218 Avant Jésus-Christ : Hannibal est sur le Rhône
Hannibal traversant les Alpes à dos d’éléphant, Nicolas Poussin (1625-1626).
Après avoir franchi les Pyrénées, et avant de franchir les Alpes, Hannibal franchit le Rhône, très probablement entre Arles et Avignon.
S’agissant d’un événement aussi lointain, on n’aura jamais de certitude absolue sur telle ou telle date précise, mais le jour du 25 août est communément retenu par plusieurs spécialistes pour le franchissement du fleuve.
Il emmène avec lui cinquante mille hommes, neuf mille chevaux et trente-sept éléphants de guerre, sans compter ses impedimenta : Polybe, Sénèque, Tite Live, Varron (et, plus généralement, l’ensemble du monde antique) ont considéré cette marche d’Hannibal comme l’un des exploits les plus fascinants de l’Histoire. Cet épisode, qui frappa l’imagination des anciens, fut considéré comme un exploit Herculien parce que c’était la première fois qu’une armée entière le réalisait.
Encore faut-il préciser qu’Hannibal, parti de Carthagène avec 100.000 hommes avait déjà perdu la moitié de ses effectifs en arrivant au Rhône, et qu’il allait en perdre encore la moitié puisque, sur les 50.000 hommes qui franchissent le Rhône avec lui, seuls 26.000 entreront en Italie.
Si le lieu de franchissement du Rhône est communément admis, c’est après, pour le franchissement des Alpes, qu’aucune certitude n’existe.
383 : Assassinat de l’empereur Gratien
Gratien fut le premier empereur à refuser de porter le titre de Pontifex maximus. Déjà, en 378, il avait fait retirer de la salle de réunion du Sénat la Statue de la Victoire, symbole païen, malgré les protestations énergiques des « vieux romains ».
1. De Michel Mourre
« …Il nomma Théodose, le meilleur de ses généraux, empereur d’Orient (janvier 379). Sous l’influence de Saint Ambroise et de Théodose, il combattit le paganisme, supprima les collèges de prêtres païens (382) et, malgré la protestation pathétique de Symmaque, fit enlever du Sénat la statue de la Victoire. Résidant le plus souvent à Trèves (ci contre, la Porta nigra, ndlr), il favorisa les officiers germains à son service et s’aliéna ainsi une partie des légions… »
2. De l’Encyclopedia Universalis
Empereur romain né en 359 à Sirmium, province de Pannonie (auj. Sremska Mitrovica, en Serbie), mort le 25 août 383 à Lugdunum (auj. Lyon).
À l’âge de huit ans, Gratien (Flavius Gratianus Augustus) est proclamé auguste par son père, Valentinien 1er, qui espère assurer sa succession au trône sans accroc. Gratien partage ainsi le pouvoir avec son père, qui règne sur l’Occident de 364 à 375 et son oncle Valens, qui règne sur l’Orient de 364 à 378. L’éducation du jeune garçon est confiée au poète Ausone, qui est nommé préfet du prétoire.
A la mort de Valentinien 1er, le 17 novembre 375, Gratien règne seul sur l’Occident. Quelque temps plus tard, il nomme auguste son demi-frère de quatre ans, proclamé empereur (Valentinien II) par les légions d’Illyrie à Aquincum (près de Budapest). Sous l’influence d’Ausone, Gratien apprend à faire preuve de clémence et à se rendre populaire. Il consacre une grande partie de son règne à repousser de Gaule les tribus venues d’outre-Rhin. En 378, ses troupes arrivent trop tard à la bataille d’Andrinople, où Valens combat les Goths et trouve la mort. En 379, Gratien nomme Théodose empereur d’Orient (ci contre, Musée du Louvre, ndlr).
En 381, Magnus Clemens Maximus, dit Maxime, se fait proclamer empereur en Bretagne. Lorsqu’il envahit la Gaule en 383, Gratien essaie immédiatement de lui barrer la route. Déserté par ses troupes, ce dernier cherche à se réfugier dans les régions transalpines mais il est assassiné à Lugdunum par le Goth Andragathius, le maître de cavalerie de Maxime.
