Le maréchal Sissi qui a sauvé l’Egypte d’une dictature islamique et se trouve être notre allié contre le terrorisme, a quitté Paris après trois jours de critiques médiatiques incessantes, universelles, fatigantes par leur uniformité, leur répétitivité et finalement leur sottise. Une autre dictature en quelque sorte qui ne dit pas son nom et dont pour l’heure personne ne nous a sauvés.
Les reproches faits à Sissi arrivant à Paris et à Macron l’y recevant, sont parfaitement habituels, d’une désolante uniformité, et dans un langage mécanisé : il a renversé un président démocratiquement élu, ce qui est inadmissible, fût-il un féroce islamiste, a rétabli une dictature militaire, viole les droits de l’homme, muselle et pourchasse l’opposition, emprisonne et torture, etc. Bref un « dictateur implacable » avec qui la France ne devrait pas parler. Ou auquel, au moins, elle devrait incontinent faire la morale. Et, de fait, celle des ONG et des journalistes.
Sissi a répondu aux cris des opposants qu’il a quant à lui à gouverner un peuple de cent millions d’âmes dans une région troublée et un contexte difficile. Il a rappelé en prime que la démocratie de type européo-américain n’est pas nécessairement exportable partout. En tout cas pas en Egypte.
Emmanuel Macron a déclaré de son côté qu’il n’aime pas que d’autres chefs d’Etat lui fassent la leçon et n’en donne pas non plus aux autres, ajoutant même – puisse-t-il s’en souvenir en toutes circonstances – qu’il croit à la souveraineté des nations. Saluons !
A l’époque où fut déclenché le psychodrame des prétendus printemps arabes, amplement suscités, orchestrés et entretenus de l’étranger, espoir rebattu des idéologues européens, lorsqu’en Egypte Moubarak eut été renversé au nom de ce même printemps, nous savions ici [Lafautearousseau], qu’il n’existe en Egypte que deux pouvoirs, deux forces organisées : l’armée et les frères musulmans, à quoi ne répond, selon l’expression ancienne de Nasser lui-même, que « l’apathie profonde » du peuple égyptien. Une démocratie à l’occidentale n’y tiendrait pas longtemps. A Paris, pourtant, on ne laissait pas d’en rêver et même d’y travailler. Nous pensions, nous, qu’il n’y aurait pas place en Egypte pour des partis, des élus, encore moins pour un régime de type démocratique à l’européenne. Ce serait l’armée ou les frères musulmans. Ce sera de fait, d’abord ces derniers, sous la présidence Morsi, qui jugea Moubarak et à travers lui le régime militaire antérieur provisoirement déchu, puis ce sera l’armée, reprenant heureusement la main, après que Morsi eut commencé d’installer en Egypte une dictature islamique. On oublie sa férocité aujourd’hui à Paris.
Des deux forces organisées existant en Egypte, l’armée, depuis la chute du roi Farouk en 1952, et même avant, était et reste la plus puissante. C’est elle qui avait mis fin à la monarchie par le coup d’Etat audacieux d’un groupe de jeunes officiers, nationalistes arabes, parmi lesquels Gamal Abdel Nasser. Ils avaient mis fin, en même temps, à la présence anglaise, objet de toute leur hostilité. Et c’est depuis lors l’armée qui a toujours gouverné l’Egypte. Après le départ de Farouk, le général Néguib, avait assuré un interrègne d’où Nasser émergea assez vite. Après la mort de ce dernier et l’échec de sa politique panarabe, l’Egypte n’a jamais cessé d’être gouvernée par l’armée : Anouar el Sadate, Hosni Moubarak étaient des militaires comme l’est Al Sissi.
L’armée égyptienne est d’abord nationaliste. Ses membres sont très généralement musulmans, mais politiquement d’esprit laïque, dans la tradition nasserienne. Ils ont les islamistes, a fortiori s’ils sont terroristes, en détestation. Ils les combattent en effet implacablement.
L’actuel régime du président Sissi est de ce simple fait objectivement allié de la France. Qu’il ait pour elle une certaine sympathie, qu’il lui confie d’importants contrats ne vient s’ajouter que par surcroît.
Sont-ce là des raisons pour l’insulter et lui faire orgueilleusement la leçon lorsqu’il est notre hôte ?
On ne dira jamais assez le mal que les ONG, la caste médiatique, et certains trublions tel BHL, font à la France. •
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Profondément d’accord.
Cet article est plein de bon sens.Ceux qui critiquent le régime égyptien sont des idéologues bornés, des sots, et surtout des ignorants des pays arabes.C’est enfoncer les portes grandes ouvertes de constater qu’on ne gouverne pas la Syrie, l’Egypte et les autres pays arabes comme on gouverne le Luxembourg ou la Norvège.L’histoire, les us et coutumes, les traditions, la religion ,un acteur décisif dans les Etats arabes, et bien d’autres facteurs expliquent que la démocratie à l’occidentale est totalement inadaptée à ces pays.Comme le dit très bien le proverbe arabe : « les chiens aboient, la caravane passe ».
« une démocratie à l’occidentale », on s’en passerait bien.
Il semblerait que nous soyons tous d’accord sur l’incompatibilité de l’Islam et de la démocratie ( Sur laquelle le débat peut rester ouvert….)C’est le moment peut-etre de rappeler les propos de Macron en visite a l’UOIF (Union des Organisations Islamiques de France) il y a quelques mois :: »Personne ne peut dire désormais que votre religion n’est pas compatible avec la démocratie….. »
Vérité en deça des Pyrénées ,erreur au dela? Plutot simplement double langage ,dont un pour ceux qui vous ont élu . Ou localiser une conviction profonde soucieuse de l’avenir du peuple dont on est censé défendre le droit a perdurer dans l’Histoire…..?
On ne voudrait pas se voir imposer la charia dans nos pays mais on voudrait imposer la démocratie occidentale aux pays musulmans .
On est laïciste en France mais on en s’en prend surtout aux régimes arabes laïcs ( Irak , Lybie , Syrie ) ou est la logique ? pêcher en eaux troubles peut être .