Nous avons plus d’une fois, ici-même, dit et redit la nécéssité de procéder au second Procès de Nuremberg, qui n’a toujours pas eu lieu : celui du Marxisme-Léninisme.
Voici qu’une lectrice nous communique les coordonnées d’un site sur lequel on ne perdra pas son temps (c’est le moins que l’on puisse dire !…) :
http://www.granarolo.fr/medias/exposition-tous-les-murs-ne-sont-pas-tombes.html
Il s’agit d’un site crée par Philippe Granarolo, dans lequel on trouvera un grand nombre de textes et de citations, dont nous avons extrait celle-ci, de Jean Sévillia (mais il y en aurait tant d’autres ! le mieux est d’aller voir par vous-même…) :
Ils se sont toujours trompés
« Cela fait cinquante ans que ça dure. A Paris, quelques dizaines d’hommes donnent le ton. Ils discourent à l’antenne. Ils publient des articles. Ils écrivent des livres. Ils enseignent en chaire. Ils interviennent dans les colloques. Ils signent des pétitions. Ils déjeunent ensemble. Ce n’est pas comme dans la chanson de Brel : chez ces gens-la, monsieur, on pense. On pense pour les autres.
Voici comment Philippe Granarolo présente son site:
« En novembre 2004, la municipalité de La Garde, dans le Var, fut l’une des rares communes de France à célébrer le 15e anniversaire de la chute du mur de Berlin, événement majeur de la fin du XXe siècle.
A cette occasion, Jean-Louis Masson, premier magistrat de La Garde, confia à l’adjoint au Maire que j’étais le soin d’organiser un colloque national « Tous les murs ne sont pas tombés ».
De prestigieux invités (Vladimir Volkoff, dont ce fut l’une des dernières apparitions publiques, Jean Sévillia, Jean-François Mattei, Alexandra Viatteau, etc.) prononcèrent dans la salle archicomble du complexe Gérard Philipe, des exposés mémorables.
J’organisais dans le même temps une exposition intitulée « L’autre barbarie du XXe siècle », à laquelle j’avais travaillé durant tout l’été 2004. Ce sont les panneaux de cette exposition qui sont présentés ici.
Certains d’entre eux contiennent des textes difficiles à trouver, et cette exposition est susceptible de fournir à tous ceux que ces questions intéressent des documents majeurs et des points de départ fort utiles pour prolonger la réflexion.On peut y accéder directement en se servant du lien suivant :
– http://www.granarolo.fr/medias/exposition-tous-les-murs-ne-sont-pas-tombes.html«
Permettez-moi de vous dire la méfiance que j’ai à l’égard de toute proposition de jugement des crimes du communisme, que d’ailleurs personne ne songe à nier. C’est que la culture du jugement est consubstantielle à la mentalité puritaine du XVIII° siècle anglo-saxon qui domine ce que nous appelons l’occident. Qui juge, et au nom de qui? Nos juristes d’Ancien Régime, de Potier à Loysel et Bodin, savaient qu’il n’y a pas de juge sans souveraineté. Accepter un juge en ce domaine, c’est renoncer à être un pays souverain. C’est pour cela que je suis frappé de consternation chaque fois que je tombe sur ces textes de Maurras où notre maître (mal inspiré) se tire une balle dans le pied en demandant que Guillaume II soit jugé par une commission interalliée et (!) pendu! Sur tous les plans, cette campagne de l’Action Française était lamentable et explique en partie nos échecs.
Non, si les hommes du communisme devaient passer en jugement, ce ne pouvait être que dans les pays où il avait régné, et cela n’a pas été le cas, alors même que les successeurs de ces états cherchaient à renouer avec la tradition nationale la plus ancienne. C’est ainsi que Poutine, réussissant ce que ni Barrès, ni Maurras n’ont réussi à faire, impose en Russie le drapeau impérial, fait communier la Russie entière dans le massacre d’Ekaterinenbourg et réunit dans un même nationalisme les anciens communistes et les tsaristes. Voir à cet égard le curieux essai de Mme Narodnistchkaïa.
Un jugement, même de nos ennemis, c’est toujours la victoire de l’idéologie que nous haïssons.
Je suis assez d’accord avec Antiquus.
Notre époque, qui se croit laïque, s’est trouvée une religion de rechange : la croyance au Mal politique ou idéologique absolu.
Avec l’effet du temps, on aurait pu espérer d’un apaisement des passions une possibilité de mieux comprendre – tenter de comprendre, par exemple, pourquoi, durant le vingtième siècle, des hommes d’une même rigueur morale ou d’un patriotisme également exigeant ont pu adopter des positions politiques rigoureusement opposées.
Il n’en est rien.
Les jugements politiques ou intellectuels sont placés dans la dépendance des jugements moraux, qui ne veulent connaître que des bons et des méchants.
Parallèlement, on institue des récits sacrés, des révérences obligées, des sujets dont on ne plaisante pas.
On nage en pleine métaphysique.
Je rejoins tout à fait, pour ma part, l’analyse d’Antiquus, les prétendus tribunaux internationaux n’étant, en effet, que l’émanation d’un certain nombre d’états ou de nations qui ne se satisfont pas d’avoir vaincu leurs adversaires mais entendent, de surcroît, les juger. Il s’agit-là, à l’évidence, d’une parodie de justice. Les vainqueurs sont-ils qualifiés pour juger les vaincus ? Peuvent-ils être juges et parties ? Et d’ailleurs, où résiderait une autorité judiciaire supérieure à ces dernières, la « communauté internationale » n’étant qu’une notion sans réalité autre que sa propre diversité et ses propres contradictions ?
Seul un jugement moral peut, peut-être, être porté, en pareille matière, par une institution assez « universelle », assez sage et disposant d’une autorité supérieure suffisante pour être largement reconnue.
Je ne vois, quant à moi, que l’Eglise Romaine qui puisse jouer un tel rôle. Elle l’exerce, d’ailleurs, tout au cours de l’Histoire. Elle l’a exercé à l’encontre du nazisme et du communisme. Mais Il est, aussi, remarquable, à mon avis, que le pape Jean-Paul II, après avoir contribué à l’effondrement du système communiste, ait aussitôt après fait porter son enseignement sur les erreurs du monde dit « libéral » et les vices de la société marchande, qui, à bien des égards, constituent, aussi, une forme de totalitarisme.
En réfléchissant à ce sujet, j’ai retrouvé, dans l’encyclique Mit Brenender Sorge, le texte suivant, où je reconnais, pour ma part, par son savant et juste équilibre, toute la sagesse de l’Eglise :
« Quiconque prend la race, ou le peuple, ou l’État, ou la forme de l’État, ou les dépositaires du pouvoir, ou toute autre valeur fondamentale de la communauté humaine – toutes choses qui tiennent dans l’ordre terrestre une place nécessaire et honorable,- quiconque prend ces notions pour les retirer de cette échelle de valeurs, même religieuses, et les divinise par un culte idolâtrique, celui-là renverse et fausse l’ordre des choses créé et ordonné par Dieu : celui-là est loin de la vraie foi en Dieu et d’une conception de la vie répondant à cette foi. »
Or, en matière d’idolâtries, notre société ne nous semble pas du tout être en reste avec celles qui ont précédé.