L’on a appris il y a déjà quelques temps que la Chine construit un port de guerre à Djibouti. Et tout récemment qu’un navire de la marine de guerre chinoise était en route pour s’y rendre. Y prendre son poste en protection des intérêts notamment africains du vieil Empire du Milieu, désormais actif loin de ses bases,
Un analyste indien, le colonel Bhat, estime dans un article du 14 mai dans Outlook India, que cette base navale a tout d’une « forteresse ».
Des millions de Chinois travaillent et vivent aujourd’hui en Afrique, où la Chine a acquis des millions d’hectares et acheté ou établi d’innombrables commerces et industries.
Nous avons été très longtemps chez nous à Djibouti – où nos militaires, nos administrateurs, nos marins, nos commerçants régnaient en maîtres – et les Européens en Afrique. Nous y avons largement cédé la place. Comme si ce continent n’avait d’autre sort que d’être toujours d’une manière ou d’une autre colonisé. Les Africains ont longtemps vécu sous autorité française, anglaise, espagnole, portugaise, belge ou hollandaise. Ils connaîtront désormais celle des Chinois. Ils pourront établir des comparaisons.
Ainsi la naïveté si ce n’est la sottise, en tout cas l’imprudence et la faiblesse, des dirigeants occidentaux – économiques comme politiques – produisent-elles leurs conséquences.
Il y a quinze ou vingt ans, le discours officiel était qu’en transférant à la Chine des millions d’heures de production – réputée de médiocre technologie, se rassurait-on – l’on élèverait son niveau de vie et l’on travaillerait à homogénéiser le monde, si ce n’est à l’uniformiser, et ainsi, en y réalisant l’unité des conditions, on y établirait la paix. La paix par l’économie. La gouvernance mondiale façon Attali ne serait plus très loin.
L’on commence à comprendre aujourd’hui que ce que la Chine a gagné en niveau de vie correspond assez exactement à une baisse du nôtre ; ce qu’elle a gagné, c’est ce que nous avons perdu ; nous avons simplement organisé, consenti à un immense transfert de richesse, et, pire, de puissance. Le calcul économico-mondialiste n’était pas le bon.
Car la Chine, pas plus que son grand voisin indien, pas plus que la renaissante Russie, n’a été gagnée par le nihilisme, l’épuisement européens.
La richesse gagnée, elle la convertit en puissance nationale. Et, particulièrement, y consacrant d’énormes budgets, en puissance militaire.
Alors, la Chine construit des ports de guerre, prend les places qui étaient les nôtres et ses navires depuis l’Extrême-Orient mettent le cap à l’Ouest.
On est saisi par l’aveuglement européen. •
Remarquable article sur la présence chinoise à Djibouti. C’est bien sur ce point que la délégation djiboutienne du Partenariat Eurafricain a déjà attiré notre attention. Une mission du Partenariat Européen qui revient des Comores après Madagascar a pu constater, pas très loin de Djibouti, l’influence chinoise dans la sous-région.
Grâce, entre autres, à la remarquable revue ECO AUSTRAL, dirigés par Alain Foulon et basé à l’île Maurice, la France, dans sa dimension historique et culturelle, y dispose d’une influence considérable. La présence chinoise montre toute l’importance de Mayotte même si bien entendu il est urgent de régler le contentieux avec les Comores.
« On est saisi par l’aveuglement européen » écrivez-vous. Oui certes et c’est bien là que l’on constate la NECESSITE d’une coopération européenne. Il faut saluer le rôle de La Réunion qui relaie les politiques française et européenne (notamment les programmes INTERREG) dans l’Océan Indien qui (re)devient une mare nostrum.
Ceux qui veulent aider à l’influence française dans la région peuvent s’abonner à ECO AUSTRAL: ecoaustral.com