Par Aristide Renou.
De récentes discussions au sujet de la propagande féministe stridente à laquelle nous sommes soumis m’ont amené à m’interroger sur l’efficacité réelle de ce bourrage de crâne, qui commence aujourd’hui dès l’école maternelle et même, à ce qu’il semble, dès la crèche.
Cette propagande ne peut pas rester sans effets, cela est certain, et nous pouvons le constater autour de nous, particulièrement chez les jeunes générations. Mais la question que je me pose est : jusqu’à quelle profondeur cette propagande pénètre-t-elle ? Est-ce un dépôt superficiel qui tendra à disparaitre assez rapidement avec l’âge et la confrontation avec la réalité, ou bien s’agit-il d’une sorte de tatouage de l’esprit presque impossible à effacer ?
Je n’ai pas énormément d’éléments pour répondre à cette question, néanmoins, sur ce point, et pour une fois, je suis plutôt optimiste.
Bien qu’il soit souvent éclairant de comparer notre situation à 1984 – et je ne me prive pas moi-même de le faire – nous ne vivons pas en Océania. Pas pour le moment. Le Mal n’a pas triomphé, comme dans le roman d’Orwell, et la vérité a encore énormément de défenseurs et de moyens de parvenir jusqu’à chacun d’entre nous.
L’histoire nous apprend que, même en Union Soviétique, certains avaient su garder ou, mieux encore, retrouver leur intégrité intellectuelle et morale malgré tous les efforts du régime. Je suis persuadé que, lorsque les régimes totalitaires qui écrasent les Chinois et les Coréens du Nord se seront effondrés, on découvrira qu’il en est de même dans ces malheureux pays.
Mais le plus efficace, peut-être, pour soutenir le moral de ceux de nos frères qui seraient tentés de baisser les bras (cela nous arrive tous) reste encore l’exemple personnel.
Je vais donc, pour une fois, parler un peu de moi-même (oh, très peu).
Mes parents étaient de gauche. Très à gauche même, particulièrement ma mère. Deux éléments étaient très saillants dans ses opinions : son tiers-mondisme et son féminisme. Autant dire que, dès que je fus en âge de comprendre, il me fut donné à entendre que j’étais doublement coupable, ou en tout cas doublement suspect : en tant que Blanc et en tant que petit mâle (qui allait devenir grand).
Je dis tout cela sans aucune acrimonie : il y a bien longtemps que j’ai pardonné à ma mère les difficultés de mon enfance et de mon adolescence que je lui dois (le reste étant dû à mon père). Elle avait ses raisons, ou en tout cas ses motifs, pour professer les opinions qui étaient les siennes et par ailleurs elle était dépourvue de méchanceté.
Mais le fait est que je compris bien vite que « se comporter comme un mec » n’était pas un compliment dans la bouche maternelle et je fus soumis à des tentatives nombreuses et pas trop subtiles de m’orienter vers des goûts disons, pas trop masculins. Malgré mes protestations je fus, par exemple, inscrit à un cours de danse classique et je dus, mortifié, enfiler deux fois par semaine le collant et les chaussons pour aller passer une heure au milieu de petites filles qui me regardaient, pour beaucoup, d’un air un peu méprisant. Il faut dire que je n’étais pas doué, en plus d’y mettre de la mauvaise volonté.
Je ne crois pas y être resté plus d’un an, car ma mère dû bien se rendre à l’évidence : ça ne me plaisait VRAIMENT pas. Mais je m’en souviens encore aujourd’hui, quatre décennies plus tard.
Bref, j’ai reçu ce que l’on pourrait appeler une éducation féministe, en paroles et en actes, car mon père, sans forcément approuver sur toute la ligne, ne désapprouvait pas ouvertement. Et puis il était peu présent (ce qui, de ce que j’en comprends, fait aussi partie d’une éducation féministe digne de ce nom).
Quel en a été le résultat ?
Faible, très faible, en tout cas peu durable. Pour tout dire, je crois, en toute objectivité, que je rassemble en ma modeste personne la plupart des traits de la masculinité toxique.
