Vers 290 : Martyre de Saint Lucien
L’un des premiers apôtres du Beauvaisis, Saint Lucien et ses compagnons, Maximien et Julien, furent martyrisés près de Beauvais, sur l’ordre de Julien, gouverneur de la Gaule (il fut décapité).
D’origine romaine, et d’abord prêtre à Rome, il vint évangéliser le Beauvaisis, dont il fut peut-être le premier évêque, probablement en compagnie de saint Denis de Paris et de saint Quentin.
Le martyre de Saint Lucien, par Vincent de Beauvais (1190 ?-1264 ?) : en haut, à gauche, Saint Lucien prêchant ; en bas, sa décapitation; un peu plus haut, à l’extrême-droite, Saint Lucien – comme Saint Denis – portant sa tête.
nominis.cef / Saint-Lucien-de-Beauvais
1463 : François Villon quitte Paris définitivement
(Sur François Villon, voir aussi l’éphéméride du 8 avril)
Le 5 janvier, le Parlement de Paris a condamné François Villon à dix ans de bannissement, à la suite de la pénible « affaire Ferrebouc » : à la fin novembre 1462, le notaire pontifical Ferrebouc est blessé, au cours d’une rixe à laquelle il n’est pas prouvé que Villon ait participé, ni directement ni indirectement. Mais son passé de personne fréquentant les milieux louches – on l’appelle souvent « le poète-truand » ! – ne plaide pas en sa faveur; on l’emprisonne et, normalement, la sentence, dans ce genre d’ « affaire » est la mort.
C’est donc, très probablement, en prison, dans l’attente d’un jugement qu’il croyait rendu d’avance et dans la quasi certitude d’une mort imminente, que Villon compose sa Ballade des pendus.
Amnistié, contre toute attente, il sera néanmoins banni de Paris pour dix ans, par le Parlement.
François Villon
François Villon la Ballade des pendus lu par Gérard Philipe
Frères humains, qui après nous vivez,
N’ayez les coeurs contre nous endurcis,
Car, si pitié de nous pauvres avez,
Dieu en aura plus tôt de vous mercis.
Vous nous voyez ci attachés, cinq, six :
Quant à la chair, que trop avons nourrie,
Elle est piéça dévorée et pourrie,
Et nous, les os, devenons cendre et poudre.
De notre mal personne ne s’en rie ;
Mais priez Dieu que tous nous veuille absoudre !
Se frères vous clamons, pas n’en devez
Avoir dédain, quoique fûmes occis
Par justice. Toutefois, vous savez
Que tous hommes n’ont pas bon sens rassis.
Excusez-nous, puisque sommes transis,
Envers le fils de la Vierge Marie,
Que sa grâce ne soit pour nous tarie,
Nous préservant de l’infernale foudre.
Nous sommes morts, âme ne nous harie,
Mais priez Dieu que tous nous veuille absoudre !
La pluie nous a débués et lavés,
Et le soleil desséchés et noircis.
Pies, corbeaux nous ont les yeux cavés,
Et arraché la barbe et les sourcils.
Jamais nul temps nous ne sommes assis
Puis çà, puis là, comme le vent varie,
A son plaisir sans cesser nous charrie,
Plus becquetés d’oiseaux que dés à coudre.
Ne soyez donc de notre confrérie ;
Mais priez Dieu que tous nous veuille absoudre !
Prince Jésus, qui sur tous a maistrie,
Garde qu’Enfer n’ait de nous seigneurie :
A lui n’ayons que faire ne que soudre.
Hommes, ici n’a point de moquerie ;
Mais priez Dieu que tous nous veuille absoudre !
1570 : Mort de Philibert Delorme
C’est à lui, qui fut l’un des plus grands architectes de la Renaissance, que fit appel Diane de Poitiers, en 1547, lorsqu’elle prit possession du château de Chenonceau. Le trouvant trop petit pour elle, qui désirait disposer d’une salle de réception à sa mesure, elle eut l’idée d’agrandir le château côté rivière, et de faire construire sur le Cher un pont, rehaussé d’une galerie.
Plus tard, Catherine de Médicis, après s’être emparée du château, fera construire les deux étages que l’on admire aujourd’hui.
Sur Chenonceau, voir notre évocation du 26 juillet.
Il est l’auteur de l’exceptionnelle Galerie du bord de l’eau, reliant le palais du Louvre au palais des Tuileries (1564) :
…mais aussi de la Sainte Chapelle du Château de Vincennes (1552) :
On lui doit également le tombeau de François Premier et de Claude de France.
Ce monument est le plus important des tombeaux de Saint-Denis. C’est en 1548 qu’Henri II chargea l’architecte de l’exécution du mausolée de ses parents.
L’architecture est ordonnée comme un arc de triomphe romain en référence aux campagnes militaires de François 1er dont les victoires sont sculptées sur les bas-reliefs des soubassements.
