Ben Ali et sa femme Leila Trabelsi
Par Péroncel-Hugoz
Notre confrère Péroncel-Hugoz, longtemps correspondant du Monde dans l’aire arabe, a publié plusieurs essais sur l’Islam, et il travaille maintenant à Casablanca pour le 360, l’un des principaux titres de la presse francophone en ligne au Royaume chérifien. Il tient aussi son Journal d’un royaliste français au Maroc, dont la Nouvelle Revue Universelle a déjà donné des extraits. Nous en faisons autant, depuis janvier 2016, en publiant chaque semaine, généralement le jeudi, des passages inédits de ce Journal. LFAR •
Mercredi 19 janvier 2011, Khouribga
A la gare routière de la capitale phosphatière du Maroc (principal gisement national dans lequel, depuis le Protectorat, puise l’Office chérifien des phosphates), où je dois passer plusieurs heures, tout bruisse des événements de Tunisie, côté masculin en tout cas, car la gent féminine en prend pour son grade : « C’est la faute de sa seconde épouse [Ben-Ali fut, semble-t-il, bigame, malgré la loi Bourguiba contre la polygamie, car sa première femme ne lui ayant donné que des filles, il obtint une dispense pour en prendre une autre en 1992, laquelle, après deux filles en 2005, en vue de ses 50 ans, enfanta enfin un fils, Mohamed], il lui laissait tout faire, finalement c’est elle qui commandait, et Sidna Mohamed [Mahomet] l’a dit : « Un pays gouverné par une femme court à sa perte ! » « Elle avait une dizaine de frères et ils se servaient à volonté dans le Trésor public. Elle, la Leila, elle avait un avion privé pour aller faire ses courses en France, et malgré ça les Français ont refusé que Ben-Ali se réfugie chez eux ! D’ailleurs, tout ça, c’est la faute d’une autre femme, une policière qui, en décembre [2010], à Sidi-Bouzid [Tunisie centrale] a publiquement giflé un jeune marchand ambulant sans licence. Il n’a pas supporté cet affront à sa virilité (rojola) et il s’est fait brûler. C’est comme ça que tout a commencé, etc, etc. » Ce dernier point est avéré mais la presse occidentale a naturellement refusé de prendre en considération cet aspect « sexiste » du drame, pourtant capital dès lors qu’on connaît un peu la mentalité 100% virile des Arabes, au reste conforme à la nature humaine. •
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