J’aime les sports de combat et je les pratique assidument. Je ressens comme extrêmement satisfaisant le fait de parvenir à envoyer son pied dans la tête de son adversaire ou de lui couper le souffle d’un coup de poing bien placé. Bref, comme dirait OSS 117, j’aime me battre. J’aime également les alcools forts et les grosses motos, l’histoire militaire, les films de guerre et l’héroïsme. J’aime aller au stand de tir, j’aime les jolies femmes et tout ce qui va avec, et je n’ai jamais hésité à tenter ma chance.
Pire, je considère qu’il existe des différences naturelles entre les hommes et les femmes, des différences d’ordre psychologique qui ne disparaitront jamais, que par conséquent il est approprié de se conduire de manière différente avec un homme et avec une femme, qu’il est normal et approprié que les hommes et les femmes ne se répartissent pas également dans les carrières et les honneurs.
Je considère comme normal et approprié pour un homme d’être protecteur vis-à-vis d’une femme (de manière générale, bien sûr) et je considère comme normal et approprié pour une femme de rechercher une épaule masculine sur laquelle s’appuyer (si ma mère m’entendait !).
Je suis donc horriblement et irrémédiablement sexiste.
Pour autant j’admire bien plus le courage intellectuel que le courage physique, j’abhorre les brutes, les malhonnêtes, les insensibles, les criminels. Je considère qu’un homme, un vrai, ça s’empêche, et je méprise ceux qui méprisent les femmes. Dans le fond, ce sont des l@p.ettes. Mais il n’y a qu’une féministe pour confondre, ou affecter de confondre, le sexisme et la misogynie. Et puis aussi je ne suis pas très barbecue, je dois le reconnaitre.
Je ne sais plus quand exactement je me suis débarrassé de la défroque féministe que l’on avait posée sur mes épaules dans mon enfance, ce fut un processus progressif plutôt qu’un chemin de Damas, mais je crois que, passé la vingtaine, l’essentiel était fait. Peut-être même avant.
Pour tout dire, je suis assez reconnaissant à ma mère de la manière dont elle m’a éduqué car cela m’a immunisé contre l’arme féministe par excellence : la culpabilisation. Je suis totalement, définitivement, radicalement, inaccessible au fait de me sentir coupable en tant que mâle blanc. Ce n’était certes pas le résultat qui était recherché, mais c’est le résultat qui a été obtenu.
Je ne sais pas s’il possible de faire de mon cas particulier une généralité, mais je suis bien convaincu de n’avoir rien d’exceptionnel. Mon émancipation, par conséquent n’a certainement rien d’exceptionnelle.
Je regarde autour de moi, je constate l’effet de la propagande féministe sur la jeunesse actuelle, bien sûr, mais je constate aussi que les actes sont souvent en désaccords avec les paroles, et que les paroles ne sont pas tout à fait les mêmes en privé et en public. J’en déduis que, comme pour moi, l’empreinte chez beaucoup n’est pas aussi profonde qu’elle pourrait le sembler. Bien sûr, je vois et je déplore amèrement les mauvais choix que les mauvaises opinions produisent chez trop de gens. Je vois trop de vie, et notamment trop de vies de femmes, abimées par les opinons erronées qu’on leur a inculquées sur la différence des sexes, sur la famille, sur la maternité.
Mais, malgré tout, je reste prudemment optimiste. Je ne désespère pas de nos enfants, chez qui je décèle l’éternelle aspiration à la liberté de l’esprit humain, toujours en lutte avec l’aspiration opposée à l’abêtissement et au repos que donne la servitude. Le féminisme contemporain est une idéologie aussi absurde et contre-nature que le communisme a pu l’être en son temps. Elle s’effondrera un jour, pourvu seulement que chacun d’entre nous fasse son devoir, en refusant de la cautionner et de la relayer en quoi que ce soit. Elle s’effondrera. Et le plus tôt sera le mieux. ■
Précédemment paru sur la riche page Facebook de l’auteur (25 septembre).