Prenons le « cas » de Colbert: avec Louis XIV et parce qu’il y a Louis XIV, Colbert reste à sa place, et avec lui les nombreux services qu’il dirige…; il n’est « que » Colbert -ce qui est en soi énorme…- et il rend pleinement le service pour lequel il a été appelé à la fonction qu’il occupe; mais il ne devient pas le technocrate que peuvent devenir ses successeurs d’aujourd’hui, et leurs services: car eux n’ont plus Louis XIV au-dessus d’eux: et comme la Nature a horreur du vide, principe de physique élémentaire bien connu, les grands commis, les techniciens, les services et les bureaux etc… ont tout naturellement tendance, depuis qu’il n’y a plus de Roi, a remplir tout l’espace laissé libre par l’absence de celui-ci; l’exemple le plus parlant de cette excroissance anormale, monstrueuse et inquiétante est le Ministère de l’Éducation Nationale: on peut bien changer tous les ministres qu’on voudra, c’est d’une réforme structurelle qu’a besoin ce Ministère: il faut d’abord « casser » cet empilement, cet amoncellement ahurissant de mini Bastilles toutes plus idéologiques (de gauche évidemment) les une que les autres; elles se fichent bien pas mal du nom du nouveau ministre: ce sont elles qui dirigent et qui dirigeront tant qu’on ne les aura pas démolies…
Ce qui se passe dans l’Éducation se passe aussi ailleurs, simplement parce qu’un président élu, qui change souvent voire très souvent, et qui n’est que « de passage », ne représente qu’une présence éphémère la où le souverain représentait la Permanence de la Nation et limitait de fait, par sa seule présence, les empiètements, les dérives possibles; « les dirigeants passent, les bureaux restent » dit-on avec justesse: le problème est là! maintenant que la république est installée depuis 130 ans et que l’on dispose donc du recul nécessaire, on voit bien que le poids des présidents de la république n’a pas été le même, sur la durée, que celui des Rois; et peu à peu la république en est arrivé a générer cette caste des technocrates; elle a fini par favoriser le passage du technicien au technocrate, ce qui n’a été bénéfique pour personne…
En réalité, dans l’intérêt de la France et dans leur propre intérêt, les responsables politiques ou économiques doivent avoir à côté d’eux et autour d’eux, pour les recadrer en permanence et les empêcher de sortir de leur rôle, un pouvoir qui les dépasse dans ses fondements et dans sa légitimité; un pouvoir qui pourrait le faire parcequ’il incarne la Nation Éternelle, bien supérieure aux politiques contingentes, aussi indispensables et respectables soient elles…Dans ce domaine aussi la réflexion de Poincaré, au soir de sa vie, est pleine d’enseignements: « Maintenant que j’ai le temps de réfléchir, je me demande si l’erreur initiale de la France ne date pas du moment où elle a coupé la tête à son Roi… »
Bonjour,
auriez-vous la source ou les références de la citation de Poincaré ?
merci d’avance, et bravo pour votre blog.