
« Wokisme, multiculturalisme, antiracisme, mondialisme sont autant de pilules Murti-Bing destinées à ouvrir la voie au Grand Remplacement. La lecture de Renaud Camus est un antidote aux effets enivrants de ces drogues. Il n’est pas étonnant que le gouvernement Starmer veuille interdire Camus, qui comprend exactement ce qui a été fait au peuple britannique »
Par Rod Dreher.
Ce dense et important article est paru le 23 avril dans Atlantico. Nous le livrons à la réflexion et probablement au débat des lecteurs. Le fait qu’il émane d’un auteur américain, avec son regard propre et d’une certaine façon extérieur, qui plus est américain dans l’actuel contexte bouleversé, nous semble ajouter à son intérêt.
Wokisme, multiculturalisme, mondialisme… La lecture de Renaud Camus est un antidote à ces drogues. Pas étonnant que le gouvernement Starmer veuille l’interdire.
Grâce au gouvernement britannique, Renaud Camus a le vent en poupe. Le gentil intellectuel français octogénaire a été interdit d’entrée au Royaume-Uni, qui prétend que sa présence en Grande-Bretagne n’est « pas considérée comme propice au bien public ». C’en est fini de la vantardise de Keir Starmer à la Maison Blanche, selon laquelle la liberté d’expression est bien vivante en Grande-Bretagne.
Camus est surtout connu comme l’auteur de la théorie du « Grand Remplacement ». Une commentatrice de GB News a soutenu son interdiction d’entrée, affirmant que le concept de Camus est une théorie du complot « raciste ». Il est facile de comprendre d’où elle tire cette idée ; les médias ont relayé cette affirmation sans relâche pendant des années. Mais ce n’est pas vrai, comme l’apprennent les personnes impartiales qui prennent la peine de lire l’œuvre de Camus. Je le sais, car j’étais l’un d’entre eux. J’ai supposé que c’était forcément vrai, car si la croyance qu’une cabale d’élites a conspiré pour substituer des étrangers noirs et bruns aux Blancs de souche n’est pas raciste, qu’est-ce que c’est ?
Il y a quelques années, un ami américain, le professeur de littérature française Louis Betty, m’a demandé de lire une traduction d’essais politiques de Camus, qui devait être publiée par Vauban Books. Je sais que Betty n’est pas raciste et, malgré mes réticences, j’ai lu le livre Enemy Of The Disaster.
Ce que j’ai découvert, c’est que Camus n’est pas un raciste, mais plutôt un analyste lucide d’une tendance culturelle et sociale choquante, voire catastrophique : le suicide de la civilisation occidentale, orchestré par les élites dans de nombreux domaines – la politique, les affaires, l’université, les médias et l’église.
Selon Camus, dans l’après-guerre, les élites européennes ont entrepris une mission de « déculturation », c’est-à-dire qu’elles ont appris aux peuples européens à mépriser et à oublier leur propre histoire et leurs réalisations civilisationnelles. Les progressistes de la politique, de l’université et des médias pensent que la civilisation européenne est plus ou moins mauvaise (raciste, classiste, les catégories habituelles). Les capitalistes en concluent qu’un peuple attaché à ses histoires et à ses vertus nationales est plus difficile à convaincre d’autoriser l’immigration de masse, qu’ils jugent nécessaire à la mise en œuvre d’un commerce mondial et d’un développement économique sans friction. Les ecclésiastiques sentimentaux concluent que la conscience nationale contredit l’universalisme du christianisme.
Lorsque Camus qualifie l’antiracisme de « communisme du XXIe siècle », il ne défend pas le racisme, mais analyse avec justesse une idéologie totalitaire.
Ils sont aidés dans cette tâche par ce que Camus appelle « la seconde carrière d’Adolf Hitler ». Les antiracistes et autres progressistes invoquent l’odieux exemple du dictateur nazi pour diaboliser tous ceux qui s’opposent à leur projet idéologique.
Camus a écrit :
…Hitler a servi à condamner ou à faire taire une fois pour toutes tout ce qu’une personne pourrait dire, ou croire qu’elle pourrait dire, ou penser qu’elle pourrait au moins insinuer s’il y avait un lien, même minime, avec Hitler, avec tout ce qu’il a fait, tout ce qu’il a écrit, tout ce qu’il a pensé. Dans ce domaine, cependant, l’accusation équivaut à la condamnation. Le soupçon est synonyme de culpabilité. L’arme hitlérienne est une bombe atomique rhétorique déployée par les guerriers culturels de la gauche pour stigmatiser la dissidence et rompre la continuité avec le passé. Un peuple qui connaît et chérit son histoire, sa littérature et sa culture ne se laissera pas remplacer par ceux qui ne partagent pas cet héritage culturel ou qui le méprisent.
Camus souligne que le terrain idéologique n’a pas été préparé par les migrants, mais par les élites qui cherchaient à remplacer ce qu’elles considéraient comme une culture corrompue et en faillite par une culture supérieure – et elles y seraient parvenues même si elles n’avaient pas permis à un seul migrant d’entrer en Europe.
Cependant, ces élites, tant de gauche que de droite, ont jeté les bases conceptuelles et politiques de l’importation de millions d’étrangers qui ne partagent pas les croyances déracinées de ces Européens, mais qui sont porteurs d’une religion et d’une culture fortes, dont la supériorité ne fait aucun doute pour ces étrangers.
Dans son discours de 2010 intitulé « Le Grand Remplacement », reproduit dans le volume des Livres Vauban, Camus observe que la France est en pleine « transformation radicale et irréversible » par les migrations de masse. Les migrations de masse ne sont pas le Grand Remplacement, mais seulement une partie de celui-ci.
