Par Gabrielle Cluzel
« Secouer les puces de l’Occident chrétien » plus qu’endormi, dénaturé, appeler « le peuple de France à se réveiller, à retourner à ses racines », c’est ce que Gabrielle Cluzel a retenu de l’homélie du cardinal Sarah lors du dernier pèlerinage de Chartres, dans cette excellente chronique [Boulevard Voltaire, 21.05] .
Rappelons pour ceux qui l’ignoreraient que Gabrielle Cluzel a participé – d’ailleurs brillamment – au colloque du Cercle de Flore « Refonder le bien commun », du 13 mai 2017, à Paris (Illustration ci-dessous). Et qu’elle a donné aussi une conférence aux mardis de Politique magazine en novembre dernier. LFAR
On peut décider de ne pas en parler. C’est, d’ailleurs, le choix d’une grande partie de la presse qui préfère, ces jours-ci, se concentrer sur Mai 68, le ramadan ou la poignée de bloqueurs d’université.
Ce n’est pas les intéressés, d’ailleurs, que ça va déranger, leur génération ne regarde plus depuis longtemps la télé. Mais, disons-le tout de suite aux médias : il ne faudra pas, ensuite, aller se plaindre, les gars, s’ébaubir, pousser des oh, des ah (comme pour LMPT), « Menfin ! d’où sortent tous ces gens-là ? » quand ce mouvement de fond silencieux, cette jeunesse florissante, discrète, mais décomplexée – c’est ce qui fait la différence avec ses aînés -, sortira du bois pour telle ou telle cause, et que l’on ne pourra plus l’ignorer.
Car cela viendra.
Mai 68 a 50 ans, Daniel Cohn-Bendit, 73. Eux autres, les 12.000 pèlerins lancés sur la route de Chartres en ce week-end de Pentecôte par le pèlerinage Notre-Dame de chrétienté, ont 21 ans en moyenne. 30 pour le clergé qui les encadre.
Ils rient, ils s’amusent, ils prennent des airs tragico-comiques pour contempler leurs ampoules, leur bronzage agricole et leurs cheveux en pétard après deux nuits sous la tente, comme tous les jeunes de leur âge. Et puis ils prient, ils chantent, ils s’agenouillent, ils souffrent, ils offrent, ils méditent, ils posent leur téléphone pour descendre, durant trois jours, au fond de leur âme, comme aucun jeune de leur âge.
Ils ont affreusement mal aux pieds et horriblement mal dormi mais – allez comprendre – en redemandent chaque année, et ramènent en sus des copains au « pélé ». La liturgie y est, depuis toujours, en forme extraordinaire mais, par une porosité croissante, l’origine des pèlerins dépasse largement le cercle des chapelles dites « tradi ».
Sur les réseaux sociaux, même les identitaires, qui ont habituellement la dent dure avec les cathos (naïfs, cuculs, gentillets), s’étonnent, admiratifs : « 12.000 jeunes rassemblés, 0 embrouille, 0 dégradation, pas un papier par terre. Comment ce miracle est-il possible ? Qui est ce peuple éduqué et respectueux ? Quelle est cette communauté qui n’emmerde personne ? », tweete Damien Rieu.
La messe de clôture solennelle du lundi, en la cathédrale de Chartres, est comparable, mutatis mutandis, à la Rollex de Sarkozy vue par Séguéla : qui n’a jamais assisté à l’immense procession, sous les cantiques, de ce jeune clergé précédé par un interminable cortège de bannières, d’étendards et de statues de la Vierge, a un peu raté sa vie. La bonne nouvelle est que, dans l’Église, toute erreur a sa rédemption : il pourra y aller l’an prochain.
Cette année, elle était célébrée par le cardinal Sarah, et cette présence symbolique, infiniment touchante, sonnait comme un juste retour des choses : dans son premier livre Dieu ou rien, sans renier sa culture familiale, il disait sa grande reconnaissance pour les missionnaires français : « Mon entrée dans la famille du Christ doit tout au dévouement exceptionnel des pères spiritains. Je garderai ma vie durant une immense admiration pour ces hommes qui avaient quitté la France, leurs familles et leurs attaches afin de porter l’amour de Dieu aux confins du monde. »
Des dizaines d’années après, c’est lui qui vient transmettre le précieux dépôt à de jeunes Français pas plus vieux que le gamin qu’il était, c’est lui qui vient rendre son héritage à un peuple qui l’a oublié. Et il le fait d’une voix forte, sans ambages, avec des accents de Jean-Paul II au Bourget : « Terre de France, réveille-toi ! », « Peuple de France, retourne à tes racines ! » Il fustige un monde occidental pris en étau entre le nihilisme et l’islamisme, l’exhorte à prendre exemple sur ses ancêtres dont la foi a bâti ces cathédrales, demande aux jeunes d’être « les saints et les martyrs » de demain. Pour la langue de buis, ne pas compter sur lui. Le cardinal guinéen a secoué les puces, pour son bien, de l’Occident chrétien. Et si c’était cela, aussi, l’universalité de l’Église ? •
Ecrivain, journaliste
Et le plus rageant pour les révolutionnaires de la rue et SURTOUT de salon, c’est qu’ils ne pourront jamais accuser le Cardinal SARAH de racisme. Il est bon que ce soit un Cardinal Africain qui rappelle la FRANCE à ses devoirs.
L’autre dimanche, mon épouse et moi assistions au Saint-Sacrifice de la messe dans un village valaisan en Suisse.L’officiant était un prêtre burkinabé venu remplacer le curé de la paroisse, afin de permettre à ce dernier de prendre quelques jours de vacances.
Notre célébrant burkanabé se livra à une homélie aussi touchante que remarquable, en excellent français.
Au cours de laquelle, il s’épancha d’une simple phrase qui provoqua l’émotion de tous :
« je suis heureux d’être ici, nous dit-il,car cela me donne la joie de vous rendre un peu de ce que vous m’avez donné en me convertissant à la Foi catholique. »
A propos du langage soutenu , pris , ce matin dans une salle d’attente un exemplaire du journal l’Express ; le feuilletant pour regarder les réclames je tombe sur un article traitant de la mort programmée du passé simple : il s’y écrit que celui -ci tombe en désuétude : les consignes de l’Education Nationale seraient de ne plus trop le faire apprendre ( discriminant , trop » élitiste » )Pourtant , rajoute finement l’article , une étude comparative de la prose de divers journaux réalisée dans les années 1990 mettait en évidence que c’était l’ » Humanité » qui l’employait le plus ; mieux : le journal l’ Equipe en usait , pour sa part , largement ! alors …