Dans le Politique Magazine du mois de juin -n° 75- ( http://www.politiquemagazine.fr/ ), Yvan Blot consacre une interéssante note de lecture au dernier livre de Luc Ferry (1). Il la termine par ces mots : « Même si l’on ne partage pas la philosophie laïque et illuministe de Luc Ferry, on partagera ses inquiétudes sur l’absence de sens de la société de consommation : il pose d’excellentes questions, stimulantes pour l’esprit. »
Au cours de sa critique, Yvan Blot note ceci: « …De même, quand l’auteur appelle de ses voeux une « sacralisation de l’humain » qui donnerait des motifs de se sacrifier à la place de Dieu, de la Nation ou de la Révolution. L’auteur est dans le vrai: sans pouvoir sacrifier au sacré, la vie perd son sens. Mais comment produire du sacré avec des notions immanentes ? L’humanité sacralisée que propose Ferry est une notion abstraite… »
Il rejoint ainsi cette idée que Gustave Thibon avait exposée lors du dîner-débat qui lui avait permis de dialoguer longuement avec Alain de Benoist (vous pourrez d’ailleurs, très bientôt, trouver ici même l’enregistrement de ce moment passionnant, qui est un véritable document d’archive…). A de Benoist, qui évoquait le sur homme, Thibon répondit que cette idée de sur homme, en soi, ne le choquait pas et ne l’inquiétait en rien, mais -lui faisait-il remarquer- où allez-vous trouver ce qui va permettre à l’homme de se dépasser ainsi, de sortir donc de lui-même, si vous commencez par nier toute transcendance, par refuser que quoi que ce soit, quelque principe que ce soit, existe en dehors de lui ?…..
(1) : Face à la crise. Matériaux pour une politique de Civilisation, de Luc Ferry. Éditions Odile Jacob, 125 pages, 10 euros.
Selon Nietzsche, le « surhomme » n’a nul besoin de la « trancendance » pour se dépasser. Il ne se conçoit que par opposition « aux hommes modernes », aux « braves gens, aux chrétiens et autres nihilistes ».
Cet homme différent fait contraste avec le type actuellement le plus répandu « la bête domestique », « la bête de troupeau ».
Le « grand homme » de Nietzsche n’est donc surhummain que par rapport à « l’homme bon », un monstre de débilité qui se réfugie toujours dans un lieu de félicité et de béatitude au lieu de regarder la réalité en face et d’affronter le monde tel qu’il est.
Nietzsche propose le type exactement inverse : « le type d’homme qu’il conçoit, conçoit la réalité telle qu’elle est : il est assez fort pour cela – il ne lui est pas étranger ni éloigné, il est la réalité même, il a encore en lui tout ce qu’elle a de terrible et de problématique; c’est en cela seulement que l’homme peut être grand ».