de la guerre commerciale est de renouer avec une économie de production au service des travailleurs américains
LA BATAILLE DES IDÉES – Le virage protectionniste de Donald Trump ne doit rien au hasard. Pour le comprendre, il faut lire le livre de son vice-président J. D. Vance : Hillbilly élégie.
«Ce n’est pas pour cela que nous avons voté » : la guerre commerciale lancée par Donald Trump a déclenché un vent de panique à Wall Street et déconcerté la plupart des milieux économiques. D’aucuns y voient le fruit de l’« impulsivité », de l’« amateurisme » ou même de la « folie » du président américain. On n’est pas obligé d’embrasser le virage protectionniste de Donald Trump, on peut même le juger dangereux, mais on aurait tort de penser qu’il est uniquement dicté par la personnalité imprévisible du locataire de la Maison-Blanche ou par sa méconnaissance supposée des réalités économiques. Celui-ci s’inscrit au contraire dans un projet politique que Trump mûrit depuis son premier mandat.
Rappelons qu’il doit sa première élection à l’Amérique des cols-bleus déclassés. C’est le vote en sa faveur des États de la Rust Belt (ceintures de la rouille), région industrielle du nord-est des États-Unis traditionnellement acquise aux démocrates, qui lui a permis de l’emporter face à Hillary Clinton.
Déjà, à l’époque, Trump avait axé sa campagne sur la critique du libre-échange et la promesse de protéger l’industrie américaine. Le principal artisan de cette stratégie n’était autre que son conseiller spécial Steve Bannon. Interviewé par Le Figaro Magazine en 2019, ce dernier détaillait sa stratégie. « Si Donald Trump a gagné, c’est parce que le protectionnisme, en particulier face à la Chine pour regagner des emplois, est l’une des dimensions que j’ai pris le soin d’inscrire dans tous ses discours. C’est l’une des raisons pour lesquelles nous avons gagné, en particulier dans le Michigan, le Wisconsin, l’Ohio, la Pennsylvanie et le Midwest », analysait-il.
Dans ce même entretien, Bannon citait l’ouvrage d’un certain… J. D. Vance : « Comme l’expose bien le grand sociologue J. D. Vance dans Hillbilly élégie, il y a une corrélation entre la délocalisation des usines et des emplois en Chine et la crise des opioïdes qui tue 50.000 personnes chaque année aux États-Unis. »
L’Amérique périphérique
Six ans plus tard, Bannon ne fait plus partie du cercle proche de Donald Trump, mais J. D. Vance n’est rien de moins que vice-président des États-Unis. Pour comprendre la politique tarifaire de Trump, il est utile de se replonger dans Hillbilly élégie (Éditions Globe). Vance y raconte son enfance dans l’Ohio et la vie des « petits Blancs » de l’Amérique périphérique, montre comment sa mère a sombré dans la toxicomanie.
Sa description de l’effondrement de Middletown, capitale industrielle de l’Ohio, fait froid dans le dos. Après la fermeture de l’usine Armco, qui avait « téléporté » les grands-parents de Vance dans la classe moyenne, la valeur des logements a chuté et leurs propriétaires se sont retrouvés piégés dans des quartiers en décrépitude.
La guerre commerciale de Trump doit être comprise comme la revanche de l’Amérique de Vance. La nouvelle Administration américaine entend rompre avec un modèle économique fondé sur le libre-échange et la consommation. Un modèle qui a contribué à paupériser les classes moyenne et populaire. L’objectif de la guerre commerciale est de renouer avec une économie de production au service des travailleurs américains.
L’histoire dira si ce pari a fonctionné ou si le remède a été pire que le mal. Mais il s’agit moins d’une nouvelle folie de Donald Trump que d’une tentative de réponse à quatre décennies de mondialisation malheureuse. ■ ALEXANDRE DEVECCHIO
D.Trump n’est ni atteint d’amateurisme ni de folie ni d’impulsivité. Il veut rendre les américains dignes de pouvoir vivre decemment de leur travail. Il parle même de supprimer l’impôt sur le revenu!!! Tout le contraire de l’Europe qui est devenue une dictature en imposant un totalitarisme total pour détruire nos economies et instaurer la pauperisation partout. Bref comme l’etait l’ex union soviétique. Et ça la gauche ne le supporte pas. Eux sont pour toujours plus d’interdits, plus de taxe, plus de racket. Vous n’aurez plus rien et vous serez heureux. Dans la mondialisation et le progressisme, seuls les politiques y ont leurs interrêts.