Par Michel Corcelles.
Une analyse des résultats de cet étrange scrutin, que nous trouvons claire, concise, synthétique et d’une exacte clarté. D’où son efficacité.
Quatre enseignements de l’élection municipale du 28 juin laissent penser que « la crise » que nous traversons ira s’amplifiant.
1. Même si, en soi, un taux d’abstention ne met pas en question la légitimité des élus, en revanche le constant accroissement du dit taux illustre un processus de dégradation de l’engagement civique. Avec une abstention estimée à 59,5 % le 28 juin L’abstention est ainsi estimée 59,5 % supérieure même à celui d’élections européennes pourtant peu mobilisatrices. Psychologiquement les comparatifs sont plus révélateurs des comportements et du « mouvement » social que les chiffres absolus.
Si tant est qu’un taux d’abstention traduise la force du lien entre le citoyen et les institutions, celui du second tout des municipales montre que jamais ce lien n’a été aussi faible
1er enseignement : Plus que jamais le taux d’abstention révèle la coupure « Société civile »/Partis politiques ou si on préfère pays légal/pays réel.
2. Au soir du 28 juin LREM reste le parti disposant d’une majorité à l’Assemblée Nationale et au Parlement. Même si cette majorité s’effrite et nonobstant son insuccès lors du scrutin municipal LREM reste le parti qui gouverne alors même qu’il vient de faire la preuve de son manque d’enracinement dabs le pays. C’est un parti ectoplasmique qui gouverne la France
Et c’est un parti non moins ectoplasmique qui est le vainqueur de ce 2ème tour. EELV en effet reflète une société permissive, acquises aux réformes inspirée par Terra Nova et d’autres « réseaux sociétaux », en connexion aléatoires avec les groupes « racisés ». Ce qui s’est passé à Colombes est un fait majeur : les « quartiers » ont déferlés sur le centre-ville dès l’annonce de la victoire des Verts.
La caractère « invertébré » d’EELV (on est à l’opposé de « l’appareil » de type communiste) ouvre certes des brèches tactiques (par exemple la présence des amis d’Ellul sur la liste écolo de Bordeaux) ne doit pas faire oublier son « purisme » idéologique et surtout sa puissance prospective et « juvénile ». On sait, depuis des semaines, la crainte de Macron de devoir affronter Jadot à la présidentielle.
2ème enseignement : ce sont deux mouvements ectoplasmiques (sans colonne vertébrale) qui configurent la France ; deux mouvements donc qui seront incapables de faire face à des ruptures politiques et sociales violentes.
3. Le décalage qui est intervenu dans le calendrier électoral a révélé et amplifié la coupure métropoles/zones rurales ou si on préfère pays légal/pays réel. Le 1er tour avait pointé, là ou le résultat était acquis, une stabilité électorale voire un ancrage « conservateur » avec des scores parfois flatteurs pour le RN dans les petites communes. Le second tour a montré la puissance de la vague écologiste arrimée ou non aux décombres de la gauche ancienne : Bordeaux, Strasbourg, Besançon, Grenoble, Tours, Lyon (et la Courly), ce n’est pas rien et dans la plupart des cas ou l’emporte le PS, ou une combinaison « union de la gauche » gageons que les écolos sauront être « le sel de la terre ». Même à Lille où martine Aubry l’a finalement emporté de justesse, et bien entendu à Paris en attendant Marseille ou Rouen. Presque dans toutes les métropoles.
3ème enseignement : entre villes et campagnes ce n’est plus une fracture qui s’aggrave mais un conflit, culturel, social, politique, quasi civilisationnel qui s’installe
4. Et les « partis traditionnels » ? Macron les avait sérieusement amputés (et cela suffit à lui témoigner quelque indulgence). Le 2ème tour du 28 juin ne les aura pas encore enterrés. Le PS se survit plutôt bien de Nantes à Rouen et même se revigore à Nancy mais globalement il n’est pas prêt de redevenir l’axe fort de l’opposition. Les Républicains s’en sortent à peu près si on considère le premier tour car le second, malgré Auxerre ou Orléans, témoigne plus d’une honorable survie que d’une résurrection.
Qui plus est les contorsions électorales de LR, à Toulouse et surtout à Lyon ont déstabilisé profondément le parti. La défaite Wauquiez/Collomb restera emblématique de la fin d’un système.
Le RN gagne quelques villes sans modifier le paysage à ceci près qu’au royaume des aveugles les borgnes étant rois il peut se prévaloir d’avoir su, surtout dans le Sud, quelque peu rééquilibrer la balance des forces.
4ème enseignement : Ces partis ne semblent pas en mesure de répondre aux défis qui pourraient naitre (et naitront vraisemblablement) de la crise qui commence.
Il ne s’agissait ici que de tirer quelques leçons d’un scrutin tout chaud. ■
Le cas d’Annecy (74) illustre ce qui advient aux agglomérations en voie de métropolisation : la fusion de communes a accouché d’un ensemble froid, éloigné des électeurs, où peuvent seuls émerger des bobos hors sol. La liste EELV et LREM l’a ainsi emporté avec seulement 27 voix d’écart sur le maire LR sortant, héritier d’un chef lieu depuis toujours au centre droit. Les démocrates chrétiens n’ont pas su mobiliser les aînés dans leurs maisons de retraite au bord du lac. Le pays légal se trouve désormais incarné par quelques personnages déconnectés de l’histoire et de l’identité profonde des savoyards.
Car face à l’attraction de Genève et des paradis suisses, seule l’union de la Savoie dans ses deux parties Nord et Sud demeure la voie d’avenir pour inventer un rebond de qualité qui fasse sens : le tissu d’entreprises performantes et innovantes se maille avec celui d’un tourisme et d’une agriculture haut de gamme. Mais cette région Savoie de près de 1.6 millions d’habitants peut-elle s’exprimer au sein d’une énorme région rhône-alpine qui va jusqu’à l’Auvergne ? Le territoire présente certaines constances qu’il nous faudra bien considérer. St François de Sales au secours !
la légitimité non questionnée par cette abstention massive ? pour oser cette affirmation il faut une grande dose d’ignorance de ce qui fonde le pacte social : l’adhésion de la majorité du corps électoral à l’idée de droit qui détermine l’organisation sociale/sociétale désirable et les moyens de l’installer…légales ces élections ?