Pendant la dernière partie de son règne, Gratien subit fortement l’influence de saint Ambroise :
• par considération pour l’Église chrétienne, il est le premier empereur romain à ne pas mentionner les mots pontifex maximus (« prêtre suprême ») dans son titre;
• de même, il fait enlever du sénat de Rome la Statue de la Victoire, symbole du paganisme, malgré l’opposition d’une délégation de sénateurs dirigée par Symmaque (Quintus Aurelius Symmachus).
Monnaie d’or à l’effigie de Gratien (avers, à gauche, et revers, à droite)
1270 : Mort de Louis IX
Celui qui deviendra Saint Louis s’éteint à 56 ans, devant Tunis, emporté par la peste.
La mort de Saint Louis, miniature de Jean Fouquet, XVème siècle, Bibliothèque Nationale.
Saint Louis, premier roi de France à avoir été fait prisonnier sur le champ de bataille (voir l’éphéméride du 11 février), est donc aussi le premier roi de France mort à l’étranger (voir l’éphéméride du 8 avril)
• Jean de Joinville rapporte, dans sa Vie de Saint Louis, les recommandations que le souverain mourant livre à son fils, Philippe III (ci dessous) :
« Beau fils, la première chose que je t’enseigne, c’est de disposer ton cœur à aimer Dieu ; car sans cela, nul ne peut être sauvé. Maintiens les bonnes coutumes de ton royaume et abaisse les mauvaises. Ne convoite pas sur ton peuple, ne le charge pas trop d’impôts ni de tailles, si ce n’est par grande nécessité. Prends soin d’avoir en ta compagnie des gens, prud’hommes et loyaux, qui ne soient pas plein de convoitise, qu’ils soient religieux ou séculiers, et parle-leur souvent…
Garde-toi de faire la guerre contre les chrétiens, sans grand conseil ; et s’il te faut la faire, protège la sainte Église et ceux qui n’y sont pour rien… Que Dieu te donne la grâce de faire toujours sa volonté, si bien qu’il soit honoré par toi et que toi et nous puissions, après cette vie mortelle, être ensemble avec lui et le louer sans fin. Amen. »
Devenu roi, Philippe III porta lui-même le cercueil de son père jusqu’à la basilique de Saint-Denis; s’arrêtant sept fois pour se reposer, et faisant élever, à chaque fois, un « Mont-joie », il est ainsi à l’origine de ces sept monticule sculptés, devant lesquels s’arrêteront, jusqu’à la sinistre révolution qui les détruisit, tous les cortèges funèbres royaux : voir l’éphéméride du 12 août.
• Dans son Essai sur les Moeurs, Voltaire écrira ceci sur lui :
« …Sa piété qui était celle d’un anachorète ne lui ôta aucune vertu de roi… Il sut accorder une politique profonde avec une justice exacte et peut-être est-il le seul souverain qui mérite cette louange : prudent et ferme dans le conseil, intrépide dans les combats sans être emporté, compatissant comme s’il n’avait jamais été que malheureux. Il n’est pas donné à l’homme de porter plus loin la vertu. »
• Le pape Benoît XVI l’a évoqué dans son Angélus du dimanche 29 août 2010 :
« …Saint Louis IX, roi de France – dont on a fêté la mémoire mercredi dernier – a mis en pratique ce qui est écrit dans le Livre du Siracide : « Plus tu es grand, plus il faut t’abaisser pour trouver grâce devant le Seigneur » (3, 18). Il écrivait ainsi dans son « Testament spirituel à son fils » : « Si le Seigneur te donne quelque prospérité, non seulement tu devras le remercier humblement, mais prends garde de ne pas devenir pire par vaine gloire ou d’une autre façon, prends aussi garde de ne pas t’opposer à Dieu ou de l’offenser par ses propres dons » (Acta Sanctorum Augusti 5 [1868], 546)… »
1664 : Aux origines du mot « Salon »
L’Académie royale de peinture et de sculpture fut créée à Paris en 1648.
Pour en faire partie un artiste devait soumettre une œuvre appelée « morceau de réception », qui devenait la propriété de l’Académie. Celle-ci présentait les œuvres au public de manière irrégulière à l’occasion d’expositions.
