Un signe ? Peut-être. Un symbole, oui, certainement. Et même un symbole fort. On a appris que le pape avait accepté la démission d’Olivier de Berranger, évêque de Saint-Denis. Une démission annoncée en juin dernier, l’évêque – âgé de 70 ans – souhaitant rejoindre sa famille spirituelle du Prado, à Lyon.
Cette acceptation intervenant au moment même où le pape lève l’excommunication frappant les quatre évêques de la fraternité Saint Pie X, on peut bien dire que, oui, manifestement, une page se tourne, qu’un chapitre s’achève et qu’un autre commence …..
Disons-le tout net : nous ne pleurerons pas Mgr de Berranger. Son départ ne nous causera aucun chagrin, et c’est sans tristesse aucune que nous le verrons partir. C’est difficile à dire, ce n’est pas très agréable et ce n’est pas forcément non plus très charitable, mais nous le disons sans animosité particulière.
Petit retour en arrière, pour comprendre le pourquoi du comment…..
Sans tomber dans aucune attaque ad hominem, nous ne pouvons oublier l’action quasi constante de Monseigneur de Berranger en faveur de toute immigration, ni l’action négative qu’il a toujours menée, par sa collusion permanente avec tous les groupuscules du parti immigrationniste et sanspapieriste, et contre son pays et contre sa religion.
Nous n’essaierons bien sûr pas de présenter, ici, une lecture exhaustive de tous les faits et gestes de Monseigneur de Berranger. Nous nous en tiendrons à une unique déclaration, parce que celle-ci résume bien à elle seule toute son action – on n’ose pas dire : tout son apostolat !….. – et qu’elle suffit à elle seule à montrer comment il a, nous le disions à l’instant, joué et contre sa religion et contre son pays.
Nous voulons parler de cette scandaleuse Lettre qu’il a publiée le 1° Octobre 2007, avec Claude Schockert (évêque de Belfort-Montbéliard). C’était l’époque où l’on parlait des tests ADN, et de mieux lutter contre l’immigration clandestine……
Intitulée « Déclaration à propos du projet de loi sur l’immigration », Schockert et Berranger y écrivaient cette phrase ahurissante : « …Les chrétiens refusent par principe de choisir entre bons et mauvais migrants, entre clandestins et réguliers, entre citoyens pourvus de papiers et d’autres sans-papiers …» . Ah, bon ? On ne choisit pas non plus entre voleurs et volés, violeurs et violés, assassins et assassinés ? Qu’est-ce que c’est que cette pseudo morale ? Il y a des lois, et tout le monde doit les respecter. Point barre. A moins de cataloguer tout « migrant », en soi, comme être supérieur, du simple fait qu’il est « migrant »; et donc au-dessus des lois….
Sentant venir l’objection, Schockert et Berranger ajoutaient vite : « …quels qu’ils soient, ils sont nos frères en humanité ». Certes, mais ce prince de l’Eglise, chargé d’enseigner la Vérité aux autres, commet une grossière erreur, et montre qu’il ne maîtrise pas si bien ce Catéchisme qu’il est pourtant censé expliquer à autrui. L’égale dignité des personnes, c’est une chose. Sur laquelle nul ne revient. Mais là, Schockert et de Berranger confondent l’égale dignité des personnes et celle – totalement farfelue, irrecevable et scandaleuse – des comportements. Que tout homme, même criminel, reste une créature de Dieu, oui. Mais son crime, lui, est odieux. On dirait que de Berranger l’a oublié…..
Et c’est le deuxième aspect choquant de cette Lettre, nulle part Schockert et de Berranger ne faisaient allusion aux paroles, pourtant fortes, contenues dans le Catéchisme de l’Eglise Catholique. Comme celle-ci ( paragraphe 2241, page 459 ) : «L’immigré est tenu de respecter avec reconnaissance le patrimoine matériel et spirituel de son pays d’accueil, d’obéir à ses lois et de contribuer à ses charges. ». Nos évêques se contentaient d’en appeler à la « conformité avec le droit européen et international » (sic !).
Évacuer ainsi toute référence à ce que l’on pourrait appeler le discours officiel de l’Église, pour ne s’en tenir qu’à des lois somme toute simplement humaines : de la part de deux messeigneurs, était-ce bien raisonnable ? Était-ce tout simplement honnête ? Et, en mettant sur un pied d’égalité les immigrés «réguliers» et les immigrés « clandestins » – comme nous l’avons vu plus haut – nos deux évêques ne se mettaient-ils pas directement en opposition avec le Catéchisme de l’Eglise Catholique, qu’ils sont pourtant censés prêcher ?…
Suivaient encore plusieurs critiques à peine voilées, et de fort mauvais goût, sur une prétendue mauvaise action dont se rendrait coupable le peuple français, coupable de ne pas accueillir assez largement et assez généreusement les gentils immigrés ! Critique des « mesures toujours plus restrictives à l’encontre des migrants… concessions à une opinion dominée par la peur plutôt que par les chances de la mondialisation ». Critique de « l’imposition de tests génétiques pour vérifier les liens de parenté» à cause «d’un risque de grave dérive sur le sens de l’homme et la dignité de la famille» (ah, bon ? chercher à lutter contre la fraude et les fausses déclarations, c’est attentatoire à la dignité de l’homme ? pauvre évêque, et pauvre message !….).
