Les Lundis.
Par Louis-Joseph Delanglade*.
« La politique et, a fortiori, la sécurité nationale, n’ont que faire de cette sympathie »
Il n’est jamais satisfaisant de voir un pays européen en proie aux horreurs et destructions de la guerre. Et on ne niera pas ici que le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, fasse preuve du plus grand zèle pour défendre les intérêts vitaux de son pays. Peu importe qu’il soit, ou pas, à l’origine de la vidéo montrant Paris sous les bombes et se terminant par son appel (« Fermez le ciel au-dessus de l’Ukraine… Si nous tombons, vous tombez »), il faut lui reconnaître cette qualité, en tout cas ce qui passe pour une qualité dans le monde d’aujourd’hui, celle d’être un excellent communicant : même quand il demande la lune, on a beau savoir que c’est impossible, nombreux sont ceux qui voudraient quand même la lui donner.
En effet, une grande majorité de Français le trouvent, paraît-il, admirable, au point de le parer de toutes les vertus et qualités. Il faut dire que, le matraquage médiatique aidant, il eût été étonnant qu’il en fût autrement. Mais la politique et, a fortiori, la sécurité nationale, n’ont que faire de cette sympathie pour l’Ukraine et son président. Il faut se rappeler constamment qu’il existe une ligne rouge ou plutôt deux : pour M. Poutine, ce sera tout acte direct ou indirect de co-belligérance qui impliquerait un pays de l’Otan ; pour M. Biden, ce sera tout acte direct ou indirect de belligérance contre un membre de l’Otan. Dans ce contexte, les appels de M. Zelensky n’ont rien de rassurant.
Rappelons ici son insistance pour obtenir des « Occidentaux », en réalité les Américains seuls capables de l’imposer éventuellement, une zone d’exclusion aérienne destinée à protéger l’Ukraine. Etait-ce calcul ou inconscience, puisqu’il s’agissait de rien de moins que le passage plus que probable à un conflit possiblement nucléaire entre l’Otan, France incluse, et la Russie ? Malgré le refus explicite des Etats-Unis, donc de l’Otan, M. Zelensky s’entête dans une optique maximaliste, toujours susceptible de faire dégénérer le conflit russo-ukrainien en conflagration mondiale. Samedi dernier, il se demandait encore, non sans ironie : « Que fait l’Otan ? Est-elle dirigée par la Russie ? Qu’attendent-ils ? ». Peu auparavant, il avait fait passer à M. Biden, alors à Varsovie, un message on ne peut plus clair : « Nous devons non seulement protéger l’Ukraine mais aussi les autres pays d’Europe de l’Est [membres de l’Otan], sous la menace d’une invasion russe. »
Aussi, après avoir été si loin dans ses exigences, il peut jouer la modération en ne faisant qu’exhorter les entreprises françaises, « Renault, Auchan, Leroy Merlin et autres », à quitter la Russie pour ne pas soutenir « la machine de guerre russe ». Tel un instituteur désignant aux huées de la classe les élèves fautifs, il est immédiatement approuvé par la majorité du petit monde politico-médiatique français, députés debout et soulagés : M. Zelensky a raison, nous allons en faire une question de principe, voire « d’éthique ».
M. Zelensky a bien compris où est le point faible, à des degrés variables, de ses voisins de l’Union européenne : ce sont des moutons sous la houlette du pâtre états-unien, mais des moutons qui ont une conscience « morale ». Il essaye donc d’obtenir tout ce qu’il croit pouvoir nuire à la Russie donc être bon pour lui et l’Ukraine. Même si, en l’occurrence, cela devrait nuire davantage encore à la France. Espérons donc seulement que nous saurons ne pas aller trop loin à sa suite. ■
** Agrégé de Lettres Modernes.
Retrouvez les Lundis précédents de Louis-Joseph Delanglade.
© JSF – Peut être repris à condition de citer la source.
Zelenski joue sa place et il en a conscience il a un passé de magouilleur a son profit financier et porte la responsabilité des accords de Minsk non respectés . Voir pour informations mr Éric Dénecé le responsable de la recherche des renseignements qui a fait dernièrement une intervention télévisée de mise au point sans équivoque. Loin de l’image d’Epinal qu’on nous vend.
Remarquable article qui dit avec vigueur et clarté la lourdeur du marécage où nous nous sommes englués !
Suite à l’agression russe Zelenski ne fait pas que résister, ce qui est
compréhensible, il cherche nous entrainer dans une guerre mondiale et lui en héros. . L’occident aurait pu saluer la fin pacifique de l’URSS ; il y a trente ans. Cela n’a pas été fait . il y a eu désagrégation encouragée? de l’ex URSS. . Il est évident qu’il y a eu et qu’il y a des manipulations d’ un clan (mondialiste? ) aux USA, qui pousse à à la surenchère, comme Zelenski à sa probable attaque du Donbass la veille du conflit. .. Ce clan est-il prêt à nous entrainer dans une escalade apocalyptique pour masquer son échec? . Après tout l’Europe pourrait servir de champ de bataille. Il serait peut temps que l’Europe ( la vieille Europe! ) prenne son destin en mains. Une négociation, une médiation ( la diplomatie peut-elle encore jouer un rôle dans cette hystérie médiatique) est préférable à ce suicide . Après tout il faudra bien faire la la paix avant l’affrontement mortel. maintenant on peut préférer « la montée aux extrêmes » pour le compte de qui ? En tout cas des malheurs de tous les les peuples ukrainien compris