Daniel Buren, qui a enlaidi le Palais Royal avec ses « colonnes », vit bien avec les commandes de la république: outre les dites colonnes -vendues fort cher…- qui défigurent un des plus beaux sites de la capitale, il a fourgué à Jack Lang sept mâts, installée en 1989 dans sept villes françaises: ces mâts étaient censés rappeler le parcours des Fédérés,et furent installés sur une diagonale allant de Marseille à Lille.
Il ne reste aucun de ces sept mâts, facturés tout de même 100.000 euros chacun: cinq ont disparu, Avignon a monté une éolienne sur le sien, et Marseille vient de ranger le septième (ci dessous) -tout rouillé- dans ses réserves: l' »art » (!) républicain ne semble pas, en l’occurrence, avoir une très grande longévité !
Il est scandaleux qu’un ministre en exercice -Jack Lang en l’occurrence- ait fait profiter ses copains de gauche de commandes de l’Etat, c’est à dire d’un argent public, aussi mal employé. On songe, à l’inverse, au propos de Sacha Guitry:
« On nous dit que nos Rois dépensaient sans compter,
Qu’ils prenaient notre argent sans prendre nos conseils,
Mais quand ils construisaient de semblables merveilles,
Ne nous mettaient-ils pas notre argent de côté ? »
Votre bonté naturelle vous fait attribuer à un désir de lucre trop humain ce qui est en fait l’expression d’une tyrannie arrogante, sans d’ailleurs que les aspects financiers soient pour autant inexacts. Vers 1920, une grande exposition d’art moderne exhiba en guise d’oeuvre d’art un urinoir renversé. Jean Paulhan fit alors un célèbre discours dans lequel il donnait à cet évènement la valeur d’un changement d’ère. Désormais l’oeuvre d’art ne serait plus définie par les mécènes, les princes, les bourgeois ou même les simples amateurs, mais par des autorités désignées à cet effet par les pouvoirs nouveaux. Peu importait que les peuples méprisassent ces objets, et le choix d’une pissotière était à cet égard une provocation volontaire, de même que l’édification de colonnes de Buren au centre du palais-royal, ou la pyramide du Louvre au centre de la perspective royale. Ainsi était-il signifié qu’aucun retour en arrière n’était possible.
Vive le marteau du barbare !