En 1725, l’exposition eut lieu au Salon carré du Louvre, puis s’y déroula régulièrement à partir de 1737 : le succès étant immense, l’habitude fut alors prise de parler du « Salon officiel » comme lieu de présentation au public des œuvres des Académiciens.
Ensuite, et par extension, n’importe quelle manifestation, dans n’importe quel domaine, fut organisée sous le nom, archi-employé aujourd’hui, de « Salon… »
1718 : Fondation de la Nouvelle-Orléans
Des colons français fondent à l’embouchure du Mississipi la ville de la Nouvelle-Orléans, baptisée ainsi en l’honneur du duc d’Orléans, qui exerce alors la Régence pendant la minorité de Louis XV.
Elle deviendra la capitale de la colonie de Louisiane.
Cédée en 1762 à l’Espagne, qui la restituera à la France en 1800, elle sera vendue aux États-Unis en 1803 par le premier consul, Napoléon Bonaparte, avec le reste de la Louisiane (éphéméride du 30 avril).
Dans notre album L’aventure France racontée par les cartes, voir la photo « Rêves d’Empire : aux Amériques (I/III) ». et les deux suivantes
1820 : Mort de Précy
De Michel Mourre, Dictionnaire encyclopédique d’Histoire, page 3.665 :
*PRECY Louis François Perrin, comte de (château de Précy, près de Semur, Bourgogne, 15/1/1742, Marcigny sur Loire, 25/8/1820). Général français. Commandant de la Garde constitutionnelle de Louis XVI en 1791, il montra une fidélité héroïque au roi dans la journée du 10 Août, puis fut choisi comme commandant militaire par la ville de Lyon, insurgée contre la Convention. Après avoir soutenu deux mois de siège (août/octobre 1793), il réussit une sortie avant la chute de la ville et put se réfugier en Suisse. Louis XVIII le fit lieutenant général et lui donna le commandement de la garde nationale de Lyon.
C’est son héroïsme et ses capacités militaires qui sont célébrées dans La ligue noire, l’hymne des Lyonnais fédéralistes et royalistes révoltés contre la Convention.
Ecouter La Ligue noire ou Les fantassins lyonnais
Chant de tradition française interprété par la chorale de la promotion ESM Colonel Cazeilles.
• Gauthier et Albitte sont les conventionnels représentants le Comité de Salut Public;
Crancé (de son vrai nom Dubois-Crancé) fut nommé par Barère – celui qui demanda de « détruire la Vendée » ! – , commissaire à l’armée des Alpes, au printemps 1793. Il avait été promu général de brigade le 8 mars 1793, et c’était lui qui dirigeait le siège de Lyon.
• Montessuy est un fort situé au nord de Lyon ;
• Caron fait référence à Charon, le fils des Ténèbres et de la Nuit qui, dans la mythologie grecque assurait le transport des défunt vers le royaume des morts, grâce à sa barque ;
• Précy (ci dessous) est le chef royaliste de l’insurrection: il a héroïquement défendu Louis XVI lors de la journée du 10 Août, aux Tuileries (éphéméride du 10 août).
1829 : Inauguration du Bassin Charles X, à Cherbourg
Construction du port militaire de Cherbourg
La construction de la digue formant la rade de Cherbourg – la plus grande rade artificielle du monde (ci dessous) – est une aventure extraordinaire initiée à la fin du XVIIIème siècle par Louis XVI et achevée en 1858 par Napoléon III. Il s’agit d’un projet pharaonique, qui devait assurer à la France une défense stratégique face aux ennemis anglais.
Jusque là, personne au monde n’avait envisagé de construire une digue en pleine mer, sur un fond sableux de 15 m, sans enrochements à partir desquels élever un tel ouvrage.
En 1782, Louis XVI, féru de sciences et de marine, confiera à l’ingénieur Louis-Alexandre de Cessart le soin de mettre en œuvre son projet de construire des cônes en bois de 20 mètres de haut, les couler en pleine mer, puis les remplir de pierres. 90 cônes ainsi coulés côté à côté devaient former la digue de Cherbourg. Il fallait, face à l’ennemi anglais, pouvoir mettre à l’abri une flotte de 80 vaisseaux au plus près des côtes anglaises. Louis XVI vint en personne assister au coulage du 9ème cône en 1786 : sur son voyage triomphal, voir l’éphéméride du 29 juin.
