Après sa fulgurante conquête du pouvoir, balayant les caciques et les candidats du Système, les vieilles structures partisanes, ce dont personne ne s’est plaint et que nul ne regrette, en tout cas pas nous, voici déjà pour Emmanuel Macron le temps de la défiance et du déclin.
Nul ne peut se hasarder à dire s’ils sont ou non irréversibles, sauf l’expérience des derniers mandats, où malgré d’éphémères rebonds, ils furent tels. Impitoyablement.
Ainsi, dans notre République, Jupiter est-il voué à descendre assez vite de l’Olympe et c’est ce qui est arrivé à Macron, et été.
Cent jours auront suffi – le temps qui fut accordé à Napoléon pour aller de Golfe-Juan à Waterloo, qui fit perdre à la France sa position de 1ère puissance européenne – pour que tombe via les sondages le verdict des Français : 60% de mécontents. Dont 20% de très mécontents. 24 points se sont vite envolés en juillet et août. C’est le sujet omniprésent de cette rentrée. Et c’est aussi, en quelque manière, la vengeance des médias, qui avaient tant fait pour son élection, et que Macron voulut, à juste titre, remettre à leur place, aussitôt qu’il l’eût obtenue.
On a qualifié cette élection de « triomphale ». On sait bien, pourtant, qu’elle ne l’a pas été. D’abord par le trop petit nombre de voix obtenues au premier tour, puis au second, où l’abstention, comme elle le sera aux Législatives, fut considérable. Parce que, d’autre part, le vote Macron, fut, comme pour ses prédécesseurs, sans véritable adhésion. Adhésion à quoi, d’ailleurs ? Pour la plupart des gens, y compris parmi ses pairs, Macron était d’abord une énigme ; son programme était inexistant ou indéchiffrable ; sa personnalité peu connue et, de toute façon, étrange. Il n’était – il n’est toujours – pas évident que la « pensée complexe » ni le fameux « en même temps » soient à la portée, ou du goût, de la plupart des Français. Il y eut surtout, à vrai dire, une curiosité bienveillante pour ce jeune-homme dynamique et charismatique, ou même christique dans ses moments les plus intenses d’exaltation et de romantisme et qui, par surcroît, promettait un « dégagisme » des plus sympathiques. Dans le fond, pourtant, comme ses prédécesseurs [Chirac, Sarkozy, Hollande], Emmanuel Macron a d’abord été élu « contre » : contre les « extrêmes » et contre le Système, bien que, selon toute évidence, il en fût, par excellence une émanation.
Si peu démocrates que nous soyons, du moins au sens français, nous sommes d’avis qu’on ne gouverne pas bien ni très longtemps un grand peuple comme le peuple français, sans consentement ni adhésion.
Les deux manquent depuis longtemps aux Chefs de l’Etat successifs de la Vème République. Si monarchique que soit la mécanique des actuelles Institutions et même si elles permettent au Chef de l’Etat de se maintenir contre vents et marées le temps de son mandat et de gouverner tant bien que mal, le manque de consentement et d’adhésion à leur personne comme à leur politique, ne leur permet aucune action, aucune réforme, d’envergure.
Ce vice institutionnel profond, ce manque d’adhésion au Régime, qu’il avait perçu et exprimé du temps qu’il était ministre, comment Emmanuel Macron y réagira-t-il, y parera-t-il, maintenant que les vents lui sont contraires ?
Ce peut être d’abord comme par une sorte de colère, de réprobation à l’endroit des Français, ainsi qu’il les a exprimées l’autre jour à Bucarest, pestant contre ce pays qui est incorrigiblement « inréformable », ces Français qui « détestent les réformes ». C’est à dire, en l’occurrence, malencontreusement, sa politique.
Les biographes d’Emmanuel Macron le présentent volontiers comme cet « enfant gâté », selon l’appréciation d’Attali, à qui, depuis l’enfance, rien n’est refusé, tout réussit, qui s’est habitué de longue date à l’admiration de son entourage – famille, professeurs, condisciples – à ce que rien ne résiste à son charisme, rien à sa puissance de travail et de séduction, à sa faculté de convaincre. Par intelligence et empathie.
Mais le peuple français est autre chose que le cercle de famille, le petit monde des grandes écoles, le cercle des poètes disparus, autre chose que les « vieux » cultivés, influents ou très fortunés qu’il aime et, selon ses amis, qu’il excelle à « draguer », tels, chacun en son temps, Michel Rocard, Jacques Attali, David de Rothschild, Paul Ricoeur, Alain Minc et quelques autres, « parrains et grands frères ».