Et, enfin, éloge sans réserve, sans nuance et sans retenue du regroupement familial « qui est un droit toujours à respecter ». On l’a vu plus haut, à aucun moment le duo Schockert/Berranger ne parle des devoirs des immigrés. Pour eux, le monde est simple et facile : l’immigré a tous les droits, et aucun devoir; la France a tous les devoirs, et aucun droit. Seule la France doit. Et elle leur doit tout : papiers, travail, allocs…
Eux n’ont pas –pour Schockert et de Berranger- à respecter une identité, une Histoire, des mœurs, des us et coutumes…. rien ! Tout est à sens unique : tout pour les immigrés, rien pour les autochtones. On caricature un peu, mais on n’est pas très loin de la vérité ….. (à suivre…..)
L’Eglise catholique a engendré les formes sociales et « idéologiques » qui ont pu, au travers de personnages comme Schockert et de Berranger, contester son autorité sur les bases de sa propre inspiration.
La Déclaration universelle des droits de l’homme de 1948
constitue une version sécularisée (c’est à dire traduite en termes politiques) des principes que le christianisme a contribué à introduire ou à légitimer.
Je ne suis pas un spécialiste de la chose, cependant je note qu’a plusieurs reprises et sous diverses formes, le Pape Benoit XVI semble vouloir dire aux chrétiens : Il est temps de vivre notre religion comme une croyance et non comme une idéologie.
Dont acte.
Mais les voies du Seigneur etc…..
Le maniement des idées abstraites autorise bien des contorsions, en réalité basées sur des présupposés plus ou moins fondés.
L’esprit humain n’a pas attendu le christianisme et n’a eu nul besoin de lui, y compris dans le monde antique, pour introduire, dans la société, chimères, démagogie, désordres et révolutions.
Lire à cet égard le Coriolan de Shakespeare. Les tribuns de la plèbe y parlent le même langage, agitent les mêmes concepts, soulèvent les mêmes foules que Gracchus Babeuf, vingt-trois siècles plus tard. Ils ne connaissaient pas le christianisme.
L’Eglise catholique a-telle engendré l’idéologie et les désordres du « monde moderne » ?
Il faut pourtant constater que celui-ci s’est d’abord bâti contre elle, idéologiquement, socialement et politiquement, et avec la ferme volonté, toujours continuée, de la détruire …
Il faut peut-être constater aussi qu’elle a été fondatrice – au moins co-fondatrice – d’un ordre européen, d’une civilisation, qui a duré au moins quinze siècles et que rien n’a remplacé à ce jour …
En réponse à Reboul, je dirai qu’effectivement, cette idéologie s’est bâtie contre l’Eglise, et avec la ferme volonté de la détruire, mais au nom de ses propres principes, que ses partisans prétendaient mieux comprendre et connaître qu’elle-même.
Je me trouve donc d’accord avec Antiquus sur le fait que
l’idéologie du monde moderne s’est bâtie contre l’Eglise, et avec la ferme volonté de la détruire.
Sur le second point, je dirai que si les partisans de cette idéologie ont prétendu avec tant d’insistance et d’obstination destructrice, mieux comprendre et connaître les principes de L’Eglise qu’elle-même, c’est qu’en réalité, les leurs étaient bien de nature différente.
Ce sont deux affirmations, deux visions opposées qui, naturellement, n’épuisent, ni l’une ni l’autre, cette vaste question …
Certes, cher Reboul, nous sommes bien d’accord. Cependant, les hommes d’église ont bien souvent joué de l’ambiguïté, et depuis très longtemps, bien avant le concile. Ainsi, la formule de Saint Paul : »il n’y a plus ni riche ni pauvre, ni homme ni femme, ni juif ni grec » a été entendue d’innombrables fois, non pas comme s’appliquant à l’autre monde, mais ici-bàs ; et je pourrais en citer bien d’autres.
Deux mots seulement pour faire remarquer à Antiquus que la formule de Saint Paul est, ici, précisément, si manifestement contraire à toute réalité de ce monde qu’elle ne peut s’entendre raisonnablement qu’en un sens et sur un plan spirituels.
Sans doute Reboul a-t-il raison, mais alors il faut croire que l’assemblée des évêques deFrance était si déraisonnable et si aveugle aux vérités « manifestes » qu’elle invoqua en 1941 ce texte sacré pour condamner le statut Carcopino du gouvernement de Vichy, comme d’ailleurs Bartolomé de la Casas, évêque de Cuenca, lors de la controverse de Valladolid, et d’innombrables autres théologiens depuis plus d’un millénaire