Dans le contexte de la guerre d’indépendance des États-Unis, Louis XVI désirait disposer d’un grand port militaire sur la Manche, comparable à celui de Brest sur l’Atlantique : il décida donc l’édification d’un port militaire dans le Cotentin. En 1777, deux projets lui furent présentés : celui de l’ingénieur en chef des Ponts et chaussées et des ports de la généralité de Caen, Armand Lefebvre, prévoyant la fortification de la rade de Cherbourg autour du port de commerce agrandi. Et celui de Choquet de Lindu, directeur du génie maritime, privilégiant la construction d’un arsenal de première classe à la Hougue.
La Couldre de La Bretonnière (ci contre) mena une étude comparative des deux projets, qui conclut à la supériorité de la rade de Cherbourg, proposant qu’elle soit « couverte par une jetée de deux mille toises de long, située entre la pointe de Querqueville et les récifs de l’île Pelée« , assise sur un fond de 20 mètres.
Pour La Bretonnière, il fallait asseoir la digue sur des vieux bâtiments de guerre immergés, remplis de pierres perdues, et la maçonner sur sa partie supérieure. Mais on préféra le projet innovant de Cessart consistant en une digue à claire-voie, par l’immersion de 90 cônes de bois lestés de pierres, de 30 mètres de diamètre à la base et 20 mètres de hauteur.
Les travaux débutèrent dans les années 1780. L’île Pelée fut fortifiée tandis qu’on immergea, en présence du roi, des cônes en bois remplis de pierre au large du port pour servir de fondations à une digue. Mais les crédits s’épuisèrent rapidement, ne permettant l’immersion que de 18 cônes lorsque les travaux furent interrompus par la Révolution..
Ils reprirent à la demande du Premier consul Bonaparte en 1803 (décret du 25 germinal an XI), avec pour objectif l’invasion de l’Angleterre. En 1813, la digue du large qui fait de la rade de Cherbourg la plus grande rade artificielle au monde fut achevée. Napoléon chargea l’ingénieur Joseph Cachin du creusement, à l’ouest de la ville, de l’avant-port militaire, inauguré le 27 août 1813 par l’impératrice Marie-Louise, et décida de déplacer l’Arsenal au même endroit.
À l’abri des attaques anglaises, le port devient en 1803 un port d’attache de corsaires.
Les deux derniers bassins (« Charles X », commencé en 1814 – de 290 x 220 x 18 mètres – et « Napoléon III », commencé en 1836 – de 420 x 200 x 18 mètres – furent respectivement inaugurés le 25 août 1829 – en présence du Dauphin – et le 7 août 1858, par le couple impérial.
Vue aérienne de Cherbourg, aujourd’hui
1908 : Mort d’Henri Becquerel, Prix Nobel de Physique 1903
1939 : L’Humanité soutient le pacte de non-agression Germano-Soviétique : elle sera interdite deux jours plus tard.
C’est le gouvernement Daladier qui interdit l’organe central du PCF, lequel entra alors dans la clandestinité, et fit même des démarches – en juin/juillet 1940 – auprès de l’occupant nazi pour obtenir des Allemands l’autorisation de reparaître !
Il faudra attendre la guerre entre l’U.R.S.S. et l’Allemagne nazie pour que le journal, toujours fidèle caniche du Komintern et – à l’époque – du sinistre Staline opère un virage à cent quatre-vingt degrés et devienne officiellement « résistant », après tout de même presque deux ans de complaisance envers l’ennemi.
Interdite en 1939 pour son soutien au pacte germano-soviétique, L’Humanité alla même, un an plus tard, jusqu’à célébrer la paix avec Hitler (éphéméride du 28 août)
Meilleurs tacticiens, car plus roués, que les royalistes d’Action Française – et, surtout, aidés en tout et massivement par un Staline et un Komintern alors au faîte de leur puissance – les communistes réalisèrent le prodige, à la fin de la guerre, d’accaparer presque la Résistance et, en tous cas, de faire régner une nouvelle Terreur, baptisée Epuration (!), de briser le mouvement royaliste et de faire condamner Maurras pour « intelligence avec l’ennemi » (éphéméride du 28 janvier) alors que, dès les premiers jours du conflit, l’Action française fut à la pointe du combat contre l’Allemagne : c’était le triste temps où les premiers « collabos » faisaient condamner les premiers résistants !
