Par Gabrielle Cluzel.
Ce pertinent et juste papier de Gabrielle Cluzel – que nous saluons volontiers – est paru le 29 mai dans Boulevard Voltaire. Nous conseillons de le lire.
Il est des étrangers que l’on peut stigmatiser sans crainte : les Anglais ! Pour expliquer les scènes de chaos à l’entrée de la finale de la Ligue des champions entre le Real Madrid et Liverpool, qui a conduit à retarder le match de trente minutes, Gérald Darmanin n’a pas hésité à accuser, sur Twitter, « des milliers de supporters britanniques, sans billets ou avec de faux billets [qui] ont forcé les entrées et, parfois, violenté les stadiers ». La perfide Albion est pratique et a le dos large, elle est l’ennemi héréditaire. Et les relations ne sont pas près de s’arranger car nombre de commentateurs anglais sont aujourd’hui scandalisés d’être ainsi montrés du doigt.
Pour comprendre le contexte, il faut savoir que ce match, très attendu, jouait à guichets fermés : 75.000 places que l’on s’était arrachées – et pour lesquelles certains fans de Liverpool avaient dépensé une petite fortune. On imagine la tension dans la foule compacte massée aux grilles, les heures passant, alors qu’une défaillance du filtrage – sans doute en sous-effectif – empêche les spectateurs munis de billets d’accéder aux gradins. Mais il serait un peu facile de mettre cette grande débandade sur le compte de la pression de spectateurs anglais excédés.
Ce que le ministère de l’Intérieur oublie de dire, c’est que des centaines de « riverains », de « jeunes » des cités avoisinantes avaient décidé de rentrer sans billets, et que tenter – sans succès – de les bloquer a contribué à paralyser l’entrée. « Des types sans billet qui assistent au match, des familles avec billets qui en sont privées. Est-ce qu’on peut appeler ça un fiasco ? », interroge le journaliste de BFM Raphaël Grably. On peut appeler ça, en tout cas, un épisode assez emblématique du fonctionnement de ce pays : ceux qui respectent les règles cèdent le pas à ceux qui ne les respectent pas.
En attendant, un bref coup d’œil sur les réseaux sociaux montre que nombre d’Anglais, qui ont parfois intercepté eux-mêmes des fraudeurs pour pallier une police dépassée (comme le rapporte Le Figaro), qui ont essuyé en famille, avec leurs enfants, des giclées de gaz lacrymogène, qui se sont même fait, pour certains, détrousser par les fameux « riverains », n’apprécient guère cette panoplie de bouc émissaire que Gérald Darmanin tente de leur faire enfiler. Les policiers de Liverpool-Merseyside police présents sur les lieux défendent au contraire le comportement des « fans au tourniquet » comme « exemplaire dans des circonstances choquantes », évoquant « le pire match européen qu’elle ait jamais vu ». Et l’on ne peut guère arguer d’un réflexe chauviniste car les supporter espagnols du Real Madrid témoignent du même écœurement et également de la peur éprouvée par et pour leurs enfants.
Sur les réseaux sociaux, d’aucuns ironisent sur l’accent de Cambridge ou d’Oxford des voyous dionysiens et conviennent désormais d’appeler « supporters britanniques » les délinquants de banlieue.
On se souvient de l’immense polémique déclenchée par la petite phrase de l’ancien joueur Thierry Henry, il y a quelques semaines, lorsque sur un média américain, au cours d’une discussion, il avait corrigé une intervenante : « Techniquement, faites attention, le stade est situé à Saint-Denis ; Saint-Denis, ce n’est pas Paris. » Le maire PS de Saint-Denis s’était offusqué. L’honneur de Thierry Henry est lavé.
Occulter la vérité sur cette « Californie », comme l’a appelée Emmanuel Macron, cet eldorado dans lequel les enseignants ne veulent pas venir enseigner, les soignants soigner, les policiers faire leur métier… a aussi des conséquences opérationnelles : on sous-estime la situation et, donc, le dispositif à mettre en place. Et voici comme la France s’est honteusement ridiculisée, juste avant la Coupe du monde de rugby de 2023 et les Jeux olympiques de Paris de 2024. Dire qu’en raison de la crise ukrainienne, la Ligue des champions avait été déplacée de Saint-Pétersbourg et qu’Emmanuel Macron y avait vu une chance de faire briller la France ! ■
On peut se poser la question de l’état mental de ce type. Il y a quelques mois, au cours d’un journal tv il voyait lors d’une manifestation pacifique les gens qui tapaient des mains un salut nazi!!!!!! Un dangereux mythomane.
J’approuve entiérement l’article de gabriele cluset comment darmanin lance-il des contre-vérités? désolant!