1209 : Massacre de Béziers
Bien qu’en majorité catholique, la ville refusait de livrer à Simon de Montfort et au légat du pape les cathares qu’elle protégeait.
La phrase célèbre « Tuez les tous ! Dieu reconnaîtra les siens ! » n’a jamais été prononcée : peut-être, tout simplement, parce que, comme l’explique Alain Decaux, la radicalisation des esprits était telle, et si forte leur imprégnation par la mentalité que révèle cette phrase apocryphe, qu’il n’était en fait nul besoin de la prononcer : elle « était » dans les esprits…
« Tuez-les tous, Dieu reconnaîtra les siens » serait en réalité une phrase inventée par un moine allemand, bien après les tueries de Béziers et qui n’était même pas sur place. Il semblerait que la version exacte de la phrase qui aurait été prononcée à la fin des combats, plus vraisemblable et logique en raison du grand nombre de victimes, serait : « Enterrez-les tous, Dieu reconnaîtra les siens« . Il est dommage que ce genre de légende soit repris sur CNews par Marc Menant et surtout par des gens plus sérieux comme Dimitri Pavlenko ou Mathieu Block-Côté.
1461 : Mort de Charles VII, le Victorieux, le Bien Servi
Dans notre album L’aventure France racontée par les cartes,voir la photo Guerre de Cent ans (4/4) : deuxième rétablissement
De Jacques Bainville, Histoire de France, chapitre VI, La Guerre de Cent ans et les révolutions de Paris :
« …Du point de vue le plus terrestre, du point de vue politique, ce qu’il y a d’incomparable chez Jeanne d’Arc, c’est la justesse du coup d’œil, le bon sens, la rectitude du jugement. Pour sauver la France créée par ses rois, confondue avec eux, il fallait relever la royauté. Pour relever la royauté, il fallait rendre confiance et prestige à l’héritier qui finissait par perdre espoir, et peut-être doutait de sa naissance même. C’est pourquoi la première rencontre de Jeanne et de Charles VII est si émouvante (Photo : plaque commémorative d’une autre rencontre entre Jeanne d’Arc et Charles VII au château de Loches). Le geste de Jeanne, reconnaissant le dauphin qui la met à l’épreuve, et tombant à ses genoux, est décisif. Le principe sauveur, la monarchie, est désigné. À l’homme, au roi légitime, la confiance en lui-même est rendue.
Elle fut rendue à tous. Il n’était pas rare que les militaires et les politiques qui aimaient le mieux Jeanne d’Arc ne voulussent pas l’écouter. Presque toujours c’était elle qui avait raison, ses pressentiments étaient vérifiés et elle dégageait un tel esprit de tranquille certitude que les gens faisaient sans effort ce qu’elle avait dit. Ainsi fut levé le siège d’Orléans (8 mai 1429). Puis, sans perdre une minute, n’écoutant pas les avis, intéressés ou désintéressés, des faux sages, Jeanne conduisit le roi à Reims. La vraie sagesse était de suivre son inspiration. D’enthousiasme, les Anglais qui essayaient de barrer le passage furent bousculés à Patay. D’enthousiasme, Troyes fut pris. Les gouverneurs bourguignons, effrayés par ce mouvement populaire, ne recevant pas de secours de Bedford, ouvrirent les portes de Châlons et de Reims. Le dauphin y fut sacré solennellement, selon les rites. Dès lors, le petit prince anglais ne pouvait plus être en France qu’un faux roi.
La France, après le sacre, retrouvait avec sa monarchie la condition de son indépendance et l’instrument de son salut…
Pourtant, une des grandes idées de la « bonne Lorraine » avait été la réconciliation des Français. Grâce au mouvement national que son intervention avait déterminé, le retentissement et l’horreur de son martyre réalisèrent son vœu. La domination anglaise était de plus en plus détestée. Paris même se lassait. Le duc de Bourgogne se sentait abandonné de ses partisans et la protection de l’Angleterre commençait à lui peser. Quatre ans après la mort de Jeanne d’Arc, au congrès d’Arras, il se réconciliait avec Charles VII qui n’acheta pas trop cher cet accord en exprimant des regrets pour l’assassinat de Jean sans Peur. Brève réconciliation. La maison de Bourgogne sera encore l’ennemie de la France. Mais il n’y aura plus chez nous que des débris du parti bourguignon. Le parti de la légitimité, le parti français, l’a emporté. Un an après le traité d’Arras, les Parisiens ouvrent leurs portes aux gens du roi et ils aident Richemond à chasser la garnison anglaise.
(Photo : salle du château de Loches)
Rien n’était encore fini. Les Anglais tenaient toujours une partie du royaume. Le reste était dans le chaos et la misère. Comme Charles le Sage, Charles VII avait tout à refaire : l’administration, les finances, l’armée, en un mot l’État. Et le roi de France n’avait que de misérables ressources : à la cour somptueuse de Bourgogne, dans le grand apparat de la Toison d’Or, on se moquait du « roi de Gonesse » monté sur « un cheval trottier ». Et non seulement Charles VII ne disposait que de faibles moyens, mais tout le monde avait perdu l’habitude d’obéir : les grands vassaux donnaient le mauvais exemple. Il faudra juger le duc d’Alençon, coupable d’avoir négocié avec l’Angleterre.
