Quand Didier Desrimais s’empare d’un sujet, l’information fuse, se cumule, se construit, et finit par former en relativement peu de lignes, une analyse méthodique qui dit et transmet l’essentiel, ce qu’il convient d’en savoir et d’en penser. C’est fort utile pour qui aime ou plutôt veut comprendre mais avec nuances, mesure et exactitude. Toute notre famille intellectuelle et politique a immédiatement et vivement réagi à la nomination du bougre d’homme qui vient de devenir – au moins en apparence – le patron de l’Education encore appelée nationale. On ne sait pour combien de temps. Didier Desrimais, lui, creuse le sujet. (Causeur, le 21 mai)
Par Didier Desrimais*.
La nomination de Pap Ndiaye au ministère de l’Éducation nationale n’est une bonne nouvelle que pour les militants décolonialistes et les wokistes.
Un adepte de la laïcité ouverte rue de Grenelle…
Pap Ndiaye vient d’être nommé ministre de l’Éducation nationale. Avant ses différentes fonctions universitaires en France, son séjour aux États-Unis dans les années 90 avait « éveillé » cet historien. Il rapportera dans ses bagages les thèses sur le racisme développées dans les universités américaines et n’aura plus qu’une idée en tête : démontrer que l’universalisme français est une farce qui masque un racisme « structurel » ancré dans la société française. Aussi, selon ses contradicteurs, cette nomination ferait officiellement entrer le wokisme et les thèses racialisto-décolonialistes dans le gouvernement français.
Le nouveau ministre estime que l’islamo-gauchisme n’existe pas
Rappel rapide et instructif des différentes activités de M. Ndiaye : Pap Ndiaye est le co-signataire d’un rapport sur la diversité à l’Opéra de Paris passé inaperçu dans le grand public et qui était une sorte de tract en faveur de thèses diversitaires copiant celles issues des milieux associatifs et universitaires américains favorisant la discrimination positive. Curieusement, ce rapport revenait sur la mort de George Floyd et le combat du mouvement Black Lives Matter pour souligner une possible discrimination raciste et quasi-institutionnelle dans le monde de la culture en France, en particulier à l’Opéra de Paris. Inspiré des thèses décolonialistes mises en avant par des activistes comme Françoise Vergès ou David Bobée, M. Ndiaye, constatant que « l’Opéra national de Paris n’a encore programmé ni metteur en scène, ni livret ou composition écrits par une personne non blanche », y propose de « repenser l’unité chromatique » et de favoriser « la diversité mélanique » en créant un « poste de responsable diversité et inclusion ». Il préconise de « démarcher de manière active […] des artistes non blancs de haut niveau ». Plusieurs passages de ce document relèvent du pur wokisme. Parce que « l’opéra européen était le point de vue sublime des dominants sur le monde : celui d’hommes européens blancs », on y note ce qui, dans des œuvres anciennes, relèverait d’une « racialisation », et on y dénonce par exemple « la danse chinoise et la danse arabe de Casse-Noisette » ou les « personnages “yellowface” avec le maquillage de la peau et le contour des yeux exagérèrent allongé » de Madame Butterfly. L’art est remplacé par le combat politique et la morale. La révision des œuvres au nom de l’antiracisme est ravageuse. M. Ndiaye juge ainsi nécessaire de « décoloniser » les arts, de diversifier chromatiquement les artistes, de nettoyer les œuvres, c’est-à-dire de détruire le patrimoine culturel occidental.
Tout juste nommé directeur du Musée de l’immigration, M. Ndiaye avait annoncé la couleur sur les ondes de France Inter (1) : ce musée devait devenir un lieu de débats « décolonialistes » « où toutes les questions qui ont trait à la lutte antiraciste auront leur place ». M. Ndiaye est convaincu que la France souffre d’un mal raciste et discriminatoire issu de son passé colonial. « On cherche ce qui dans la société française contemporaine est hérité de l’époque coloniale. On regarde les formes de continuité sans préjuger que nous serions entièrement détachés de cette période », dit-il alors au micro d’Ali Baddou. En clair : la société française a gardé un fond colonialiste qu’elle perpétue en discriminant les immigrés qui arrivent sur son sol et qu’elle traite comme les indigènes des anciens pays colonisés. Il ajoutait vouloir traiter des « discriminations croisées » et mettre en relief la « recherche intersectionnelle » universitaire qui, de son point de vue, était empêchée par le faux sujet qu’est l’islamo-gauchisme.
