« Les entreprises devront appliquer l’accord ou quitter l’île » a déclaré le plus naturellement du monde le meneur du LKP. En français dans le texte ! Mais qui est-il pour parler ainsi ?
Il n’est pas inintéressant de voir ce qu’il y a de révolutionnaire chez lui, et ce qui fait qu’il s’inscrit dans la lignée de Robespierre et de Danton, de la Convention et de la Terreur….
D’abord par l’emploi systématique qu’il fait du mensonge, comme ses grands ancêtres : « ils » veulent rétablir l’esclavage (« ils » c’est-à-dire les bekés, les blancs, dans cet odieux racisme de fait que s’autorisent les gens comme Domota vis-à-vis de ceux qui n’ont pas la même couleur de peau qu’eux…). Mais soyons sérieux une seconde : qui veut rétablir l’esclavage ? L’outrance du propos et son exagération aussi manifestement grotesque s’inscrivent bien dans la tradition révolutionnaire du mentir par les mots et du mentir sur les mots. C’est bien connu : plus c’est gros plus ça passe ! Les sans-papiéristes osent parler de rafle, de déportation et de nouveaux justes en parlant des hors la loi, alors pourquoi ne pas faire aussi fort, toujours plus fort, et ne pas parler de la restauration programmée de l’esclavage ? Après tout, puisque certains gogos, décidémment indécrottables, se laissent prendre et manipuler comme des idiots utiles qu’ils sont (pour reprendre l’expression de Lénine…), les gens comme Domota auraient bien tort de se gêner…..
Ensuite l’intimidation : partez, ou ….. Ou quoi ? On a très bien compris. On a même tellement bien compris qu’Elie Ier, qui souhaite être le régénérateur de la Guadeloupe comme l’ont été ses grands ancêtres à Paris, n’a pas eu besoin de préciser la menace, de la dire explicitement : tout le monde a très bien vu ce qu’il voulait dire ! Avec une différence d’intensité malgré tout, n’exagérons tout de même pas, c’est bel et bien, dans la tête de Domota et des siens, le même processus d’intimidation et de Terreur, par la violence, que le LKP essaye de mettre en place sur l’île. Avec un certain succès.
La seule question reste donc, non pas mais que fait la police ? Elle est plutôt : mais que fait le pouvoir, que fait l’Etat ? On apprenait le 8 mars, par une dépêche AFP, que le parquet de Pointe-à-Pitre avait annoncé annoncé le samedi 7 l’ouverture d’une enquête judiciaire, notamment pour provocation à la haine raciale et tentative d’extorsion de signature, après des déclarations du leader du « collectif contre l’exploitation » LKP, c’est-à-dire Elie Domota lui-même.
Fort bien. Mais outre qu’il faut attendre pour voir ce que tout cela donnera, le problème n’est pas avant tout un problème d’ordre dans la rue (il l’est bien sûr), mais d’abord et avant tout un problème d’ordre dans les esprits.
On aura beau faire charger des Crs autant qu’on voudra, et faire donner la matraque, tant qu’on n’aura pas remis de l’ordre dans les esprits, on ne remettra pas de l’ordre dans les rues. Tant qu’on ne combattra pas intellectuellement les façons de penser et de pratiquer des révolutionnaires, on sera singulièrement désarmés pour s’opposer à eux.
Question, à dix centimes d’euros : notre système, qui est l’héritier lui-même d’une violence et d’une Terreur dont se réclament Domota et les siens, est-il le mieux à même de s’opposer là-bas à une violence et à un état d’esprit qui ont présidé à sa naissance, ici ? On peut en douter…
Reste aussi, si l’on veut être complets, que, pour réformer un système où bien des choses sont pourries, et pas seulement le LKP, mais aussi les moeurs économiques de l’île et, bien souvent, ses entrepreneurs, ses fonctionnaires, son administration; et où chacun ne songe depuis fort longtemps, qu’à tirer de la France de substantiels et souvent éhontés avantages, il ne sera aisé de remettre de l’ordre ni dans les esprits ni dans les pratiques en usage. En Guadeloupe, en particulier, mais aussi dans les Dom-TOM, en général…
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