Par Radu Portocala.
Ce court billet dit assez l’état de décadence avancée de nos « élites » mais aussi de la société elle-même à tous les échelons. Les plus modestes, où l’on se prend moins facilement pour ce qu’on n’est pas, étant peut-être les moins touchés. Talentueux comme les précédents, ce billet est paru le 2 décembre sur la page Facebook de son auteur. Même, et peut-être surtout, le Grand Siècle savait se critiquer lui-même, se moquer des travers du temps, moquer les grands, traquer les vices du caractère, les défauts du langage. Molière, La Bruyère, La Rochefoucauld et, bien-sûr, La Fontaine, n’ont rien fait d’autre. Nous avons perdu ce type d’ironie et de lucidité sur nous-mêmes, nous avons perdu cette liberté.
D’où vient cette habitude – à la fois grotesque, idiote et puérile – qu’a prise la classe politique occidentale d’appeler les homologues par leurs prénoms et de les tutoyer ?
Que veut-on démontrer par là ? Une inébranlable fraternité (qui n’existe pas) ? Une parfaite entente (qui n’existe pas) ? Une merveilleuse identité des points de vue (qui n’existe pas) ?
Passant outre la goujaterie d’une telle pratique, elle fait penser à une cour d’école, où les gamins se tutoient, mais ne sont et ne seront jamais égaux.
L’expression « On n’a pas élevé les cochons ensemble » devrait s’appliquer ici aussi, si ces gens avaient encore un peu de bon sens, s’ils n’étaient pas tous des cabotins de troisième zone. ■
Extrait des commentaires, quelques envois savoureux…
J. K.
Sans parler des tapes sur l’épaule, des bras tenus fermement dont Macron s’est fait le spécialiste…
Du tripotage…
Oui. Du genre patron de start-up ( ce qu’il est ) à la fois condescendant paternaliste et amical.
Ce type de tripotage doit être une des règles enseignées dans les écoles de management dans les années…
C’est une habitude d’énarques.
Il est obscène dans son fricotage. il caresse Biden il me fait penser à ces petits chiens de cours qui rampent et s’agitent autour des princes .il est vrai que le vassal rend ici visite à son suzerain.
C’est une pratique désormais courante dans les grandes entreprises américaines, ce qui permet de comprendre bien des choses.
D. B.
Une petite blague à propos du défunt ex-chancelier allemand Helmut Kohl, jadis raillé y compris dans son propre pays pour ses connaissances limitées en langues étrangères. S’adressant à son homologue américain de l’époque, le président George Bush (père…) : « you can say me you… »
Elsa G.
Pour faire « jeunes et branchés », peut-être, à défaut d’être mûrs et dignes… une erreur sémantique…
Ne sont ce pas là des façons américaines ( E.U ) que nous aurions adoptées ?
Parfois , l’on est même contaminé sans s’en rendre compte : ainsi cette manie de parler des « premières Dames » pour les épouses de Présidents de République .
Il y a tout de même des pôles de résistance . Entendu , il y a quelques années, à la radio -écoutée ce jour-là en voiture- le compte rendu que faisait un Canadien de son séjour à Paris : les garçons de café n’appréciaient pas le tutoiement et n’y répondaient pas ; quant aux Parisiennes, décevant ses attentes, elles étaient finalement comparées à des congélateurs .
Habitudes américaines indéniables, en politique comme dans la vie professionnelle le tutoiement et le prénom sont de rigueur. En Angleterre le respectueux Sir , ou Madam, conservent distance et respect.
En Allemagne on se tutoie entre « jeunes » et en Espagne si on est du même niveau social ( c’est le plus âgé ou celui qui pourrait prétendre à une supériorité qui doit en avoir l’initiative. Tout cela est le produit de l’histoire de vieilles nations, les récentes Etats Unis ou Canada n’y ont pas accès, pire ne le comprennent pas comme le bon Canadien à Paris.