Un ami de l’historien Pascal Blanchard
Tout dernièrement, Pap Ndiaye a été nommé président de la Commission Images de la diversité pour le CNC. Sa mission : « contribuer à donner une représentation plus fidèle de la société française , d’écrire une histoire commune de l’ensemble de la population française, en favorisant l’émergence de nouvelles formes d’écritures et de nouveaux talents. » On sait ce que cela veut dire. Une des deux co-présidentes de cette commission est… Assa Maïga, l’actrice qui, lors d’une des Cérémonies des César, avait compté les Noirs dans la salle pour soi-disant souligner la sous-représentation des « racisés » dans le cinéma. On n’en sort pas.
Ami de l’entrepreneur décolonialiste Pascal Blanchard (3) qui se vante de « tenir » les manuels scolaires, proche des thèses décolonialistes radicales, celui qui regrettait que « les autorités françaises se raidissent dans un refus de comparer » les cas de George Floyd et d’Adama Traoré (2), peut-il réellement incarner le renouveau attendu dans l’Éducation nationale ? On peut légitimement avoir de très sérieux doutes. À droite, Eric Zemmour a ironisé : « Emmanuel Macron avait dit qu’il fallait déconstruire l’Histoire de France. Pap Ndiaye va s’en charger. » Au Rassemblement national, Jordan Bardella a surenchéri : « Avec ce remaniement, la dislocation de la nation s’accélère ! » ■
Un adepte des réunions interdites aux Blancs ? Source : https://paris-luttes.info/paroles-non-blanches-rencontres-5334?lang=fr |
(1) Entretien sur France Inter le 19 février 2021.
(2) Entretien sur France Inter le 4 juin 2020.
(3) Rappellons que Pascal Blanchard est l’historien qui avait été chargé par le président Macron d’aider les élus à trouver des noms de personnalités (318 exactement) censés représenter la « diversité ». Opportunément invité ce matin 21 mai au micro de Carine Bécard sur France Inter, il a pu faire l’éloge de son « ami » et affirmer être certain que ce dernier « serait à l’écoute des enseignants », bien qu’ayant une vision de la société radicalement différente de celle de son prédécesseur. France Inter, dès l’annonce de la nomination de Pap Ndiaye, a évidemment offert un CV « sans taches » sur son site.
* Amateur de livres et de musique, scrutateur des mouvements du monde.
Je pense que dans les programmes de littérature de terminale, il faut donner toute sa place aux auteurs wolofs, burkinabés et ashantis. Quant aux films français, grâce à des procédés informatiques, il serait possible de coloriser certains acteurs afin de mieux respecter la diversité. Ainsi un Jean Gabin noirci dans quai des brumes serait parfait. Il serait possible de faire un remake de si Versailles m’était conté de Guitry avec Omar Sy dans le rôle de Louis XIV. En un mot, il y a du pain sur la planche. Pour redevenir sérieux, du moins s’il peut y avoir du sérieux dans cet univers de délire, il faut remarquer que Mélenchon s’est félicité de la nomination de ce fanatique du racialisme et de l’indigénisme. Tout est dit. Il est vrai que tous deux sont d’accord sur un point : il y a décidément encore beaucoup trop de blancs en France.
Le moment est venu pour les parents de retirer leurs enfants de l’école publique. La corruption intellectuelle s’étend de plus en plus en profondeur à l’école maternelle, primaire et secondaire. Il existe des écoles privées, indépendantes et non subventionnées. A défaut, les parents doivent s’organiser avec d’autres parents, des connaissances, des amis, des communautés et associations à former des groupes pour enseigner les enfants et les instruire dignement en dehors de l’enseignement public qui devient bourrage de crane. Le livre de Jean-Paul Brighelli : « La fabrique du crétin » est l’exacte vérité de ce que l’instruction publique est, malheureusement, devenue.