Ci-dessus : Paroles aux inculpés de la Haute-Cour et aux royalistes poursuivis devant les tribunaux (31 janvier 1900).
Il aurait été Philippe VIII, « le grand roi qui a manqué à la France » a écrit Maurras dans L’Action française, où on l’appelait affectueusement Philippe (« Philippe, comme nous disions. »).
Voici un court extrait de l’article que lui consacra Maurras dans L’Action française du 28 mars 1926 (dont on a l’intégralité sur le site maurras.net : Le tombeau du Prince.
« …Était-ce de ce mélange complexe, singulier, unique, que naissait la grâce brillante de sa personne ? Les dons physiques le comblaient. Ni la majesté de la taille, ni la beauté du visage, ni l’air de force et de santé qui émanait de lui ne suffisent pour expliquer la puissance incomparable de son attrait. Ses familiers disaient : Je l’aime. Les passants, les visiteurs d’un jour étaient empaumés. Il lui suffisait d’être Lui. Que de Français le rencontrant à l’étranger, celui-ci dans les rues de Bruxelles, celui-là dans le canal de Suez, ou en chemin de fer le long du Nil, le quittaient émus, éblouis ou bouleversés d’un contact de quelques minutes !… » (illustration : les armes de Philippe VIII)
Léon Daudet « raconte » la messe des obsèques à Notre-Dame de Paris : dans notre album Maîtres et témoins (III) : Léon Daudet, voir la photo « La reine de France aux obsèques de Philippe VIII ».
Les vrais lecteurs de l’Enquête sur la Monarchie savent que c’est lui et les membres de son bureau (Buffet, Lur-Saluces) que les fondateurs de l’Action Française allèrent rencontrer dans leur exil bruxellois avant de s’engager dans l’aventure du grand mouvement qu’ils se préparaient à lancer. Visite et entretiens, qui furent fondateurs : il s’agissait de vérifier l’accord du Prince, l’accord de leurs analyses avec sa pensée et sa propre action. Sans cette rencontre, sans cette convergence de fond, sans cet accord, l’Action Française en tant que telle n’eût pas existé. l’Enquête sur la Monarchie parut ouverte par un compte-rendu détaillé de ces entretiens de Bruxelles. Maurras avait voulu que ce fut en l’année 1900 qui ouvrait le siècle.
Bainville a raconté dans son Journal (tome 1914, page 194/195, note du 29 novembre) une autre visite au Prince des dirigeants de l’Action Française, celle de Maurras et Pujo à Londres, durant trois jours, en 1914 :
« Maurras et Pujo ont passé trois jours à Londres avec le Duc d’Orléans. Ils publient aujourd’hui dans L’Action française les déclarations du prince. C’est une page émouvante et de haute allure qui a produit grand effet, surtout aux passages où le descendant des rois qui ont fait la France raconte ses efforts infructueux pour servir dans les troupes françaises, belges, anglaises et même indiennes. L’enrôlement incognito – selon le précédent du duc de Chartres s’enrôlant en 1870 sous le nom de Robert le Fort – ne lui a même pas été possible en raison des filatures de police : il était dénoncé dès qu’il se présentait dans un bureau de recrutement… »
L’inique Loi d’exil (prise le 26 juin 1886 et abrogée le 24 juin 1950) empêchera donc le Duc de servir la France, alors que la tradition du devoir militaire est très fortement ancrée dans la Famille de France.
Tout comme est fortement ancrée une autre tradition : celle de léguer au Pays. Comme le fit avant lui le Duc d’Aumale (léguant Chantilly et tous ses trésors inestimables à l’Institut), le Duc, grand voyageur, explorateur, naturaliste, lèguera ses exceptionnelles collections au Muséum d’Histoire naturelle, où on les admire encore aujourd’hui : voyages du duc d’orléans.pdf
Dans notre album Maîtres et témoins (III) : Léon Daudet, voir les photos « 1904 : Rencontre avec le duc d’Orléans, à Londres. » et « La dernière Saint-Philippe d’avant-guerre. »
Le Prince mourut à Palerme le 27 mars 1926.
Rappelons, pour conclure ces lignes d’une évocation très partielle du duc d’Orléans, que, pour l’Action Française l’attachement au Prince n’est nullement un accessoire. Une pièce rapportée d’un nationalisme antérieur . Cet attachement n’est ni conditionnel, ni différable, ni indéterminé. Le Prince n’est pas une « idée », un « concept », un ectoplasme, mais une personne de chair et d’os, une incarnation, le dernier maillon en date, d’une longue tradition liée à l’existence, à la substance même, à l’Histoire, de la Patrie, venue du fond des âges. Il n’y a pas de royalisme sans incarnation princière. Et notre « nationalisme » lui-même trouve son accomplissement le plus sûr, le plus abouti, dans la personne même d’un roi. C’est ce que l’Action Française des origines a cru pouvoir appeler « nationalisme intégral ».