Mais le Kairos, qu’il aime invoquer, dont il se croit bénéficiaire, ce temps favorable, ce temps de Dieu, ce temps de « la vie opportune » selon Verlaine, qui autorise tous les espoirs et garantit le succès des entreprises les plus hardies, semble en cette fin du mois d’août avoir plus ou moins abandonné notre Rastignac un peu illuminé. Pompidou disait de De Gaulle à Peyrefitte : « Vous savez, le Général est spécial ». Et c’était en un sens fort. Mais, à maints égards – sa vie singulière, sa psychologie souvent inquiétante…- Emmanuel Macron ne l’est pas moins.
Comment surmontera-t-il l’épreuve politique et personnelle de l’impopularité que tous les Hollande, tous les Juppé, tous les Attali du microcosme se hâtent déjà d’exploiter.
Alors Macron éprouvera peut-être combien il avait eu raison, du temps où il était ministre, de méditer sur l’incomplétude de notre démocratie, de constater que ce qu’il manque à la France c’est un roi et, à cet égard, de déplorer le grand vide de l’Elysée, qu’il n’aura pas comblé. Peut-être s’apercevra-t-il alors que l’élection ne confère pas la Royauté.
Fini le Kairos, le temps favorable, le temps de Dieu. En cette fin d’été, pour Emmanuel Macron voici revenir Chronos qui dévore les heures et les jours, l’Histoire et les hommes. •
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Macron est totalement surfait comme un produit de l’oligarchie néolibérale pour maintenir en vie un système dont les Français ne veulent plus. Ainsi l’expriment-ils depuis le 29 mai 2005 et en remerciant tous les présidents successifs. N’en déplaise au jeune Macron qui a ressassé depuis l’étranger la vieille rengaine de notre classe dirigeante selon laquelle les Français sont contre les réformes mais c’est parce qu’ils ont bien compris que les « réformes » ne sont que des régressions économiques et sociales qu’ils ne veulent pas. Faute d’une vraie opposition au système capable d’arriver à court terme ils doivent se contenter de l’expédient de court terme du jeune Macron mais déjà si vieux en tout. Il se pourrait que cette opposition soit, que cela nous plaise ou non, la France insoumisede Mélenchon et des siens. ,
Etre un bon élève n’est rien si on ne creuse ses talents , non pour plaire à ses maîtres , mais
pour répondre à sa vraie vocation, en les étonnant . La ‘com’ chez lui avec Bruno – Roger Petit,
comme porte-parole on tombe -question sectarisme- de Charybde en Scylla..
Alors que reste-t-il un Ministre de l’Education qui a des velléités de bons sens, mais le tout numérique au primaire peut inquiéter..La France n’est pas une start-up mais une vocation charnelle et spirituelle. Charnel ,il ne l’est guère, a -t-il une vision spirituelle propre? Sent-il notre incomplétude ou sa réaction la mort du Roi n’est-elle qu’une pirouette. ; Comme le remarque intelligemment l’article fait -il partie du » cercle des poètes disparus ou des manuels de poésie? (Pour ceux qui ont vu et aimé ce film..)
Amusant cette très juste analyse, mai elle avait été faite par la France profonde; cette France des provinces oubliée par nos « Parisiens » d’adoption . Il suffit de faire parler les élections présidentielles. Il ne suffit pas d’avoir fait l’ENA pour dire que Attali et Minc pour ne citer qu’eux, ainsi que tous ces visiteurs du soir ne connaissent pas la France profonde. Quant on pense du fond de nos provinces qu’un petit avocat a réussi à engager tout le pays dans une guerre contre la Lybie, mais ou est donc la vraie politique de nos ancêtres; Les Français n’ont plus de doute sur l’échec proche à venir, seulement quelques nantis résistent au pouvoir pour le bien de quelques riches , et au diable l’histoire d’un peuple , si grand fut il. Résoudre l’immigration, dans leur esprit de grand bourgeois nantis c’est: » bof;;;le peuple s’en chargera avec le temps », pendant que nous nous pavanons aux frais des ouvriers, des artisans et des paysans. Mais: parce qu’il y a un mais; pour remettre un roi et retrouver la royaume de France , il faut un programme clair et précis définissant l’ensemble des pratiques pour un bien long terme, compris par tous. La France ne sera la France que quant tous les Français petits et grands se seront mis en accord sur leur mode de vie collective.et quant ils auront acceptés de mettre tous leurs dieux au même niveau. Faute de quoi, nous naviguerons encore à vue et sans espoir.
il a joué sur l’ illusion et les promesses, le mirage est en train de se défaire, et les promesses sont reportées