Par Yves MOREL.
Un terrorisme aux racines historiques déjà anciennes et solides.
Que des groupes de pression féministes, disposant de tous les moyens d’information et de propagande, et ayant d’ores et déjà fait sentir toute leur influence écrasante dans la presse, à la télévision, sur internet, à l’école, à l’Université et au sein de la classe politique, exigent la démission ou la destitution d’un député ou d’un ministre au motif de simples accusations lancées contre lui, sans preuve aucune ni présomption sérieuse et alors qu’aucune action judiciaire n’est intentée à son encontre, paraît, à bon nombre de gens, tout ce qu’il y a de plus normal au monde. Mieux (pire serait plus adéquat), beaucoup y voient même une preuve de bonne santé démocratique, un « sursaut » salutaire d’exigence de justice, une saine bourrade ou bousculade donnée par des militantes turbulentes et incommodes mais « nécessaires » pour « faire bouger les lignes » aux institutions afin de les amener au respect du véritable droit, inspiré par la vraie et la seule morale, qui réside, on les sait, dans les foules révoltées et conditionnées par des groupes vigilants, dignes en cela de tous éloges. Ces gens, gavés d’idéologie gaucharde, formatés par l’école et les médias, ont en tête les « grands ancêtres » de 1789, les députés du Tiers bravant l’injonction royale de devoir se disperser et énonçant que « l’insurrection est le plus saint des devoirs et le plus sacré des droits », les révolutions du XIXe siècle, les grèves, révoltes et émeutes du XXe siècle (plus les Gilets jaunes du XXIe), les grandes espérances et illusions socialistes, les critiques à l’égard de l’armée « réactionnaire » et de la « justice de classe », les combats ouvriers, féministes, libertaires et autres, et donc une propension innée à la défiance envers les élites et autres puissants, et une tendance spontanée au dénigrement des institutions et des dirigeants.
Le remise en cause du principe de la présomption d’innocence et sa terrible conséquence : la négation même du droit et de la justice
Dès lors, si deux femmes affirment, sans preuve ni présomption sérieuse, avoir été violées par un député connu, M.Damien Abad , ils inclinent à les croire, et à soutenir l’action d’une autre députée, Mme Sandrine Rousseau, laquelle affirme qu’il est odieux de douter de ces accusations au motif qu’on « n’a pas le droit de mettre en doute la parole des victimes », même si l’on peut se demander à bon droit si ces accusatrices sont réellement des victimes, et en dépit du refus de l’institution judiciaire d’ouvrir une enquête à la suite de leurs griefs. Alors qu’en bonne justice, on devrait se demander d’abord si les faits incriminés ont eu lieu, on les tient, en l’occurrence, pour avérés du moment que les accusatrices les dénoncent. C’est un véritable retournement de la charge de la preuve. Alors qu’un des principes fondamentaux de notre droit (et pas seulement en France, très loin de là) énonce qu’un accusé doit être présumé innocent jusqu’à l’établissement de la preuve de sa culpabilité, c’est, ici, un principe opposé qui prévaut : un accusé est présumé coupable jusqu’à ce qu’il ait apporté la preuve de son innocence, et ses accusateurs (accusatrices, dans le cas présent) doivent être cru(e)s sur parole.
