Par Antoine de Lacoste
Depuis le début de la guerre en Syrie, Israël soutient directement plusieurs groupes islamistes syriens. Armes, argent, médicaments ont été fournis en quantité importante aux djihadistes, en particulier le long de la frontière commune aux deux pays, sur le plateau du Golan.
Une rumeur démentie par Tel Aviv avait couru un temps : des blessés islamistes étaient soignés dans des hôpitaux israéliens. Un incident sérieux avait finalement permis la confirmation de cette information : des islamistes avaient commis des exactions dans un village druze avant de se replier, pourchassés par des habitants druzes venus en renfort.
Cette population, très à part et très soudée, vit notamment sur un territoire à cheval sur la Syrie et l’Etat hébreu. Tous les hommes sont armés et ce sont de redoutables combattants des montagnes. L’armée française en a un cuisant souvenir lors de la révolte druze de 1925.
Dans leur chasse aux islamistes, les Druzes ont constaté avec stupeur que leurs ennemis s’enfuyaient vers la frontière, où des ambulances israéliennes les attendaient pour emmener les blessés. L’affaire s’est mal finie pour les islamistes : les ambulances ont été interceptées et les blessés exécutés par les Druzes. L’armée israélienne n’est pas intervenue, afin de ne pas s’aliéner une population avec qui elle entretient de bonnes relations.
Les faits étant avérés, il faut s’interroger sur les raisons de ce soutien, qui n’est paradoxal qu’en apparence, et il y en a deux.
La première raison était le souhait de voir tomber Bachar. Les Assad sont de vieux ennemis d’Israël et la chute de leur régime aurait été l’aboutissement d’une haine tenace. De plus, cela aurait engendré le chaos dans ce pays honni : la politique sioniste est en effet largement orientée vers la déstabilisation des régimes qui lui sont hostiles afin d’assurer sa sécurité. C’était d’ailleurs un des buts de guerre de Bush en Irak qui a parfaitement réussi puisque l’Irak n’existe plus. Ce n’était pas le souhait des Américains à qui avaient échappé quelques subtilités orientales, mais c’était bien celui des Israéliens.
La prochaine cible sera l’Iran comme Donald Trump l’a très clairement déclaré récemment pour bien marquer la persistance du lien entre Washington et Tel Aviv.
Mais depuis l’intervention russe, Israël sait que son pari est perdu et qu’Assad ne va pas tomber demain. Alors pourquoi continuer ?
Pour une raison très simple : établir une zone tampon sur le plateau du Golan afin d’éviter le retour de l’armée syrienne le long de sa frontière. La quasi-totalité de cette frontière est ainsi aux mains des islamistes qui, sans le soutien de l’Etat hébreu, auraient été vaincus depuis longtemps.
Aussi, dès que l’armée syrienne tente de lancer une offensive, l’aviation israélienne n’hésite pas à intervenir pour sauver ses protégés, sous le prétexte de réagir à des provocations syriennes.
Au delà des Syriens, c’est aussi une façon de tenir à distance le Hezbollah qu’Israël doit déjà supporter sur sa frontière libanaise (son offensive de 2006 s’était brisée sur la défense acharnée des chiites) et n’a pas l’intention de voir se promener en plus sur le Golan.
Il va tout de même arriver un moment où les islamistes seront vaincus en Syrie et celle-ci n’acceptera pas qu’une portion de son territoire soit à nouveau annexée par Israël via des djihadistes.
La diplomatie russe sera nécessaire. •
Il est vrai que nous Français et Européens devons retrouver ou créer une âme. Un esprit collectif nouveau pour pouvoir réagir dans la bonne direction sur la guerre qui nous envahie tous les jours. Tout comme les lâches nous ne voulons pas voir, alors nous refusons la vérité. Souhaitons qu’une instance nouvelle et honnête nous transcrive la réalité du monde dit Arabe; cette géopolitique mouvante, qui s’avère être le point de départ de nos actuels attentas meurtriers. Le savoir, la connaissance vraie bien raisonnée porte l’esprit et donc l’intelligence de tout un peuple. mais sommes nous encore ce peuple des Gaules, puisque par la voie de son maître les médias nous conditionnent dans l’ignorance, quant ce n’est pas dans le mensonge; puisque nous acceptons leurs fables sans mot dire.
L’analyse me parait tellement tirée par les cheveux qu’elle n’est pas totalement crédible!! Les Druzes sont une tribu, une population, une minorité qui soutient toujours le pouvoir en place du pays qui l’héberge…. la preuve en est que les hommes et femmes druzes sont obligés de servir dans Tsahal au même titre tous les autres israéliens… En outre, c’est une population que les Etats, dans lesquels les druzes sont présents, soutiennent et choient! Je ne vois pas l’intérêt de s’aliéner ces gens-là. Enfin, même si les israéliens détestent Bachar et sa clique, ils préfèrent avoir face à eux, un homme et une armée, qu’une multitude de combattants terroristes sans Etat!! Israël est bien conscient, malgré sa volonté sioniste, qu’il est entouré de plusieurs centaines de millions d’ennemis dans la région et les 8 millions d’habitants en ont bien conscience. !! Ils ne prendront pas le risque de disparaitre malgré leur puissance militaire!
Fiélas, votre scepticisme m’étonne. Il n’y a rien de plus constant dans la politique extérieure israélienne que la volonté d’entretenir partout le plus grand désordre possible. Un manuel a même été écrit à ce sujet dans les années 80 par un théoricien du ministère israélien des affaires étrangères Oded Yinon. Pour Israël, un ennemi féroce mais divisé et divisible, et indéfiniment manipulable, est infiniment préférable à un ennemi uni et discipliné, formant une alliance solide. Quant aux druzes, quelques cadeaux arrangeront l’affaire.