L’entretien de Laurent Dandrieu avec Eric Zemmour, dans Valeurs Actuelles du 2 Janvier, s’insère dans un Dossier fort intéressant – et malheureusement fort instructif… – sur Les nouvelles censures.
On renverra les lecteurs à l’ensemble de cet entretien et de ce dossier, l’un et l’autre d’un très grand intérêt, mais nous en avons malgré tout extrait la dernière question de Laurent Dandrieu, ainsi que la réponse de Zemmour…
L.D. : Comment une partie de la droite, historiquement le camp des libertés, en est-elle venue à rallier le politiquement correct et à nourrir cette pénalisation du débat, comme on l’a vu avec la création de la Halde ? Est-ce juste par peur de la diabolisation ou, comme l’explique Jean-Claude Michéa, parce que le relativisme moral est le complément indispensable du libéralisme économique ?
E.Z. : Les deux explications ne sont pas incompatibles. Mais je suis tout à fait sur la ligne de Michéa. A la stupidité de la gauche qui vitupère le marché alors qu’elle adule les effets du marché, c’est-à-dire la destruction de la famille, de la patrie…, répond la stupidité symétrique de la droite, qui admire le marché et qui ne se rend pas compte que ça détruit les valeurs auxquelles elle tient. Par ailleurs, nous sommes maintenant arrivés à une deuxième étape qui est qu’une partie de la droite ne tient plus tellement à ces valeurs, parce que, justement, le marché doit vaincre tout. A l’UMP, on a cette querelle-là, en ce moment, sur le travail du dimanche par exemple : c’est un clivage passionnant et capital.
C’est ce que dit Zemmour, aussi, qui est passionnant et capital…
Bernard Charbonneau disait: » La discussion des
principes entre la droite et la gauche est absurde, parce que leurs valeurs se complètent. La liberté en soi ou l’ordre en soi ne peuvent être que le mensonge qui dissimule la tyrannie et le chaos.
La vérité n’est pas à droite ou à gauche, aussi n’est-elle pas dans leur juste milieu, elle les contient dans la tension de leurs exigences extrêmes.
Et si un jour elles doivent se rencontrer, ce ne sera pas dans le reniement, mais en allant au bout d’elles-mêmes . Le jour est enfin venu pour nous de rejeter à la fois la droite et la gauche, afin de réconcilier en nous la tension de leurs aspirations fondamentales.
Si un jour l’imagination politique, l’exigence et la volonté politiques ont une chance de rebondir, ce ne peut-être que sur la base de l’abolition radicale de cette distinction fossile qui s’est annulée et désavouée elle-même au fil des décennies, et qui ne tient plus que par la complicité dans la corruption « .
Il faut lire JC Michéa, un des chefs de l’ultra-gauche, qui a su dans deux livres passionnants : « impasse Adam Smith » et « l’empire du moindre mal », pointer du doigt les éléments méconnus de nos malheurs.