1944 : « Paris libéré… »
Le général Leclerc reçoit, devant la gare Montparnasse, la capitulation des troupes allemandes. Débarqué en Normandie à la tête de la 2ème division blindée deux mois plus tôt, ses premiers blindés étaient entrés dans Paris dès le 24 au soir.
Dans notre album L’aventure France racontée par les cartes, voir les deux photos « La 2ème DB : de Douala à Berchtesgaden… (I/II) » et « …en passant par la Normandie (II/II) ! ».
Ci-dessus, le char Sherman M4A2 ROMILLY, premier blindé Français à entrer dans Paris avec le détachement du capitaine DRONNE, le 24 août 1944 dans la soirée. Il est commandé par l’adjudant CARON qui sera tué au combat le lendemain
Le lendemain, De Gaulle descendra les Champs Elysées.
1985 : Premières « Fêtes de la Saint Louis » à Aigues-Mortes
Aigues-Mortes – Fêtes de la Saint-Louis
1995 : Premier vol de l’Airbus A 319
L’Airbus A319 est une version plus courte de 4 mètres que l’A320, mais avec les mêmes moteurs et la même quantité de kérosène, ce qui en fait donc un avion plus léger avec une autonomie accrue.
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Aujourd’hui est fêté Saint Louis de France.Il gouverna avec fermeté et sagesse,avec une attention spéciale aux pauvres et aux malades.Encore en grand Roi de France!Bien à vous tous.
Saint louis de France est le seul roi de France à être canonisé.Ne jamais oublier nos rois car ils ont été oints pour l’éternité,c’est pourquoi la Royauté reste vivante.Bien à vous tous
Faire franchir le Rhône à 50 000 homme en une seule journée est une impossibilité absolument flagrante. Un tel franchissement est toujours extrêmement difficile aujourd’hui, et impossible avec les moyens actuellement disponibles. Il l’est donc encore bien plus avec les moyens de l’époque, tant en termes de moyens de franchissement qu’en terme d’entretien des berges « entrée » et surtout « sortie », évidemment détrempées par les tonnes d’eau charriée par les hommes, les animaux et les chariots.
Cet entretien fondamental pour tout franchissement hors infrastructure fixe (inexistante dans le cas présent) exige une main d’oeuvre nombreuse, un outillage important, des carrières proches pour y produire du matériau (exigeantes également en effectif et outillage) et des cheminements (vraisemblablement inexistants) d’apport sur le chantier. La seule solution restant était vraisemblablement l’emploi de la « pénétrante » pour amener le matériau nécessaire, ralentissant d’autant le franchissement.
Cette impossibilité est lourdement compliquée par l’incapacité de l’axe (la voie héraclèenne devenue domitienne) à délivrer 50 000 hommes:jour.
L’installation et l’entretien du site, voire très certainement plutôt de la zone de franchissement ont exigé des milliers d’hommes arrivant au rythme autorisé par la « traficabilité » de l’axe. Traficabilité extrêmement faible, comme peut aisément l’illustrer le pont Julien (ouvrage installé ultérieurement sur le même axe) et diminuée d’autant par chacun des 10 franchissements majeurs entre les Pyrénées et le Rhône (sans compter les paluds. Il fallait de surcroît soutenir ces milliers d’hommes , au moins en alimentation, par un axe déjà surchargé et exploité à son maximum.
Aussi, cet événement n’a pu se dérouler que sur plusieurs mois, et en aucun cas en un seul jour. Les seuls mois en zone méditerranéenne permettant de franchir les paluds et de ne pas endommager l’axe irrémédiablement sont les mois d’été. Sauf planification et surtout exécution extraordinairement rigoureuse quasi impossible, eu égard aux moyens de communication et aux distances importantes à couvrir, il est plus que probable qu’il a même fallu plusieurs étés.
Ces absolues incohérences militaires d’un tel événement pourtant largement présenté par la littérature comme intangible met en lumière la difficulté de s’en remettre en matière militaire, à tous les griots assermentés, Jacques de Voragine d’une légende dorée radicalement éloignée des réalités du terrain.