Par Radu Portocala.
Ce court billet – talentueux comme les précédents – est paru hier 4 octobre sur la page Facebook de son auteur. Est-t-il si sûr que la Russie ne souffre pas aussi de la situation où les « sanctions » nous ont placés, tous tant que nous sommes ? Nous n’en jurerions pas. Elle souffre certainement aussi des difficultés de son entreprise militaire en Ukraine où elle doit faire face, en réalité, non pas essentiellement à la résistance du Pays, mais à l’offensive de la coalition emmenée, voulue, financée, puissamment armée et très évidemment contrôlée par l’Amérique. Mettons un instant de côté la question de savoir qui, de l’Europe bruxelloise ou de la Russie, souffre le plus des sanctions. Depuis le Blocus Continental décidé par Napoléon pour mettre l’Angleterre « à genoux », les Français, au moins, devraient savoir ce que vaut cette politique. Ce que nous devrions savoir aussi est que les seuls à ne pas en souffrir et même à en tirer de vastes profits, commerciaux et géostratégiques, pour l’instant, ce sont les États-Unis d’Amérique. Cela se fait à notre détriment, il serait temps de s’en rendre compte.
Aveuglée, sans doute, par la lumière que répand son chef branché sur la prise américano-ukrainienne, Mme Borne brandit à son tour le glaive : « Notre objectif est le même depuis le début : rendre le coût de la guerre insupportable pour la Russie. Frapper durement son économie pour l’empêcher de financer son offensive. »
Il y a dans la médecine une chose qui s’appelle effet paradoxal. Le médicament qui est prescrit produit un résultat contraire à celui qui est attendu. Comme, par exemple, le somnifère qui, au lieu d’endormir, tient éveillé celui qui l’a pris. Le médecin qui incite le patient à continuer un tel traitement est un mauvais médecin, quand ce n’est tout simplement un idiot dont il faut se méfier.
La potion antirusse qu’on nous administre avec l’explication qu’elle détruit la Russie a, justement, un tel effet paradoxal. Si les étals des magasins se vident, si les prix flambent, s’il fait froid dans les maisons, si une morosité sans précédent s’installe, si les entreprises font faillite – c’est ici, chez nous, en non en Russie. Nous nous flagellons, mais ce n’est pas la Russie qui a mal.
C’est donc ici et non en Russie que le coût de la guerre est insupportable. Comme tout ce spectacle doit être risible observé depuis Moscou ! Comme ils doivent se frotter les mains là-bas en faisant l’inventaire de nos pénuries censées les faire souffrir ! Au nom de « nos valeurs », Bruxelles a rendu le masochisme obligatoire et a fleuri bêtement le monument de nos désastres. ■
On ne peut plus espérer qu’une révolte du peuple soit pour changer de politique soit pour changer de pouvoir.