
Cette analyse de Renaud Girard parue dans Le Figaro d’hier matin (14.04.2025), politiquement assez incorrecte – en voie de devenir correcte ? – est remarquablement lucide dans sa substance et son détail. La politique étrangère de Trump vise à pacifier autant que possible les zones en tension, par la négociation, pour permettre – alpha et oméga des Américains – le libre commerce étatsunien. Il le fait hors de grands principes idéologiques ou d’ingérence dans les affaires intérieurs des États concernés, notamment en l’occurrence vis à vis de l’Iran. Ce grand pays détient peut-être aussi les clés d’une – relative – paix régionale, en particulier s’agissant d’Israël. On le voit : le sujet n’est pas mince et Renaud Girard en parle d’expérience. Dossier à suivre depuis la France où l’idéologie domine hélas notre politique étrangère, si on peut encore lui donner ce nom…
Par Renaud Girard.
CHRONIQUE – En échange d’un renoncement à l’arme nucléaire, les Américains sont prêts à suspendre progressivement les sanctions affligeant l’économie iranienne, ce qui permettrait à l’Iran de redevenir une grande puissance commerciale.
En échange d’un renoncement à l’arme nucléaire, les Américains sont prêts à suspendre progressivement les sanctions affligeant l’économie iranienne
Dans les relations internationales, il y a fatalement beaucoup de routine et d’échanges sans grand intérêt. Mais, parfois, une simple rencontre entre diplomates peut se révéler cruciale pour l’avenir de la paix dans le monde. C’est le cas de la rencontre qui s’est effectuée à Mascate, le 12 avril 2025, sous l’égide du ministre omanais des Affaires étrangères, entre Steve Witkoff, l’envoyé spécial pour le Moyen-Orient du président Trump, et Abbas Araghchi, le ministre des Affaires étrangères de la République islamique d’Iran.
J’avais eu la chance, il y a sept ans, de dîner avec lui, à l’ambassade d’Iran à Paris et d’apprécier sa brillante intelligence et sa parfaite maîtrise de l’anglais. Ce diplomate de carrière était alors vice-ministre chargé des Affaires politiques. En charge du dossier diplomatique nucléaire de son pays, il essayait à l’époque de maintenir en vie le JCPOA (Joint Comprehensive Plan of Action). Signé le 14 juillet 2015 à Vienne, dans un but de non-prolifération nucléaire, par les États-Unis, la Russie, la Chine, la France, la Grande-Bretagne, l’Allemagne et l’Iran, cet accord international prévoyait une suspension progressive des sanctions s’appliquant à l’Iran, en échange d’un abandon par Téhéran de son programme d’enrichissement d’uranium.
Quatre inspections inopinées, successives, de l’AIEA, l’Agence internationale de l’énergie atomique de Vienne avaient ensuite constaté que l’Iran s’acquittait bien de ses obligations au titre du JCPOA. Jaloux ou méfiant envers un brillant résultat diplomatique de l’Administration Obama, Trump avait retiré les États-Unis de l’accord en mai 2018. La France, l’Allemagne et la Grande-Bretagne, qui restaient très satisfaites de l’accord, avaient alors créé ensemble une société, appelée Instex, destinée à favoriser les échanges commerciaux avec l’Iran, sans utiliser le dollar. Mais cela n’avait pas marché car les industriels et banquiers européens, redoutant d’éventuelles représailles du Trésor américain, n’avaient pas utilisé Instex et avaient gelé leurs relations avec Téhéran.
Stock important d’uranium
Constatant que l’accord devenait caduc, les Iraniens avaient alors repris leur politique d’enrichissement d’uranium. Ils disposent désormais d’un stock important d’uranium enrichi à 60 %. Il leur faudrait aujourd’hui très peu de temps pour parvenir au seuil militaire des 90 % d’enrichissement. Pour l’alimentation des centrales nucléaires de production d’électricité, on utilise de l’uranium enrichi à 4 % ; et pour la recherche médicale, à 20 %.
La rencontre Witkoff-Araghchi, d’abord indirecte, puis directe à la fin, s’est bien passée. Les Iraniens ont apprécié qu’elle se soit déroulée sur un pied d’égalité et que l’envoyé spécial américain pour le Moyen-Orient n’ait pas repris les menaces de bombardements qu’avait évoquées Donald Trump, dans un de ces moments où le 47e président des États-Unis aime à se lâcher devant les journalistes couvrant la Maison-Blanche. Un nouveau rendez-vous américano-iranien a été pris pour le samedi 19 avril. À Téhéran, la majorité des dirigeants du régime théocratique considèrent que le temps est venu pour un dialogue direct avec les Américains. Les Iraniens ne veulent pas être les grands absents de la reconfiguration économique et politique qui s’annonce au Moyen-Orient.