En fait, Camus pense qu’il est possible pour les migrants de devenir de bons Français, grâce à une assimilation active et à l’acceptation du « grand récit » de la France. Camus souligne qu’il n’aime pas la culture française parce qu’il la considère infailliblement comme supérieure aux autres cultures ; il l’aime parce qu’elle est la sienne.
« Les individus qui le souhaitent peuvent toujours rejoindre un peuple par amour de sa langue, de sa littérature, de son art de vivre ou de ses paysages », écrit-il. « Mais les peuples qui restent des peuples ne peuvent pas rejoindre d’autres peuples. Ils ne peuvent que les conquérir, les submerger, les remplacer ».
Ce que les critiques ignorants de Camus n’ont pas compris, c’est qu’il ne croit pas qu’un peuple soit ainsi fait en raison de son profil génétique. Il définit plutôt un peuple par sa culture distincte.
Pourquoi les politiciens et les journalistes sont-ils si désireux de diaboliser et de réduire Camus au silence ? Il est malheureusement vrai que certains radicaux de droite citent le Grand Remplacement dans leurs grotesques élucubrations racistes et antisémites. Mais Camus n’est pas un homme de droite. En fait, c’est un homosexuel athée, pacifiste et ennemi déclaré des Le Pen, la famille française dont le défunt patriarche, Jean-Marie, a fondé le Front national et dont la fille, Marine, dirige le parti qui lui a succédé.
Il met également en garde contre le fait que l’idéologie multiculturaliste est souvent promue par des personnes qui risquent elles-mêmes d’en subir les conséquences.
La vision du monde de Camus fait écho à la pilule « Murti-Bing » de la dystopie polonaise Insatiabilité (1932), métaphore de la sédation idéologique avant la conquête.
Wokisme, multiculturalisme, antiracisme, mondialisme sont autant de pilules Murti-Bing destinées à ouvrir la voie au Grand Remplacement. La lecture de Renaud Camus est un antidote aux effets enivrants de ces drogues. Il n’est pas étonnant que le gouvernement Starmer veuille interdire Camus, qui comprend exactement ce qui a été fait au peuple britannique
À propos de la diffamation de Camus dans sa France natale, le professeur Betty écrit : « Une réaction instinctive à la menace d’un incendie de benne à ordures est d’éviter de mentionner la benne, dans l’espoir que des mécréants en quête de carnage n’y jetteront pas d’étincelle. » C’est exactement la raison pour laquelle le Royaume-Uni interdit à Camus de poser le pied sur le sol britannique, alors même qu’il autorise l’entrée de dizaines de migrants, légaux et illégaux, qui professent des croyances tout à fait contraires à la démocratie libérale britannique. Comme le savent les Britanniques qui ont récemment senti le bras fort de la police pour avoir dit, tweeté ou même pensé des choses qui contredisent l’idéologie officielle, il est dangereux de remarquer la réalité au Royaume-Uni.
La bonne nouvelle, c’est que l’Union britannique pour la liberté d’expression a annoncé son intention de lutter contre cette interdiction. De plus, les Britanniques sont, pour l’instant du moins, libres de lire les écrits de Renaud Camus. Vauban Books a publié plusieurs de ses ouvrages traduits. Dans son introduction à Enemy Of The Disaster, le professeur Betty écrit que l’un des objectifs de la publication des essais de Camus est de priver les « mauvais acteurs idéologiques » de la possibilité d’utiliser la pensée de Camus comme un « gourdin raciste » dans le débat.
Camus est important car, comme l’a écrit le jeune chercheur américain Nathan Pinkoski :
Pour Camus, le Grand Remplacement – l’immigration de masse – est peut-être la question politique de notre époque, mais ce n’est pas la question. Le problème, c’est la révolution managériale, mécanique et technologique qui nous remplace par des machines. Nous avons appris que notre humanité est remplaçable.
Renaud Camus ne veut pas seulement sauver les cultures européennes de la submersion par les vagues de migrations massives. Il veut sauver les peuples européens de la transformation en machines.
Si l’hostilité illibérale de Starmer à l’égard de Camus pousse des Britanniques curieux à lire l’œuvre de cet homme, il pourrait s’agir d’un cas classique d’« effet Streisand ». En essayant de le faire taire, Starmer n’a peut-être fait qu’amplifier le message. ■ ROD DREHER
La version originale de cet article a été publiée sur The European Conservative
Je suis un lecteur assidu de Renaud Camus et je crois qu’il a tout dit sur notre temps. Il faut aussi lire ou relire les magnifiques essais de Günther Anders sur l’obsolescence de l’homme et l’inoubliable France contre les robots de Bernanos prophétisant l’avènement d’une « humanité gâteuse et baveuse torchée par les robots ». Nous assistons en direct à l’effondrement de la civilisation européenne, de ce qui a fait sa grandeur et à l’avènement de la « pâte humaine indifférenciée » pour reprendre les mots de Renaud Camus. Pour les mondialistes que la France soit peuplée de français de souche ou de sub-sahariens et d’arabes n’a aucune importance pourvu que ça travaille, produise et consomme. Les gauchistes quant à eux, comme le funeste Mélenchon, aspirent à l’avènement d’un « nouveau peuple » composé de noirs et de musulmans pour faire expier à la France ses « crimes ». Ce leader gauchiste ne cache même pas son enthousiasme pour le grand remplacement de population et son racisme anti-français. Je précise puisqu’il faut tout préciser, que je ne suis ni raciste ni xénophobe, au contraire, j’aime beaucoup les algériens qui vivent en Algérie et les africains qui vivent en Afrique et comprend la volonté de ces peuples qui CHEZ EUX veulent défendre leur identité, comme nous devrions encore être capable de défendre la nôtre.