Que dire de « l’énorme opération en cours contre Benoît XVI *» qui n’ait déjà été dit ailleurs et que, de manière spontanée, nous ne ressentions profondément en nous-mêmes ?
Une fois de plus, le Souverain Pontife se trouve affronté à « l’immense hostilité du système qui lui fait face *», comme Paul VI – certains diront : même Paul VI – choisit de braver par devoir l’impopularité lorsqu’il publia envers et contre tous l’encyclique Humanae Vitae ou Jean-Paul II Evangelium Vitae. Lorsque ce même Pontife publia l’encyclique Veritatis Splendor, où il rappelait que la splendeur de la vérité ne souffre aucune remise en question, ni par l’opinion, ni par aucune majorité, en aucun temps ni en aucun lieu, comment le « monde moderne » aurait-il pu comprendre ou accepter un tel message, qui va à l’encontre de ses fondements ? Le « système » – car c’en est un – en arrive, aujourd’hui, à nier – qu’elle soit absolue ou relative – jusqu’à l’existence d’une quelconque vérité. Sur l’essentiel, il n’y a donc pas de compromission possible entre lui et l’Eglise Catholique, sauf, pour cette dernière, à accepter de ne plus exister. Jusqu’à présent, l’Eglise se refuse (on pourrait dire : toutes les églises car les autres religions, à cet égard, disent à peu près les mêmes choses) à rabaisser la morale au niveau des mœurs et à sacrifier la vérité – ou ce qu’elle tient pour tel – au relativisme de ce que l’on appelle l’ « opinion » laquelle n’est, en réalité, que ce que le « système » veut bien qu’elle soit.
A la fin de la Longue Marche, les dirigeants du P.C. chinois, réunis autour de Mao, durent décider si la Longue Marche, où l’armée rouge avait perdu les trois-quarts de ses effectifs, était une défaite ou une victoire. Ils « décidèrent » que c’était une victoire. Ce fut donc une victoire.
Il faut savoir que, sous d’autres formes, tout aussi redoutables, nous vivons sous la tyrannie d’un « système » parfaitement totalitaire et dont, comme les malheureux Chinois crurent aux promesses de l’ « Horizon Rouge », les peuples ne s’aperçoivent même pas. Pour décider de ce qu’il faut faire, dire et penser, de la grève qui sera ou a été un grand succès, de la personnalité qu’il faut « se payer », de l’homme qui monte ou qui s’écroule, de l’idée qu’il faut combattre, et ainsi de suite, les composantes du « système » n’ont probablement même pas besoin de se réunir. Elles agissent et interagissent spontanément, de façon complémentaire, parfaitement orchestrée et d’une quasi universelle efficacité : ce sont « les instituts de formation de l’opinion et de sondages *» ; les grands médias (les seuls qui comptent vraiment) ; la classe politique prise dans son ensemble ; les appareils syndicaux, qui ne sont « représentatifs » que par tacite convention ; l’univers glauque et oppressif de l’Education Nationale ; et, à de rares exceptions près, le secteur dit des « associations », en pleine expansion. Cette « superstructure », homogène derrière d’apparentes oppositions, développe une pensée parfaitement univoque et, d’ailleurs, parfaitement nulle, sans cohérence et sans culture, qui devient, bon gré mal gré, la loi d’airain des peuples. A bien y regarder, il est douteux que les propagandes des régimes totalitaires d’autrefois aient exercé une plus grande emprise que celle-ci.
Que le pape en soit, sinon la première victime, du moins la première cible, n’a pas de quoi surprendre, pour les raisons que nous avons tenté de dire. Sans-doute n’en est-il pas lui-même étonné puisque dès la messe d’inauguration de son Pontificat, il avait adressé à l’assistance et au monde la demande suivante : « Priez pour moi, afin que je me dérobe pas, par peur, devant les loups ». La prière – ou le soutien – de ce qu’il nous reste d’hommes de bon sens et de culture, ne devrait pas lui manquer. Nous aurons à y revenir.
* Expression reprise d’un commentaire d’Antiquus, sur le blog.
Excellentissime article qui me permet de me joindre à vous afin de prier pour le Saint Père.
Cette campagne de dénigrement est tout à fait abjecte et scandaleuse.
Soutenons le Saint Père qui se trouve confronté à la réalité des Béatitudes, Heureux celui qui souffre à cause de Jésus Christ.
Meilleurs sentiments à toute votre équipe.
Je n’aurais qu’un mot à dire : Un grand BRAVO pour cette analyse, concise et tellement vraie.
Il y a dans cette campagne contre Benoit XVI, un fond détestable de ressentiment, de haine pour la grandeur qui me le pousse à le soutenir.
bravo pour vos propos:j’y adhère à 200%
que Dieu vous bénisse!
Je voudrais rajouter que par définition le pape ést admiré plus qu’obéi, écouté par tout un chacun mais rarement entendu.
Cet écart est typique de l’époque actuelle :l’individu, même croyant, a de plus en plus de mal à accepter des prescriptions morales fondées sur une tradition et impliquant une discipline ou un renoncement. Révélateur est le fait que, dans le discours du pape, qui porte sur toutes sortes de sujets, les observateurs ont généralement privilégié (dans une optique péjorative) ce qu’il dit sur la morale privée.
Celle-ci ne représente qu’une partie de son discours, mais c’est cette partie qui s’adresse le plus directement aux fidèles, et qui comme telle pose problème. Le pape, en d’autres termes, est perçu comme un professeur de morale, non comme un pédadogue de la transcendance ou de l’Incarnation. Alors même qu’elles sont en harmonie avec d’autres critiques, politiques ou intellectuelles, sa dénonciation de l’hédonisme de la société actuelle, sa condamnation de la « culture de mort », ses mises en garde répétées contre le « virus » de l’indifférentisme, du relativisme et du matérialisme pratique sont hélas tombées le plus souvent dans le vide.
Bravo à Sébasto dont le commentaire complète admirablement l’article du blog.