Le beau feu d’enthousiasme et de patriotisme qui avait pris naissance à Domremy ne pouvait durer toujours. Surtout il ne pouvait suffire à remplacer l’organisation et la discipline. Rétablir l’ordre, chasser les Anglais : ce fut, pendant vingt ans, la tâche de Charles VII. Il l’accomplit à la manière capétienne, petitement d’abord, pas à pas, posant une pierre après l’autre, aidé dans sa besogne par des gens de peu ou de rien, des bourgeois administrateurs, l’argentier Jacques Cœur, le maître de l’artillerie Jean Bureau. « Le bien servi » fut le surnom de Charles VII. Il eut le talent de se faire servir, d’écouter les bons conseils, d’exploiter les dévouements, d’être ingrat au besoin, bref de tout ramener au bien de l’État. Le résultat fut qu’à la mort du roi, l’Angleterre, en France, ne tenait plus que Calais. La victoire de Formigny (1450) effaça Crécy, Poitiers, Azincourt… »
Jeanne d’Arc conduite devant le roi Charles VII pour la première fois, au château de Chinon le 25 février 1429.
Sur la création de l’Armée permanente par Charles VII, et l’artillerie des frères Bureau, voir l’éphéméride du 26 mai.
1802 : Mort de Bichat
« Il est resté sur un champ de bataille qui veut aussi du courage et qui compte plus d’une victime. Personne en si peu de temps n’a fait tant de choses et si bien » (Corvisart)
1808 : Capitulation de Bailén
Dès le début, l’expédition d’Espagne fut un échec, et, selon les propres termes des généraux de Napoléon, « une horreur » : bien loin d’accueillir les Français en héros libérateurs, tout le peuple espagnol se souleva contre ces envahisseurs qui venaient, de force, leur enlever leur roi et combattre toutes leurs traditions, notamment religieuses (voir l’éphéméride du 2 mai).
Moins de trois mois après leur entrée en Espagne, les troupes françaises, attaquées partout, subissent un revers, militairement de peu d’importance mais dont l’impact psychologique se révèlera catastrophique : ce 22 juillet, encerclées par 17.000 soldats espagnols depuis trois jours, les troupes françaises commandées par le général Dupont capitulent à Bailén, en Andalousie.
Pour la première fois, une junte insurrectionnelle s’est soulevée contre l’occupant français et les armées de l’empereur sont mises en échec. Joseph Bonaparte devra quitter Madrid précipitamment le 30 et se réfugiera derrière l’Ebre.
Avec une emphase aussi excessive qu’erronée (puisque les troupes de Dupond n’étaient pas à Austerlitz) le général Castanos fera broder sur ses drapeaux « Aux vainqueurs des vainqueurs d’Austerlitz »…
Il n’en demeure pas moins que la capitulation de Bailén est le premier revers sérieux pour Napoléon, et le commencement de la fin : Bainville donnera pour titre au chapitre XVII de son magistral Napoléon « Le premier nuage vient d’Espagne ».
1927 : L’ensemble de la Collection des « Plans-reliefs » est classé Monument Historique
Créés à l’initiative de Louis XIV et de Louvois, son ministre de la Guerre, les Plans-Reliefs palliaient la qualité insuffisante des cartes, à l’époque. Le roi avait ainsi une idée très précise de l’état des places-fortes de la France…
Cette collection regroupe 111 éléments (le plus souvent au 1/600ème), désormais tous classés Monuments Historiques : 26 maquettes, 21 objets divers et 64 Plans-Reliefs.
Une partie de la collection est visible à l’Hôtel national des Invalides. Une autre (soit 16 Plans-Reliefs) est en dépôt à Lille. Le reste de la collection est stockée en caisse (soit près de 70 %), faute de place pour être présentée.
Maquette de la forteresse de Charleroy
Musée des plans-relief
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J’aime lire ces rappels historiques, je vous remercie.
Ne serait-ce pas au château de Chinon que Jeanne d’Arc a rencontré pour la première fois Charles VII en février 1429 plutôt qu’à Loches ?
« Tuez-les tous, Dieu reconnaîtra les siens » est une phrase inventée par un moine allemand, bien après les tueries de Béziers, et qui n’était même pas sur place. Il semblerait que la version exacte de la phrase qui aurait été prononcée à la fin des combats semblant plus vraisemblable et logique en raison du grand nombre de victimes serait : »Enterrez-les tous, Dieu reconnaîtra les siens ». Il est dommage que ce genre de légende soit repris par Marc Menant (pas étonnant !) et surtout par des gens plus sérieux comme Dimitri Pavlenko ou Mathieu Block-Côté.
Son esprit laïcard invétéré amène Marc Menanr à raconter souvent n’importe quoi. J’ai eu l’occasion, sur le Blog du Souvenir Chouan de Bretagne de reprendre nombre de ses déclarations pseudo-historiques. Un florilège.
Tapez Mac Menant dans la liste de recherche du Blog.
http://souvenirchouandebretagne.over-blog.com/2023/05/marc-menant-avec-mac-mahon-11eme-episode.html