En 2015, déjà, Macron « faisait le buzz » avec son analyse sur « l’incomplétude de la démocratie » et sur « le manque de Roi ». Rappel utile au terme d’élections – présidentielle et législatives – proprement surréalistes.
S’il y repense, dans ses incertitudes actuelles sur la survie de sa majorité parlementaire donc sur le libre et plein exercice de ses pouvoirs présidentiels, Emmanuel Macron devrait éprouver la justesse de son analyse de 2015, alors qu’il briguait la fonction, la même dont il mettait en évidence l’incomplétude ou même le vide. Juste analyse, exact constat, bon diagnostic que déjà De Gaulle avait faits. Et d’autres avant lui. Mais sans suite, sans remède et sans solution.
« Tout s’est construit sur ce malentendu ». Lequel ? L’incomplétude de la démocratie – « elle ne se suffit pas à elle-même » et le manque de Roi imposé par la Terreur aux Français qui n’ont pas voulu cela. Dixit le Chef de l’État.
Y-a-t-il critique plus radicale et mieux fondée que celle-là ? Mais nous avons affaire-là à une curieuse médecine : qui diagnostique et ne soigne pas.
Entretien paru le 8 juillet 2015 dans l’hebdomadaire Le 1.
L’anglicisme « déceptif » trahit le bonimenteur. Nous n’avons plus de Roi et de maigres chances d’en retrouver un avant longtemps mis nous pourrions avoir un président respectable, mûr, réfléchi, sage, désintéressé, faisant honneur à sa fonction, véritable arbitre sachant s’élever au dessus des partis, des modes, idéologies et factions, revenu de tout sauf de la France. Il est de bon ton de se moquer des Italiens mais le respect très large dont bénéficie leur président Matarella devrait nous plutôt nous inspirer.
Chez Macron, le vide qu’il semble regretter, c’est la place qu’il vise; Pas de Roi donc pourquoi pas lui ? Ne met-il pas l’aventurier Bonaparte parmi ses grands modèles ? Le génie des Hauts de France, toutologue encensé par les toutologues, n’a en fait que deux cases dans son cerveau, le tout et le rien. Ce rien, la petite chose à quoi il pense, c’est lui, sans autre exigence que celle fixée par son immodeste ego de beau parleur. In petto, dans son globish, on le devine « disruptant » l’ambitieuse devise : sans César, un minus.