Par Éric Zemmour
Cet article – paru dans le Figaro Magazine du 27 octobre – nous a paru si judicieux, si intelligemment pensé et écrit, il soulève des questions si essentielles et répond même à celles que nous posions ici vendredi dernier (lien ci-dessous) que nous avons jugé impératif de le mettre en ligne pour les lecteurs de Lafautearousseau. On jugera. LFAR
C’est un torrent qui emporte tout. Qui dévaste tout, qui détruit tout, qui ravage tout. Qui envahit tout. Le torrent de la parole libérée. La parole qui dénonce, la parole qui accuse, la parole qui menace. L’incroyable tsunami de « Balance ton porc » nous plonge soudain dans le monde décrit il y a des années par l’écrivain Philippe Muray qui avait prophétisé que le temps du néopuritanisme féministe succéderait à celui de la libération sexuelle des années 1970, et qu’il s’achèverait dans une fureur répressive et inquisitoriale : « A l’envie de pénis, succédera l’envie de pénal. »
Nous y sommes. Et plus rien d’autre n’existe ni n’importe. Comme si (alors même que l’affaire Weinstein partait des Etats-Unis, et même d’Hollywood, qui n’a jamais eu la réputation d’être un monastère), la France était devenue un enfer où des « porcs » par millions harcelaient et violaient en liberté des pauvres victimes féminines, forcément victimes, qui n’avaient aucun moyen légal de se défendre. Les mêmes militantes féministes – qui, il y a quelques semaines, nous expliquaient doctement que les incessants harcèlements de rues par les migrants Porte de la Chapelle se régleraient par un élargissement des trottoirs – ne proposent nullement l’agrandissement des chambres d’hôtel où Weinstein et ses émules français reçoivent leurs proies. Il est vrai que ceux-ci sont occidentaux et riches, tandis que ceux-là sont africains et pauvres.
Mais le torrent médiatique de « Balance ton porc » ne saccage pas seulement toute raison et cohérence intellectuelle. Il réduit à presque rien tout le reste de l’actualité. Soudain, la sécession catalane devient anecdotique. On évoque à peine les efforts – largement vains d’ailleurs – d’Emmanuel Macmn pour limiter les effets délétères des travailleurs détachés. Les menaces nucléaires venues de la Corée du Nord ont disparu. La défaite de Daech ? On s’en moque. On a déjà oublié que les Allemands de Siemens ont racheté nos TGV. Les ambitions mondiales de la Chine, proclamées haut et fort désormais par le chef du Parti communiste chinois, n’ont qu’une importance insignifiante. Le développement de sa marine, en particulier, et de son armée en général, son impérialisme économique mis en place à travers « la route de la soie », n’intéresse personne. Pas plus que le réveil programmé de la puissance militaire japonaise. Ou l’invasion continue de migrants venus d’Afrique, et qui passés par la Libye, se déversent sur les côtes italiennes, en sachant très bien qu’ils seront non seulement sauvés, mais jamais renvoyés dans leur pays. Tout cela est insignifiant. Négligeable. Marginal. Il est vrai qu’il ne s’agit que de paix et de guerre. Un sujet bien moins important que de savoir si tel député ou ancien ministre a posé sa main sur la cuisse d’une jeune femme ou si une actrice a pleuré en comprenant qu’un producteur l’avait invitée dans sa chambre d’hôtel pas seulement pour évoquer son prochain rôle. Si on était amateur de complots, on dirait que cette campagne médiatique contre les porcs est bien utile pour ne pas voir la porcherie qui flambe. Mais ce n’est pas notre genre. •
A lire dans Lafautearoussau …
« Balancer » pour « balancer » visons les bonnes personnes !
Eric Zemmour a raison de pointer la confondante légèreté des media qui se focalisent avec passion sur l’accessoire, et négligent avec pugnacité les évolutions inquiétantes du monde. Faut-il y voir le reflet de la médiocrité des clercs, l’inculture des geeks qui se prennent pour des journalistes, ou plus simplement la décadence en marche d’une société hédoniste, autocentrée, devenue aveugle par paresse et désir d’oubli de soi, de sa sociologie et de son Histoire. En réalité ce comportement narcissique est la conséquence d’un chemin fort bien éclairé par la philosophe Chantal Delsol,, celui d’un nouvel avatar de la philosophie des Lumières, qui, après avoir produit, par la folie des hommes, les terreurs de la Révolution françaises, ainsi que celles des nazi , et des communistes, s’est muée en apologie de la dérision pour promouvoir, hors de la violence physique, mais non sans violence mentale, son individu isolé devant accéder à l’universel sans passer par les institutions structurantes intermédiaires, comme la famille, le village, la ville, la Nation et la religion. Cette dérision qui vise àdéstructurer la société dite bourgeoise, produit de l’inconsistant, de l’auto référant, et la confusion mentale, dans laquelle la modification du langage, préside à la destruction des valeurs et à leur hiérarchisation pour en implanter une autre, sortie d’une idéologie prométhéenne de l’individu, hors de toute transcendance, ou la cohésion sociale est remplacé par le marché, permettant d’échanger des humains sans mémoire et sans Histoire, comme des marchandises indifférenciées. Il ne faut donc pas s’étonner dans ces conditions de voir les récits d’alcôves des individus primer dans l’information des media sur les risques de guerre fussent-elles possiblement nucléaires.
Moi j’attends le jour où ce sera la libération des vieux qui vont laisser êclater leur ras le bol du mépris des actifs et de « la dictature du jeune . »
J’attends que les gâtés du papy boom se retrouvent gâteux et que leurs héritiers ne pensent à eux que pour l’euthanasie tant il est vrai monsieur Zemmour que lorsqu’on n’est pas concerné personnellement par quelque chose on s’en fout complètement.
Chaque génération se trouve en fait comprimée entre ceux qui précèdent et ceux qui suivent après avoir entendu que ce qui nous manquait c’était une bonne guerre , il nous faut comprendre qu’il nous manque un bon cercueil .