Certes, les partisans de ce nouveau principe, de cette « intransigeance salutaire », comme ils aiment à dire, affirment que Damien Abad n’est ni reconnu coupable par un tribunal ni condamné par lui, et que le principe de l’innocence présumée est donc sauf. Il n’empêche qu’il est considéré comme coupable par ses accusatrices, ceux et celles (toutes profondément engagées dans le féminisme le plus fanatique) qui les soutiennent et une très large partie de l’opinion publique travaillée par ces dernières et les médias qui leur servent très volontiers de tribunes. Et qu’en conséquence, il doit se résigner au sacrifice de sa carrière, à se voir démis de ses fonctions gouvernementales et de son mandat parlementaire, et à se trouver déshonoré. Et tout cela sans qu’il puisse en rien se défendre. Car que pourrait faire M.Abad pour se défendre, sinon protester incessamment de son innocence et accuser celles qui le mettent en cause de mensonge. Les accuser de dénonciation calomnieuse ne lui servirait de rien, puisqu’il est interdit, désormais, de mettre en doute la parole d’une femme se plaignant d’un viol, et qu’il ne pourrait pas prouver que l’accusation portée à son encontre est une calomnie. Donc, nous avons un homme accusé de viol qui ne peut ni prouver objectivement l’impossibilité des faits qui lui sont reprochés (en raison, notamment, de leur relative ancienneté), ni taxer ses accusatrices de calomnie puisque, par principe, toute femme se plaignant d’avoir été victime d’un viol par un individu qu’elle désigne nommément, est censée dire la vérité, et qu’on n’a pas le droit de prétendre qu’elle ment. En résumé, cet homme est considéré comme coupable à moins qu’il apporte les preuves matérielles de son innocence, ce qu’il lui est impossible de faire, tandis que ses accusatrices, elles, n’ont pas à prouver la véracité de leurs griefs. Les partisans de ces accusatrices et de Sandrine Rousseau et autres féministes qui défendent ce point de vue et accablent Damien Abad réalisent-ils les terribles dérives auxquelles mène cette conception de la justice ? Car, désormais, suivant cette optique, il suffira à des adversaires ou des concurrents d’un homme politique (en dehors ou au sein de son parti) de lancer contre lui une accusation de viol impossible à prouver en sollicitant le témoignage de femmes trouvant intérêt à la manœuvre (ou y étant contraintes) qui seront crues sur parole pour se débarrasser de lui en l’obligeant à se démettre de ses fonctions ou mandats. Et une telle pratique pourra être appliquée non seulement à des hommes politiques, mais tout aussi bien à des hauts fonctionnaires (ou des candidats à une fonction importante) que l’on souhaitera écarter. Et elle pourra avoir cours dans le privé. De plus, on peut augurer qu’à terme elle ne sera pas mise en application pour les seules affaires (supposées) de viol ou d’abus sexuel, mais également pour d’autres accusations (tentatives de corruption active ou passive, délit d’initié, trafic d’influence ou subornation, pour ne citer que quelques cas possibles).
Vers l’instauration d’un nouveau totalitarisme
Au total, le pouvoir en place (peu importe sa couleur) ou des groupes de pression de toutes sortes, influents dans les médias, l’intelligentsia ou la classe politique (et donc sur l’opinion publique) pourront, sans rencontrer le moindre obstacle sérieux, se livrer avec succès à une chasse au sorcières qui leur permettra d’évincer sans coup férir leurs adversaires ou ceux de leurs candidats, partisans ou amis, et de renforcer considérablement le règne, déjà tyrannique et insupportable, du politiquement correct, et d’asservir moralement encore un peu plus notre peuple. Nous vivrons, plus encore qu’aujourd’hui (c’est dire !) un véritable régime de terreur morale, intellectuelle et politique, dont les maîtres, leurs représentants et leurs relais à tous les niveaux, bafoueront en permanence, fouleront aux pieds, les principes fondamentaux du droit, et soumettront le pouvoir et l’appareil judiciaire. Le pouvoir politique, l’administration et toute la société se trouveront aux mains de fer de tous les lobbies, organisations, clans et clubs ultragauchisants, fanatiquement féministes, écologistes (écoféministes comme Sandrine Rousseau), LGBT, animalistes, vegans et autres, qui nous imposeront leurs idéologies, leurs marottes, leur dictature, et rendront la vie impossible à leurs adversaires. Nous connaîtrons alors une nouvelle Terreur (certes, la guillotine en moins, mais caractérisée par la plus implacables des persécutions) et, finalement, une nouvelle barbarie. C’est inadmissible. Les principes fondamentaux du Droit et de la Justice ne peuvent être violés (le terme est particulièrement adéquat), humiliés et asservis à ces groupes de pression qui entendent nous imposer leur totalitarisme. En dépit de leur statut social et de leur dignité civique d’élus, Sandrine Rousseau, ses semblables et ses soutiens de tout acabit, sont des terroristes et des aspirants tyrans animés par un fanatisme mortifère destructeur de toute notre civilisation (et avant tout en ce qu’elle a de plus humain et de plus élevé) et qui, s’il n’était pas combattu efficacement, nous conduirait à la pire des barbaries. Ce serait une régression du genre humain.
