870 : La fin de la Lotharingie
Après s’être alliés contre lui, et l’avoir vaincu, Louis le Germanique et Charles le Chauve, petits-fils de Charlemagne, se partagent le territoire de leur frère Lothaire II, la Lotharingie..
Bien loin d’être un simple souvenir lointain, ce fait recouvre une réalité qui va accompagner la France pendant mille ans, expliquant une grande part de ses difficultés.
Une fois de plus, on en a l’explication lumineuse grâce à Jacques Bainville.
De l’Histoire de France, chapitre III, Grandeur et décadence des Carolingiens :
« Au fond, l’Empire de Charlemagne était fragile parce qui était trop vaste. Il ne tenait que par le génie d’un homme. Dans une Europe où des nations commençaient à se différencier, refaire l’Empire romain était un anachronisme. Charlemagne avait dû fixer sa résidence à Aix-la-Chapelle, c’est-à-dire à mi-chemin entre l’Elbe et la Loire, de manière à n’être éloigné d’aucun des points où des mouvements pouvaient se produire. Ce n’était pas une capitale. C’était un poste de surveillance. Un peu avant sa mort, qui survint en 814, Charlemagne eut des pressentiments funestes pour l’avenir. Ses pressentiments ne le trompaient pas. (Ci-contre : Chapelle palatine, Aix la Chapelle)
Après quatre générations de grands hommes, la vigueur des Pipinnides était épuisée. Leur bonheur aussi. L’empereur Louis était un faible. Les peuples sentirent ce qui manquait à l’héritier de Charlemagne pour continuer l’œuvre de ses ancêtres et Louis « le Pieux » fut encore surnommé par ironie « le Débonnaire ». Dès qu’il règne, la belle machine construite par son père se dérange. Des révoltes, des conspirations éclatent. Des partis se forment. Les évêques eux-mêmes s’en mêlent. La majesté impériale n’est plus respectée. À deux reprises, « le Débonnaire » est déposé après avoir subi l’humiliation des pénitences publiques. Restauré deux fois, son règne s’achève dans l’impuissance en face de ses trois fils rebelles qui, avant sa mort, se disputent son héritage les armes à la main.
Lothaire, l’aîné, voulait maintenir l’unité de l’Empire. Charles le Chauve et Louis le Germanique se liguèrent contre lui. C’était déjà plus qu’une guerre civile, c’était une guerre de nations. La Paix, qui fut le célèbre traité de Verdun, démembra l’Empire (843). Étrange partage, puisque Louis avait l’Allemagne, Lothaire une longue bande de pays qui allait de la mer du Nord jusqu’en Italie avec le Rhône pour limite à l’ouest, tandis que Charles le Chauve recevait le reste de la Gaule.
L’unité de l’Empire carolingien était rompue. De cette rupture il allait mourir encore plus vite que la monarchie mérovingienne n’était morte. Les partages étaient l’erreur inguérissable de ces dynasties d’origine franque. Celui de Verdun eut, en outre, un résultat désastreux : il créait entre la France et l’Allemagne un territoire contesté, et la limite du Rhin était perdue pour la Gaule. De ce jour, la vieille lutte des deux peuples prenait une forme nouvelle. La France aurait à reconquérir ses anciennes frontières, à refouler la pression germanique : après plus de mille ans et des guerres sans nombre, elle n’y a pas encore réussi.
Nous devons un souvenir à celui des petits-fils de Charlemagne auquel la Gaule échut. De même que Louis le Germanique fut tout de suite un roi allemand, son frère, Charles le Chauve, se nationalisa et fut un roi français. Il eut à cœur de retrouver les provinces de l’Est. Le royaume de Lothaire n’était pas viable : faute d’avoir pu garder toute la Lotharingie ou Lorraine, Charles du moins écarta le roi allemand le plus loin possible. Malheureusement, il fut égaré par la chimère impériale et s’épuisa à vouloir reconstituer l’Empire carolingien. Mais il n’avait pas laissé de prescription s’établir contre la France. S’il n’avait pas rétabli l’unité de l’Empire, il avait affirmé l’unité française. C’était une idée nationale. Pour qu’elle vécût, il n’était pas inutile qu’elle eût été proclamée avant la disparition de l’État carolingien. Cette idée vivrait. D’autres allaient la recueillir. »
Dans notre album L’aventure France racontée par les cartes. voir la photo « Le Traité de Verdun et la Lotharingie »
La France en quête de ses frontières « naturelles » : la longue marche vers le Rhin.
1564 : Édit de Roussillon
C’est à Roussillon, près de Grenoble, que le roi signe en présence de sa mère, la régente Catherine de Médicis, un édit préparé par le chancelier Michel de L’Hospital et le ministre Sébastien de L’Aubespine.
Entre autres dispositions, cet Edit fixe au 1er janvier le début de l’année calendaire dans toute la France.
L’empereur d’Allemagne Charles Quint avait pris une mesure similaire pour ses terres quelques décennies plus tôt. En 1622, le pape généralise cette mesure à l’ensemble du monde catholique.
Lors d’un voyage dans différentes parties du royaume, le roi avait constaté que, selon les endroits, l’année débutait soit à Noël (à Lyon…), soit le 25 mars (à Vienne), soit le 1er mars ou encore à Pâques, ce qui provoquait évidemment des gênes et des confusions.
Afin d’uniformiser l’année dans tout le royaume, il prit un premier Edit à Paris, au début janvier 1563, comprenant 38 articles, relatifs à la Justice. Il le compléta par quatre articles, qu’il promulgua à Roussillon le 9 août 1564.
C’est l’article 39 qui annonce que l’année commencera désormais le 1er janvier :
« Voulons et ordonnons qu’en tous actes, registres, instruments, contracts, ordonnances, édicts, tant patentes que missives, et toute escripture privé, l’année commence doresénavant et soit comptée du premier jour de ce moys de janvier.
Donné à Roussillon, le neufiesme lour d’aoust, l’an de grace mil cinq cens soixante-quatre. Et de notre règne de quatriesme.
Ainsi signé le Roy en son Conseil »
signé Sébastien de l’Aubespine.
S’il est assez peu connu du grand public (c’est pourtant sous son règne qu’eut lieu la malheureuse Saint Barthélemy, voir l’éphéméride du 24 août), Charles IX est pourtant à l’origine de trois faits de société, plus « aimables », qui rythment encore aujourd’hui – à des degrés divers… – la vie du pays tout entier : c’est lui qui a lancé la coutume du muguet du 1er mai (voir l’Ephéméride du 1er mai), et lui aussi qui est à l’origine des blagues et canulards du 1er avril (voir l’éphéméride du 1er avril) : on lui doit en effet les souhaits et réjouissances de la « Bonne année », son Edit de Roussillon ayant unifié les pratiques du royaume, pour tous et partout, faisant commencer désormais l’année civile le premier janvier.
1902 : Couronnement d’Edouard VII d’Angleterre, qui a commandé 27 diadèmes à Jacques Cartier, qu’il appelle « le roi des joailliers et le joaillier des rois »
Jacques Cartier est nommé pour l’occasion joaillier attitré de la cour d’Angleterre, et la maison Cartier – fondée par Louis-François Cartier en 1847 – devient la plus prestigieuse joaillerie du monde.
1946 : Mort de Léon Gaumont
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