Dans la rubrique Commentaires, qui suit l’article du Figaro rendant compte des déclarations d’Hervé Morin sur le second Porte avions nucléaire, on a pu lire un ou deux billets disant en substance halte au cocorico et coopération avec la Grande-Bretagne.
Outre que les anglais semblent être plus rapides que nous, et moins enclins à tergiverser (1), il ne nous paraît pas inutile de dire que, pour nous, on ne peut être favorables à la construction d’un deuxième porte-avions qu’à la condition qu’il soit exclusivement « français », et que l’on renonce explicitement à cette chimère farfelue et carrément utopique d’un porte-avions « franco-britannique ».
Nicolas Sarkozy a parfaitement raison lorsqu’il parle de rationaliser les programmes européens de défense, et lorsqu’il suggère de nouer des alliances entre les pays européens afin de produire des matériels plus performants et à des coûts bien moindres; cela se fait déjà dans certains domaines militaires (hélicoptères entre autres…) ou civils (Concorde hier, Airbus aujourd’hui); et l’idée de développer cette mise en commun des savoir-faire, en obtenant une baisse des dépenses est excellente en soi. Mais elle n’a rien à voir avec l’aberration qui consiste, selon nous, à penser et à prétendre que l’on pourrait faire un porte-avions avec les Britanniques !
Un seul exemple suffirait à démontrer, nous semble-t-il, l’inanité d’une telle proposition. Faisons un rêve: le porte-avions franco-britannique est construit, il existe et il marche à merveille. Survient la guerre en Irak. La France refuse d’y aller, la Grande Bretagne y va. Qu’est-ce qu’on fait avec le porte-avions ? Reste-t-il à quai ? Mais que diront les Britanniques : ils l’ont, en partie, payé ! Va-t-il faire la guerre et croiser dans le Golfe ? Mais là ce sont les Français qui ne pourront pas l’admettre !
Alors il ne sert pas ? Mais, justement, s’il ne sert pas en cas de crise à quoi sert-il ? Et pourquoi l’avoir construit, en dépensant tant d’argent pour quelque chose qui ne sert pas, au moment où il devrait le plus servir, puisqu’il a bien été construit pour cela ?
Finissons en donc avec les fadaises et les billevesées. Et que les dirigeants de la France dotent le pays des instruments dont il a besoin pour assurer sa défense et tenir son rang. Ceci ne pouvant se faire que dans le cadre d’une indépendance nationale assumée, à laquelle il serait dangereux d’essayer de substituer (ou de croire qu’on pourrait substituer) on ne sait trop quel projet aussi farfelu que chimérique….
(1) : la Grande Bretagne a en effet déjà pris certaines décisisons (et passé certaines commandes) qui font que cette lubie du porte avions franco-britannique a toutes les chances de ne jamais voir le jour…..
Cette affaire est une chimère à deux têtes (comme le crocolion). Les conceptions tactiques, les techniques de pont d’envol, les doctrines d’emploi ne coïncident pas. Les Anglais très pragmatiques engagent leurs bâtiments dans la bataille, les Français cherchent surtout à préserver les fleurons de leur marine.
Le PA CDG est un concept stratégique pataud (car offensif chez un pays qui ne l’est surtout pas) et sous-dimensionné (c’est 1/2 PA américain).
Mais si son emploi est vraiment justifié, il faut simplement le cloner tel qu’il sort de l’IPER sans chercher à le sophistiquer ; cette manie de nos ingénieurs de l’armement à toujours chercher l’exploit technique est un véritable cancer, car il nous prive des moyens nécessaires à nos armées.
Le magnifique Leclerc en opérations (Liban) ne semble pas gérable en opération de longue durée, comparé au Léopard allemand des Canadiens (Afghanistan) qui dérouille quotidiennement.