Plusieurs poids, plusieurs mesures ; question de prudence et de logique idéologique
Sandrine Rousseau promet l’organisation d’ « un beau tapage » (selon ses propres termes) à l’Assemblée nationale le jour où Damien Abad, réélu député et maintenu dans ses fonctions ministérielles malgré les accusations de viol portées contre lui, sera amené à prendre la parole devant les députés. On pourrait lui demander pourquoi elle s’acharne à ce point sur Damien Abad, qui ne fait l’objet d’aucune poursuite, et non sur Gérald Darmanin, contre lequel est instruite une affaire de viol (il a été blanchi d’une autre accusation analogue) ; pourquoi ne prévoit-elle pas contre lui un autre « beau tapage » ? Il est facile de le deviner. Gérald Darmanin, ancien ministre du Budget et des Comptes publics, ministre de l’Intérieur, est une figure dominante, un poids lourd de la vie politique française depuis 2017 ; il sera donc un adversaire infiniment plus coriace que Damien Abad, d’autant plus que, sur ce genre d’affaire le concernant, il a fait preuve d’une combativité qui s’est révélée efficace jusqu’à présent ; de quoi intimider Sandrine Rousseau et autres. Surtout si l’on songe que les sanctions prévues à l’encontre des députés fauteurs de trouble et d’obstruction à l’Assemblée nationale seront certainement appliquées sans faiblesse contre ceux qui chahuteraient un ministre très important, très influent au sein de la classe politiqu, et jouissant de l’appui du président de la République, plus que Damien Abad. Deux poids deux mesures ; Sandrine Rousseau, quoique fanatique, n’est pas folle et mesure les risques de son inconduite « tapageuse ». Menaçant Abad, elle se garde de menacer Darmanin (même si elle le critique à l’occasion) et ne lui promet pas un « beau tapage ». Il sera intéressant de voir si elle empêchera le ministre de l’Intérieur de parler à la tribune de l’Assemblée comme elle promet de le faire pour M. Abad.
Autre cas à suivre, relativement à l’attitude de Sandrine Rousseau et de ses semblables : celui de Chrysoula Zacharopoulo. Cette dame, récemment nommée secrétaire d’État à la Francophonie, fait l’objet de deux plaintes de femmes pour viol (mais oui !) dont elle se serait rendue coupable dans l’exercice de son métier de gynécologue. Sandrine Rousseau va-t-elle exiger son départ du gouvernement, comme elle l’a fait pour Damien Abad ? Et si Mme Zacharopoulo est maintenue dans ses fonctions, organisera-t-elle contre elle « un beau tapage » ?. On peut augurer que ce ne sera pas le cas. Les violences aux femmes intéressent Sandrine Rousseau seulement si elles sont le fait d’hommes. Son combat est celui de la dictature féministe, pas de la justice. Sandrine Rousseau œuvre inlassablement pour l’établissement d’une tyrannie « écoféministe » consistant en une dictature terroriste verte, décroissante, misérabiliste (sauf pour l’élite sans doute ), vegan, et en laquelle les hommes, « déconstruits » (c’est le mot qu’elle emploie pour caractériser sommairement son mari), lobotomisés, tenus en laisse, subiraient la domination de femmes devenues des amazones.
Un héritage historique paralysant et dangereusement nocif
Ses idées devraient normalement valoir à Sandrine Rousseau l’antipathie, la suspicion, la défiance. Elles devraient la faire accuser par l’opinion publique de fanatisme, et susciter la réprobation générale.
Mais nous sommes en France. Répétons-le : notre histoire contemporaine est jalonnée de tant dé révolutions, d’insurrections, émeutes et autres chahuts monstres et « beaux tapages », que bon nombre de nos compatriotes sont conditionnés à approuver ou, tout au moins à ne pas oser réprouver les pires excès des combattants de toutes les prétendues grandes causes au service de l’Émancipation des opprimé(e)s, de l’Égalité, du Progrès et des « valeurs de la République », à les comprendre et à leur accorder une sympathie spontanée. D’où le risque on ne peut plus sérieux de voir s’instaurer chez nous un nouveau totalitarisme. ■
Une analyse pertinente et de haute volée