Encore un ouvrage de celle qui en a tant écrit, et de si grande qualité: Jacqueline de Romilly fait paraître Les révélations de la mémoire (1) qu’elle a dicté dans sa maison d’Aix en Provence, qu’elle appelle « le lieu du bonheur ».
A 96 ans, cette immense personalité n’a donc pas fini de nous étonner, et c’est tant mieux. Un petit retour en arrière ne sera pas inutile pour bien saisir l’une des choses importantes de ce livre. Un article de La Croix nous l’avait appris, le 11 août 2008: Jacqueline de Romilly s’est convertie au catholicisme (titre de l’article: Jacqueline de Romilly, une Athénienne au XXe siècle).
D’origine juive -son nom de jeune fille est David- c’est par son mariage avec Michel Worms de Romilly, en 1940, qu’elle a pris le nom sous lequel on l’a connaît aujourd’hui. Elle évoque cette conversion -qui est tout sauf anodine…- avec sa malice habituelle : « Sur ce point, un homme m’a beaucoup apporté : le P. Labaky. Il m’a préparée à la première communion et l’année dernière, à ma confirmation. A 95 ans, il était temps ! »
Voilà qui aide, évidemment, à bien comprendre cette formule qu’elle utilise dans son ouvrage: « Il y a autre chose »…
Aujourd’hui elle supporte avec fermeté les atteintes du grand âge: elle entend mal, et voit mal; pourtant « la précaire bénédiction » des odeurs et des couleurs, la lumière provençale, tout cela elle l’entrevoit, et elle y voit le signe d’une autre clarté supérieure. Elle, qui a du mal à voir, est ainsi réceptive à ce qui est invisible et ineffable, et qui vient d’ailleurs…. Et lorque des souvenirs lui viennent, elle la trouvent dans un état d’ « ombre invisible mais lucide, assistant, muette mais émue, à la scène du temps passé ».
C’est donc un peu comme si la nuit qui l’entoure, la menace et descend autour d’elle l’ouvrait à toujours plus de lumière(s)….
Editions de Fallois, 126 pages, 15 euros
Dans ce précieux petit livre, Jacqueline de Romillv nous fait part d’une découverte qu’elle vient de faire.
Cinq ou six moments de sa vie, reparus en surprise dans sa mémoire, ont provoqué chez elle un éblouissement, un émerveillement dont elle cherche à comprendre le sens.
Le temps dans lequel nous vivons est-il le seul ? Y en a-t-il un autre, que nous ne voyons pas et qui serait d’une autre nature ?
«On peut imaginer, nous dit-elle, que ce que nous vivons s’inscrit tout ensemble dans le cadre mouvant du présent et son évolution rapide, plus ou moins voués à l’oubli, mais aussi dans un domaine autre, auquel nous n’avons pas normalement accès, mais où se conservent, de façon durable, ces impressions que nous pensions fugitives, parce que nous n’avions qu’une vue partielle des choses. On pourrait appeler cet aspect durable et normalement inconnu de nous, tout simplement, l’Eternité.»
La grande helléniste se défend de donner une conclusion religieuse à cette expérience. Elle se contente de la rattacher à ce qui a été, nous dit-elle, une croyance solide tout au cours de sa vie et qui a souvent dicté sa façon de se conduire. Une idée qui tient en peu de mots et se résume dans une formule : «Il y a autre chose.»
Noël Stassinet sur On attend une vigoureuse réaction du…
“Alors les grands penseurs de la gôôôche on se réveille ? On a une panne de…”