Oui, pourquoi ne pas être francs avec eux ? Et, en particulier, avec Egemen Bagis, ministre Turc en charge du dossier de l’intégration de la Turquie dans l’Union Européenne ?
Au vu des déclarations qu’il a faites au Monde (1), le ton qu’il emploie n’est d’ailleurs plus tout à fait de la franchise, c’est même presque de l’arrogance…
Egemen Bagis, 39 ans, négociateur en chef avec l’Union européenne.
Nous en extrayons le seul paragraphe suivant :
Vous rejetez donc la proposition franco-allemande d’un partenariat privilégié ?
La Turquie sera membre à part entière de l’UE ou pas du tout. Il n’existe pas d’intermédiaire. Ce statut de « partenaire privilégié » n’a aucune base légale sinon nous le serions déjà. Nous sommes dans l’union douanière et dans les institutions européennes. Plus de cinq millions de Turcs vivent dans les pays membres. Nous sommes déjà dans l’Europe.
Façon fort peu courtoise et fort peu diplomatique de s’exprimer: en somme Angela Merkel et Nicolas Sarkozy ne jouissent pas de toutes leurs facultés intellectuelles, puisqu’ils proposent à la Turquie un statut qui -dit le Turc qui, lui, sait…- n’a pas de « base légale » ? Merci pour elle, merci pour lui !
On voit, comme ça, dans la rue, à la Poste, dans les conseils de Classe, bref un peu partout, des gros malotrus, des « moi, je.. » qui s’imposent lourdement, et qui -sans la moindre once de finesse- assènent leur manque total d’éducation aux autres. Il fait penser un peu à ces gens-là, le ministre turc.
Remarquez, c’est normal, et on l’y encourage: la Turquie occupe militairement une partie du territoire de Chypre, un État membre de l’Europe, et on ne lui dit rien; on lui fait même des risettes. Elle aurait donc tort de se gêner. Une autre version du Plus c’est gros, plus ça passe, en quelque sorte…
Puisque ça marche !…
(1) : Propos recueillis par Guillaume Perrier, Le Monde, 12 juin.
Bagis n’a pas complètement tort puisque c’est l’adhésion politique qui fut la queue de trajectoire des « grands penseurs » des Communautés européennes dès le départ. Il rappelle d’ailleurs que la République turque est membre de tout sauf du Conseil européen de l’Union.
Que ça ne nous plaise pas est une autre affaire (qui le concerne moins).
A Chypre, la Turquie n’a pas attaqué un membre de l’Union mais est intervenue dans les années 60 dans une sorte de colonie anglaise pour protéger sa minorité très menacée par les Chypriotes grecs de Mgr Makarios, si ma mémoire ne me trahit pas.
Les Chypriotes turcs ne voulaient pas devenir des Palestiniens bis.
En passant et pour amortir le post : le méridien de Nicosie passe à l’est de celui d’Ankara.
Chypre en turc se dit « kibris ». C’est aussi le nom de la petite allumette.