Tous les lecteurs de JSF ne vont pas fouiller dans les méandres et les profondeurs – pourtant ordonnées – de ce site qui renferme un contenu exceptionnel : textes, analyses, documents, photos. Histoire de l’Action Française, conférences de personnalités diverses, vivantes ou disparues, Histoire tout court, entretiens, dossiers, et, naturellement des vidéos anciennes ou récentes : en bref, un contenu riche, formateur, disponible. Mais insuffisamment consulté, utilisé, connu…. Nous avons donc décidé de publier régulièrement, voire quotidiennement, des vidéos du site. Il y aura un peu de tout… Même de la poésie et des chants ! Profitez-en !
Le 6 février 1934 avec deux brèves vidéos. Brèves mais précieuses.
La Une de L’Action française du mardi 6 février 34
La manifestation se terminera par de violents incidents, sur la Place de la Concorde, entre des Ligues Patriotes, les Camelots du roi (ci dessous) et des anciens combattants, d’une part, les forces de l’ordre, d’autre part : bilan, 16 morts, 2.300 blessés.
Fusillé le 6 février 1945, au Fort de Montrouge, par une sinistre Epuration qui ne fut rien d’autre qu’une vulgaire « re-Terreur » (pour reprendre l’expression de Léon Daudet), c’est à eux que pensera Brasillach, dans les derniers jours de sa vie :
« Les derniers coups de feu continuent de briller
Dans le jour indistinct où sont tombés les nôtres.
Sur onze ans de retard, serai-je donc des vôtres ?
Je pense à vous ce soir , ô morts de Février. »
Du même Brasillach, ce court extrait d’un roman inachevé, Les captifs :
Qu’on l’admire – en nourrissant des regrets perpétuels sur son échec – ou qu’on le voue aux gémonies, « le 6 février » 1934 est devenu comme une sorte de mythe, dans l’imaginaire politique collectif français. A ce titre, cet événement demande quelques explications, et une mise en perspective historique, afin d’avoir une vision juste des choses, loin du folklore ou des malentendus; ce que permet la limpide « explication » de l’échec du 6 février par Maurice Pujo; et ce qui ramène à la problématique centrale et fondamentale de l’Action française, depuis sa création.
Si l’origine immédiate du « 6 février » fut l’Affaire Stavisky – qui débuta en décembre 1933 : ci dessus, la Une de L’Action française du 9 janvier 34… : voir l’éphéméride du 8 janvier – son origine lointaine était, bien évidemment, la « conspiration à ciel ouvert » que représenta l’Action française, dès que Maurras eût transformé ce tout jeune groupe en un mouvement royaliste, dont le but affiché était d’abattre la République et de réinstaurer la Royauté.
S’il y a bien une chose que Maurras a voulu ardemment – et toute l’Action française avec lui – c’est bien cette réinstauration de la Royauté, a laquelle il consacra toute sa vie, jusqu’à l’extrême fin de celle-ci. Voir, ici, le témoignage de Pierre Boutang.
Mais, malheureusement, aussi bien avant la première Guerre qu’après, le sort lui fut contraire, et il ne lui fut pas donné de voir son combat aboutir, le combat de toute une vie.
Au début, Maurras et toute l’Action française, mais aussi tous les esprits lucides de l’époque (les toutes dernières années du XIXème siècle et les premières du XXème) savaient très bien que la guerre avec l’Allemagne menaçait, et qu’il fallait donc « faire le Roi » avant cette guerre, pour, justement, l’éviter (ci contre Philippe VIII, qui aurait été « ce roi », « le grand roi qui a manqué à la France », comme l’écrivit Maurras, le jour où il mourut…) : les Allemands nous avaient écrasé en 1870, en nous arrachant l’Alsace-Lorraine, mais ils constataient avec inquiétude que la France se relevait bien vite – trop vite, à leur gré… – de cette cuisante défaite, et l’entourage de l’empereur d’Allemagne, et l’empereur Guillaume II lui-même, voulaient « finir le travail », en anéantissant définitivement la France : ce n’était un secret pour personne. D’où la politique agressive de l’Allemagne vis-à-vis de la France, qui aboutit au renvoi de Delcassé, un bon ministre qui, prévoyant la guerre, chercha par tous les moyens – pour la guerre qui venait – les alliés qui avaient manqué à la France dans la guerre précédente, en 1870.
La République renvoya Delacassé, suite à l’intimidation allemande : de ce moment-là, explique Bainville, date la décision de l’empereur de nous déclarer la guerre – ce qu’il fera en 1914 – puisque, voyant le Pays légal français céder devant ses menaces, il fut persuadé que tout lui était possible et permis.
On sait comment les choses tournèrent, il ne fut pas possible de « faire le Roi » et l’Action française fut prise dans la tenaille de l’Union sacrée, d’où elle sortit auréolée d’un grand prestige, mais décimée, et d’où, surtout, la République sortit définitivement consolidée (dans notre album Maîtres et témoins (III) : Léon Daudet, voir les dix photos consacrées à cette période, à partir de « L’AF cherche à empêcher « la guerre qui vient » (I) »et les neuf suivantes.)
Après la Victoire, l’Action française fit, de nouveau, tout ce qu’elle pût pour renverser « le Régime ». Mais les temps avaient changé. Si, avant la Grande Guerre – en sus de la résistance acharnée du Pays légal républicain à l’entreprise de renversement du Régime – l’ennemi principal était extérieur et allemand (ci contre Guillaume II, qui nous déclara la guerre en 14), après la guerre, et suite à la révolution bolchévique de 1917, l’illusion religieuse et quasi mystique de la croyance en la Révolution allait connaître un développement fulgurant, entraînant l’adhésion de millions de gens à travers le monde, et aussi, bien sûr, en France.
Ainsi, le 6 février déclencha, par réaction, d’immenses manifestations de gauche, bien plus puissantes – en nombre de participants – que celles des Ligues patriotes, avant et jusqu’au 6 février, et ces immenses manifestations aboutirent au Front Populaire, et à son triomphe électoral, hélas.
Par ailleurs, un autre point majeur est à prendre en considération : si l’Action française voulait effectivement renverser « le Régime », telle n’était pas la volonté de toutes les Ligues, et notamment des Croix de Feu, du colonel de la Roque, qui, le soir du 6 février, au lieu de rejoindre l’Action française, donnèrent un ordre de dispersion (voir le secret du chef).
Si l’on ajoute, donc, ces deux éléments : l’importance numérique considérable des Français acquis à la mystique révolutionnaire – alors en plein essor – et la « non-union »; sur le fond, sur les buts à atteindre, de ce que l’on regroupe trop facilement sous le vocable de « Ligues patriotes », on comprend bien, rétroactivement, que le coup de force, ce jour-là, 6 février 1934, était impossible.
Voici deux documents sur « le 6 février » :
1. le premier est totalement neutre :
2. une bande annonce nous prévient, pour le second, qu’il s’agit d’images fournies en 1944 – pour le dixième anniversaire – par les autorités d’occupation.