Par Michel MICHEL.
Contribution à la discussion tenue dans Je Suis Français sur l’article de Didier Desrimais, repris de Causeur, Rokhaya Diallo à l’ENS : « le concept d’universalisme européen est un mythe » (Hier, vendredi 4.11).
Les divagations de Mme Diallo ne doivent pas nous faire oublier de dénoncer la tendance occidentale à confondre l’unité avec l’uniformité.
David Gattegno a raison ; c’est dans le Christianisme que s’ancre cette idée d’Universalisme : la bonne nouvelle du Salut doit être révélée à tous les hommes mais sans abolir la variété de leurs cultures. A la Pentecôte, chacun entend le discours des Apôtres dans sa langue propre (au contraire de l’Islam où il faut connaître l’arabe pour lire de Coran)…
Hélas, depuis ce que les historiens appellent l’époque « moderne », l’universalité est confondue avec le rationalisme post-cartésien qui réduit la connaissance aux rapports mécaniques entre des « choses » insignifiantes.
La question du sens ayant été éliminée, les décisions ne relèvent plus que d’une pseudo-liberté arbitraire (« les « droits de l’Homme », c’est-à-dire de l’individu) et les décisions collectives ne peuvent légitimement découler que du contrat (le « Contrat social »).
C’est particulièrement en France que cet abus s’est développé. La France était le pays où la Sorbonne définissait la doxa de toute le Chrétienté ; en s’éloignant du catholicisme, elle a continué à se proclamer l’institutrice du monde. Le rayonnement de la France « classique » nous a persuadés que la « philosophie des Lumières » était universelle. Tout homme qui reconnaissait les « grands principes » idéologiques de la Révolution devait être considéré comme citoyen de la République. Et au contraire, le jacobinisme a voulu détruire toute les identités diversifiées en France et si possible dans le monde.
La France (œuvre d’art réussie des Capétiens) est le prototype de la « Nation » mais à partir de la Révolution elle a voulu exporter le « principe des nationalités » même aux peuples qui avaient une histoire politique différente (cités, tribus, empires…). Cela nous a valu la « création » par les deux Napoléon de l’Allemagne et deux guerres mondiales, Cela se traduit par l’absurdité d’Etats artificiels en Afrique (comme le montre Bernard Lugan) ou la défense d’une nation mal constituée comme l’Ukraine qui fut dans son histoire essentiellement liée à des empires.
Finalement il est clair que l’universalisme jacobin a été la matrice de tous les totalitarismes de la modernité.
Et s’il faut défendre cette belle idée d’universalisme, je préfère la façon de Maurras (que je paraphrase) « c’est au moment où elle ne fut qu’elle-même que l’Attique fut le genre humain », ou encore « l’Eglise catholique, la seule internationale qui tienne ». ■
Maître de conférence en sociologie
Dernier ouvrage paru …
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Universalisme n’est pas mondialisation, tentation actuelle de l’Eglise Catholique, comme le montre Laurent Dandrieu dans « Rome ou Babel ». L’Universalité étant rendue possible par l’enracinement dans une culture, dans une nation pour les plus favorisés comme les Français, c’est pourquoi nous avons attiré tant de peuples à nous. Cette universalité est addition des différences et non exclusion par l’uniformisation. Faisons en sorte que l’Eglise catholique ne devienne pas Rome ET Coca-cola!
J’ai toujours perçu l’admirable film de Rosselini comme une sorte d’hommage d’un marxiste au « politique d’abord » de Maurras.
Le politique n’est donc pas une « superstructure » dont la fonction est de servir et masquer « la classe dominante » , car il est possible pour l’Etat de conduire et de « domestiquer » cette classe au Bien Commun.
C’est avec la monarchie qu’il est possible de « prendre le pouvoir », c’est-à-dire de substituer -au moins partiellement – le pouvoir politique conscient aux dominations de la mécanique sociale.
Cette « prise de pouvoir » les socialistes – de Lénine à François Hollande – en rêveront ultérieurement sans avoir la possibilité institutionnelle de la réaliser avec sagesse.