L’autre nom du pays réel
C’est Jacques de Guillebon, ancien conseiller de Marion Maréchal-Le Pen, qui nous a appris la seconde. La droite a été adoptée. Par qui ? Par un mensuel incorrect, dédié « à ceux qui espèrent toujours en leur patrie, généreuse, juste, forte et fraternelle ». Et qui donc pourrait participer de ce mouvement de recomposition de la droite, via un organe rassemblant dans sa lecture des (é)lecteurs disséminés, ou non, dans les différents appareils se réclamant, ou non, de droite et dont les dernières échéances électorales ont censuré l’obsolescence. L’Incorrect semble préférer appeler « tiers-état populaire » ce que l’Action française appelle pays réel. Peuple et populaire ont, il est vrai, tant de sens ! Expression intéressante, en tout cas, quand on sait que l’abbé Sieyès, auteur de la célèbre plaquette Qu’est-ce que le tiers-état ?, publiée en 1789 et qui favorisa l’ébranlement de la monarchie, assimile le tiers-état au peuple. L’expression « tiers-état populaire » n’aurait-elle pas, dès lors, un petit air de pléonasme, comme avaient nos « démocraties populaires » de la seconde moitié du XXe siècle ? Nos marxistes s’en défendaient à l’époque diablement : essentiellement bourgeoise, la démocratie ne devenait un vecteur de la libération du prolétariat qu’en devenant « populaire », c’est-à-dire dédiée aux travailleurs. De même, « populaire » dans « tiers-état populaire » ramène le « tiers-état », confisqué par une élite dénationalisée ou encore une « minorité gentrifiante », du côté des « gens qui ne sont rien » ou encore des « fainéants » (d’après le gentrifiant Macron). Comme l’abbé Sieyès le disait du tiers-état, on peut donc dire : « Qu’est-ce que les gens qui ne sont rien ? Tout. Qu’ont-il été jusqu’à présent dans l’ordre politique ? Rien. Que demandent-ils ? À être quelque chose. » Ou à l’être de nouveau…
Pour une clarification doctrinale
Ce qui suppose, évidemment, une clarification doctrinale. C’est là qu’intervient la première bonne nouvelle. C’est Valérie Pécresse qui, cette fois, nous l’annonce. Non seulement la droite a une force d’âme, mais « ce qui fait la force d’âme de la droite, c’est d’avoir toujours préféré Charles de Gaulle à Charles Maurras
». La clarification doctrinale est donc faite depuis longtemps et nous ne le savions pas ! Valérie Pécresse peut même être proclamée “docteure” de la droite – comme il existe des docteurs de l’Église. Je renvoie aux mises au point que Stéphane Blanchonnet et votre serviteur ont faites sur cette sotte déclaration – elles sont sur le site de l’AF –, ainsi qu’à l’excellent article de Paul-Marie Coûteaux dans Minute du 13 septembre dernier. Si j’y reviens, c’est uniquement pour souligner que Valérie Pécresse a confirmé, sinon l’adage de Guy Mollet, selon lequel la droite française est la plus bête du monde, du moins cette dialectique qui l’oblige à chercher à concilier l’inconciliable, et fait que son histoire politique n’a été, depuis ses origines sur la question du veto royal, et donc sur celle d’une certaine conception de l’État, jusqu’à aujourd’hui, qu’un long et inévitable reniement. Nous parlons bien de son histoire politique, c’est-à-dire de la traduction de son action dans le jeu parlementaire. Car, alors que la gauche se meut naturellement dans le marigot des partis, son objectif étant de faire gagner un camp contre un autre – elle pense en termes de division et d’intérêts particuliers qu’elle universalise, fussent ceux d’une classe plus ou moins mythifiée : elle est en cela l’héritière de l’abbé Siéyès –, la droite, au contraire, lorsqu’elle est fidèle à elle-même, cherche à faire prévaloir, sur les intérêts particuliers, la notion même de bien commun de la cité, qui passe aussi par la sauvegarde des libertés fondamentales du pays réel. C’est pourquoi elle ne saurait fondamentalement penser en termes de parti – voire d’un paradoxal parti de l’ordre qui a fini par justifier, à plusieurs reprises, contre le bien commun, la défense du désordre établi. Or c’est précisément ce que nous propose Valérie Pécresse en instrumentalisant la figure, quasi rhétorique, du général de Gaulle contre celle de Maurras – car il s’agit bien, ici, d’une opposition de figures plus rhétoriques qu’historiques ! La droite de Valérie Pécresse est celle de ce nouveau parti de l’ordre qu’elle souhaite – et Laurent Wauquiez comme elle ? L’avenir seul nous le dira – constituer sur les décombres des Républicains, alors que les Constructifs, à l’Assemblée, ont choisi de jouer la carte du centre-droit, partenaire indocile, et pour l’heure inutile, du Marais. Le drame est qu’il n’y ait plus de droite de conviction – nous dirions légitimiste, c’est-à-dire qui fait de la légitimité le socle de son action : celle que la clarification doctrinale, si elle avait sérieusement lieu, devrait avoir pour objectif de ressusciter.
Poser la question du régime
Lorsque Valérie Boyer, député Les Républicains, rappelle : « La France est une république laïque d’influence et de valeurs chrétiennes. Notre histoire s’est construite autour des rois et des Églises
», elle se place naturellement au sein de cette famille politique de conviction, mais à laquelle les institutions, plus encore que les appareils qui n’en sont que les outils, interdisent de se recomposer et finalement d’arriver au pouvoir. La Ve République avait paru un temps trancher le nœud gordien institutionnel. Mais, on ne le voit que trop bien aujourd’hui, sans résoudre à terme la quadrature du cercle que représente, pour la droite, le fait de devoir s’incarner, si elle veut gouverner, dans un système partisan qui contredit sa force d’âme bien plus que Charles Maurras ! C’est encore et toujours la question du régime qu’il faut poser. Même si, en attendant, l’Action française salue toutes les synergies incorrectes visant à ouvrir les yeux du « tiers-état populaire
». Lequel, avec notre aide, finira bien un jour par susciter un général Monck pour la France ! •
Action Française 2000 du 21.09.2017
Valérie Pécresse dit n’importe quoi quand elle dit préférer Charles de Gaulle à Charles Maurras parce que pas plus le premier que le second ne sont ses sources d’inspiration. Elle et tout son mouvement politique qu’il s’appelle RPR, UMP, ou les LR n’ont rien de commun avec Charles de Gaulle puisque Jacques Chirac a été le liquidateur du gaullisme. D’ailleurs l’existence et le succès du FN sont la preuve de la mort politique du gaullisme.
Bien entendu Chirac n’avait rien de gaulliste ; c’était un simple ambitieux dont l’ambition ne servait à rien à la différence d’ambitieux pour leur pays ou toute autre cause .Cette sorte de personne pullule dans le marigot démocratique .
Le gaullisme appartient maintenant à l’histoire des idées politiques , comme le général de Gaulle qui relève désormais de l’ Histoire avec ses aléas .