Le roi et la reine sont représentés en orants sur le monument accompagnés de trois enfants morts avant leur père. Sous la voûte, les gisants en transis sont allongés sur des sarcophages identiques.
Et, bien sûr, le Palais des Tuileries, siège du pouvoir et vrai cœur de Paris, dont il était le splendide château, pendant plusieurs siècles : un château qui sera scandaleusement – et stupidement – détruit en 1883 (après avoir été incendié par la Commune) par la République idéologique, en haine de nos racines et dans l’obsession d’effacer tout ce qui n’est pas elle (éphéméride du 4 décembre).
Vestiges des Tuileries, dans l’une des cours de l’Ecole des Ponts et Chaussées
1896 : Mort de Paul Verlaine
Notre éphéméride du 30 mars (naissance de Paul Verlaine) donne un extrait du Voyage en France par un français – contemporain du recueil de poèmes Sagesse – composé pour propager les deux idées maîtresses de Verlaine : catholicisme et royalisme.
pagesperso-orange/paul-verlaine
De Sagesse
Non. Il fut gallican, ce siècle, et janséniste !
C’est vers le Moyen-Age, énorme et délicat,
Qu’il faudrait que mon cœur en panne naviguât,
Loin de nos jours d’esprit charnel et de chair triste.
Roi, politicien, moine, artisan, chimiste,
Architecte, soldat, médecin, avocat,
Quel temps ! Oui, que mon cœur naufragé rembarquât
Pour toute cette force ardente, souple, artiste.
Et là que j’eusse part – quelconque, chez les rois
Ou bien ailleurs, n’importe – à la chose vitale,
Et que je fusse un saint, actes bons, pensers droits,
Haute théologie et solide morale,
Guidé par la folie unique de la Croix,
Sur tes ailes de pierre, ô folle Cathédrale !
Voici les premières et dernières strophes de Sagesse, XII : s’y exprime sans détour le Verlaine, anti-Régime, anti-Système et, évidemment, royaliste :
Or, vous voici promus, petits amis,
Depuis les temps de ma lettre première,
Promus, disais-je, aux fiers emplois promis
À votre thèse, en ces jours de lumière.
Vous voici rois de France ! À votre tour !
(Rois à plusieurs d’une France postiche,
Mais rois de fait et non sans quelque amour
D’un trône lourd avec un budget riche.)
À l’œuvre, amis petits ! Nous avons droit
De vous y voir, payant de notre poche,
Et d’être un peu réjouis à l’endroit
De votre état sans peur et sans reproche.
Sans peur ? Du maître ? Ô le maître, mais c’est
L’Ignorant-chiffre et le Suffrage-nombre,
Total, le peuple, « un âne » fort « qui s’est
Cabré », pour vous espoir clair, puis fait sombre.
[…]
Vous, nos tyrans minuscules d’un jour
(L’énormité des actes rend les princes
Surtout de souche impure, et malgré cour
Et splendeur et le faste, encor plus minces),
Laissez le règne et rentrez dans le rang.
Aussi bien l’heure est proche où la tourmente
Vous va donner des loisirs, et tout blanc
L’avenir flotte avec sa Fleur charmante
Sur la Bastille absurde où vous teniez
La France aux fers d’un blasphème et d’un schisme,
Et la chronique en de cléments Téniers
Déjà vous peint allant au catéchisme.
1934 : Alexandre Stavisky est retrouvé mort dans son chalet « Le vieux logis » près de Chamonix
Alors que la police était en train de pénétrer dans la maison, un coup de feu retentit : les policiers trouvent Stavisky gisant, la tête traversée par une balle, serrant un revolver Herstal dans ses doigts.
Escroc notoire, Stavisky était impliqué dans une série d’affaires dont la plus célèbre est celle du Crédit Municipal de Bayonne qu’il fonda avec le député-maire de la ville sous le pseudonyme de Serge Alexandre. Il réussit à dérober plus de 300 millions de francs à la banque et bénéficiait de la protection de certains politiques. Localisé à Chamonix dès le 2 janvier, ce n’est pourtant que le 8 que la police se décide à l’arrêter et le trouve mystérieusement mort.
Cette étrange mort provoquera une crise politique. Le gouvernement de Camille Chautemps se verra contraint de démissionner pour laisser place au cabinet Daladier.
Le Canard Enchaîné titrera : « Stavisky s’est suicidé d’une balle tirée à trois mètres. Ce que c’est que d’avoir le bras long ».
La « Une » de L’Action française du 7 janvier 1934
« L’affaire Stavisky » sera l’un des facteurs déclenchants de l’émeute antiparlementaire du 6 février suivant (éphéméride du 6 février).
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Un suicide de 2 balles selon wikipédia…