Pour les Américains et les Européens, mais aussi pour les Russes et les Chinois, il n’est pas question que l’Iran accède à l’arme nucléaire
La négociation Washington-Téhéran sera facilitée par le fait que les Américains ne peuvent plus reprocher aux Iraniens de manipuler un axe chiite déstabilisateur dans la région. À l’automne 2024, deux événements militaires successifs ont en effet concouru à démanteler cet axe chiite : la défaite du Hezbollah face à Israël au Liban, puis la conquête de la Syrie par des Frères musulmans sunnites appuyés par la Turquie. Les chiites houthistes du Yémen – qui harcèlent les navires occidentaux en mer Rouge – posent encore un problème, mais rien ne prouve qu’ils n’agissent pas motu proprio. Au Moyen-Orient, la volonté de défendre la cause palestinienne et de défier Israël n’est pas l’apanage des ayatollahs iraniens. Elle est partagée par un certain nombre de gouvernements et par la majorité des populations du monde arabo-islamique.
Le dossier nucléaire
La négociation américano-iranienne portera en priorité sur le dossier nucléaire. Pour les Américains et les Européens, mais aussi pour les Russes et les Chinois, il n’est pas question que l’Iran accède à l’arme nucléaire. Diplomatiquement, cela remettrait en cause le principe de non-prolifération et le traité de 1968, signé et ratifié par l’Iran. Stratégiquement, cela lancerait une très dangereuse course aux armements nucléaires dans l’ensemble du Moyen-Orient. Car une fois que l’Iran aurait acquis l’arme, l’Arabie saoudite, les Émirats arabes unis, la Turquie et l’Égypte chercheraient immédiatement à faire de même. Les jeux nucléaires sont déjà très dangereux à deux partenaires, comme l’ont montré les exemples de la crise américano-soviétique des missiles de Cuba (1962) et de la confrontation indo-pakistanaise de Kargil (« guerre des glaciers » de 1999). Mais, en raison des malentendus possibles, la dangerosité d’un jeu nucléaire augmente exponentiellement en fonction du nombre des joueurs. Et cela, les grandes puissances nucléaires membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU n’en veulent pas.
En échange d’un renoncement à l’arme nucléaire, les Américains sont prêts à suspendre progressivement les sanctions affligeant l’économie iranienne, ce qui permettrait à l’Iran de redevenir la grande puissance commerciale qu’elle était du temps du chah, dans les années précédant la Révolution islamique (1979). C’est une occasion historique à ne pas manquer pour le régime théocratique de Téhéran qui a besoin d’offrir à sa jeunesse des perspectives de développement économique, à défaut de libertés politiques. Le président Trump n’est pas un néoconservateur, il ne privilégie pas la démocratie par rapport à la paix, et il n’exigera jamais des Iraniens qu’ils changent de régime.
Pour Donald Trump, qui voit les négociations de paix sur l’Ukraine traîner en longueur du fait de la mauvaise volonté du Kremlin, il est important que la négociation américano-iranienne débouche rapidement sur un résultat concret. Dans son discours inaugural du 20 janvier 2025, le président américain a promis qu’il arrêterait les guerres en cours et qu’il n’en déclencherait pas de nouvelles. Il a là une occasion historique de prouver que, diplomatiquement, il ne se contente pas de parler mais qu’il est aussi capable de réaliser de vraies contributions à la paix mondiale. ■ RENAUD GIRARD
Donald Trump et Vladimir Poutine ont parfaitement compris quel était le chemin de la paix, celui de la diversité des nations souveraines et celui des échanges économiques loyaux au profit de leurs peuples dans une saine émulation et dans une culture de la responsabilité au service du bien commun : souvenons-nous que JF Kennedy avait déclaré à peu près ceci « ne demandez pas ce que l’Etat peut faire pour vous mais demandez-vous plutôt ce vous pouvez faire pour le pays ».
Il s’agit d’un combat contre la « Dictature Actionnariale Globale » ou DAG pour les intimes, dictature de la cupidité et des intérêts individuels, génératrice d’immenses gaspillages et de guerres en vue de s’approprier les richesses du voisin, tout cela aboutissant à l’épuisement des ressources, des hommes et des terres. Il faut savoir, en effet, que l’humus, la biodiversité et la santé des hommes s’amenuisent vite sous les effets du tryptique: « labour intensif, engrais chimiques, pesticides » (recettes apprises à l’ESAPurpan dans les années 60) tournant le dos aux extraordinaires découvertes de la biologie des sols (depuis les années 90) dont les leçons ont été mises en pratique à l’échelle de dizaines de milliers d’hectares au Brésil depuis plus de 30 ans par l’agronome français, Lucien SEGUY, dans l’ignorance de la majorité des agriculteurs français. Ces malheureux trop harassés pour s’informer, sont restés enferrés dans les recettes dictées par les multinationales de l’agrochimie à travers leurs milliers de lobbyistes de l’UE, cette trappe à cupides et acteur majeur de la DAG sous le règne de la furie Lahyène n’ayant de cesse de dévorer à belles dents tout ce qui passe à sa portée de plus corrompu. Ce qu’il nous reste à faire: échapper à la soumission en faisant s’effondrer l’Usurpation Européenne avec les Etats européens qui y aspirent !