L’aspect civilisationnel est évidemment central dans le combat pour le dimanche. Vouloir supprimer ce temps soustrait à l’économique et dédié à tout ce qui fait que l’homme est justement autre chose qu’un simple consommateur touche évidemment à des notions qui dépassent infiniment les pauvres arguments pratiques (!) mis en avant par ceux qui voudraient justifier cette banalisation du dimanche : cela touche au mental, au moral, au spirituel.
Avec beaucoup d’autres, nous faisions remarquer, il y a peu, que la pause observée courant janvier par les tenants du travail le dimanche ne signifiait pas que tout était résolu, et que l’on avait triomphé en rase campagne. Nous disions au contraire, avec les mêmes autres, qu’il ne fallait pas baisser la garde et qu’il était impératif de continuer à manifester une opposition frontale à ceux qui veulent tuer notre dimanche chrétien.
Voici que Marc Fromager, directeur national de l’Aide à l’Eglise en Détresse ( http://www.aed-france.org/ ) écrit un éditorial fort intéressant dans le bulletin de janvier de l’AED : Un projet destiné à nuire à l’Eglise ?
Sans tomber dans la paranoïa du complot, il ose recentrer franchement le débat en posant carrément et franchement une question toute simple, « la » question : avec cette affaire du dimanche, veut-on nuire à l’Eglise ?
Il est bon de poser, candidement pourrait-on dire, comme il le fait, cette question. Nous nous la posons, et nous la posons, avec lui…
“Sine dominico, non possumus ! Sans le don du Seigneur, sans le Jour du Seigneur, nous ne pouvons pas vivre : c’est ainsi que répondirent, en l’an 304, plusieurs chrétiens d’Abitène, dans l’actuelle Tunisie, lorsque, surpris au cours de la célébration eucharistique dominicale qui était interdite, ils furent conduits devant le juge et on leur demanda pourquoi ils avaient célébré l’eucharistie le dimanche, alors qu’ils savaient bien que cela était puni par la mort.
En France, nous n’en sommes pas là (et la peine de mort n’existe plus) mais les menaces sur le dimanche, demeurent. Au-delà d’une nécessité pour le bien commun – le simple fait d’avoir une journée de repos ensemble relève du bon sens, le dimanche revêt une dimension particulière pour nous chrétiens, étant à la fois le premier jour de la semaine, jour de la Création, et le huitième jour, jour de la Résurrection.
Avant d’être un précepte, la célébration aucharistique dominicale est une nécessité intérieure. “Sans Celui qui soutient notre vie” nous dit Benoît XVI, “la vie elle-même est vide. Abandonner ou trahir ce centre ôterait à la vie elle-même son fondement, sa dignité intérieure et sa beauté”.
La volonté appuyée de “banaliser” le dimanche en le transformant en un jour comme un autre pose évidemment des questions. Des arguments économiques sont avancés mais, d’une part, la crise financière apparaît comme un avertissement sur le danger de laisser la primauté à la seule économie et d’autre part, de très nombreuses interrogations sur la pertinence économique de la marchandisation du dimanche se font jour. Après tout, l’élasticité du porte-monnaie est encore à démontrer : on ne pourra pas indéfiniment consommer davantage ! D’ailleurs, est-ce souhaitable ?
Dans ces conditions, pourquoi s’en prendre au Dimanche ? Cela dérangerait tout le monde, mais surtout les chrétiens. S’agirait-il d’un projet destiné à nuire à l’Eglise ? On est en droit de se poser la question.“
Dire que « l’on veut » nuire à l’Eglise Catholique, me parait relever du délire conspirationniste. Qui est « on » ? Le bouc émissaire?