Par Didier Desrimais*.
Cet excellent article de Didier Desrimais, comme toujours très documenté et fort bien argumenté, et dont le titre, hélas ! est éloquent, est paru dans Causeur hier 27 janvier. Il n’est animé d’aucun républicanisme sectaire et militant et ne date pas les commencements de la patrie française de 1789 ou 93. Années funestes s’il en est. C’est la raison pour laquelle quoique n’étant que repris de l’excellent Causeur, nous le plaçons en tête de nos publications du jour.
Le député Léaument (LFI) se réjouit de la décapitation de Louis XVI, le député Boyard (LFI) apparait dans un clip musical où l’on rêve de péter le champ’ à la mort des Le Pen, et Marine Tondelier (Conseillère régionale EELV) passerait bien les milliardaires français à la guillotine… Enfin, le grand ordonnateur de la Nupes, Mélenchon, « maudit » le président Macron. Comme tout ce petit monde est de gauche, nos médias ne trouvent rien à redire.
Chronique des dernières extravagances gauchistes en date
Pour devenir député sous la bannière de LFI, il est nécessaire d’avoir certaines qualités. La principale est de savoir faire abstraction de la plus grande partie de l’histoire de France pour ne garder et glorifier que celle qui commence avec la Révolution française. C’est d’une très grande bêtise mais cela permet à Antoine Léaument, député de l’Essonne, ou Louis Boyard, député du Val-de-Marne, de se nicher confortablement, avec un minimum de connaissances historiques et sans se faire de nœuds au cerveau, dans le mouvement opaque de Jean-Luc Mélenchon.
De Louis XVI…
Antoine Léaument a vivement réagi dernièrement aux propos de certains députés rappelant, en la déplorant, la décapitation de Louis XVI le 21 janvier 1793. Il a d’abord twitté : « Louis Capet. Un traître à la patrie, un ennemi du peuple français. “Vive la Révolution et vive la République !” : voilà le mot d’ordre des vrais patriotes ! La France, c’est ça ! » L’avocat Gilles-William Goldnadel ayant eu l’audace de dire qu’il avait, en ce 21 janvier 2023, une pensée pour Louis XVI, « décapité par la bestialité de ces bêtes sans têtes », le même député LFI a twitté derechef : « Mépris de l’Histoire révolutionnaire et républicaine du peuple français. Glorification du traître à la patrie Louis Capet… Ras le bol de cet (sic) extrême droite qui méprise la France du drapeau (bleu-blanc-rouge) républicain et révolutionnaire. » Ces maigres slogans rabâchés depuis deux siècles sont d’une pauvreté absolue mais permettent aux incultes de continuer de le demeurer en ignorant aussi bien l’histoire de France d’avant 1789 que celle, riche et complexe, de la Révolution elle-même. Le petit-bourgeois insoumis a des rêves de Terreur plein la tête : « Comme Jaurès, “Sous ce soleil de juin 93, je suis avec Robespierre” », twitte-il encore. Léaument se prend pour Barère – s’il n’a pas le talent oratoire du rapporteur du Comité de salut public, il semble partager avec ce dernier un goût prononcé pour les peines de mort, les exécutions sommaires, l’élimination des adversaires politiques. La guillotine étant passé de mode, il choisit la manière indirecte, sournoise, moderne et lâche, moins salissante et moins risquée : l’autoproclamé « député You-Tuber » (ça fait quand même moins peur que « député hébertiste ») sévit sur YouTube, Twitch, Instagram, Facebook et TikTok, ces réseaux dits sociaux transformés parfois en ersatz de tribunaux révolutionnaires permettant à des Commissaires de la république de pacotille de se faire mousser un peu. Il est vrai qu’on imagine mal Antoine Léaument en haut d’une barricade, risquant sa vie en offrant sa poitrine aux fusils de la police réactionnaire au cri de « Vive la VIe République ».
… à Louis Boyard.
Le cas de Louis Boyard a été déjà traité dans ces colonnes mais il vaut la peine d’y revenir rapidement. Comme on sait, l’ex-dealer est un ami du rappeur Yanni Benchallal. Dans un clip de ce dernier, le député LFI apparaît, assis à la table d’un kebab, serrant très amicalement la main de cet artiste beuglant ses envies de « péter le champ’ » à la mort de Marine Le Pen et de Marion Maréchal, de planter « le drapeau algérien en mairie », d’utiliser le « taux de natalité, arme démographique » de ses coreligionnaires pour faire peur à « ces bâtards », etc. N’en déplaise aux régicides, c’est ce Louis-là qui déshonore la France, et qui mériterait, non pas la peine capitale (quand on est contre la peine de mort, on applique ce principe à tout le monde, sans aucune exception), mais au moins une peine d’inéligibilité pour manquement grave à sa fonction parlementaire ou déloyauté envers son pays.
Ah ! ça ira, ça ira, ça ira, tous les milliardaires à la lanterne…
De son côté, EELV a élu sa nouvelle coupeuse de tête. Marine Tondelier a trouvé les coupables de tous les maux qui accablent les Français : les milliardaires. Par conséquent, lors du dernier meeting réunissant les principaux représentants de la Nupes, elle a fait part de son programme : elle veut « une France sans milliardaires ». Au fond, le programme d’EELV, assez proche de celui de LFI, s’il ne peut plus être celui du « sang » est celui du « sans » : une France sans nucléaire, sans contrôle migratoire, sans prisons, sans arsenal judiciaire, sans militaires, sans barrières à ses frontières, sans milliardaires, sans policiers, sans voitures, sans ingénieurs, sans enfants, sans travail et sans… Michel Sardou.
Les insoumis de LFI et les écologistes d’EELV sont les dignes héritiers de ces petits-bourgeois et intellectuels de gauche de la fin des années 60, adorateurs des pires régimes. Benoît Rayski les range dans la catégorie homo sartrius et distingue deux branches : homo gauchistus et homo ecologistus [1]. C’est, dit-il, deux espèces originales dont les représentants sont réputés incapables de clamer « Vive la France » mais qu’on aurait entendu répéter « quelque chose qui ressemble à “abalafinans” ». Comme leurs illustres prédécesseurs sartriens, ces citoyens-là bénéficient d’un énorme avantage : les médias, majoritairement de gauche ou d’extrême gauche, ne dénoncent jamais leurs exactions, leurs appels à la violence, leurs dénonciations injurieuses ou leurs discours anti-français. Ils peuvent dire ce qu’ils veulent, sur qui ils veulent, de la manière qu’ils veulent. Jean-Luc Mélenchon peut crier, halluciné, l’œil mauvais et la voix vénéneuse, à l’encontre du président de la République (qu’on apprécie ce dernier ou pas, ce n’est pas le sujet ici) : « Soyez maudit ! », ou un député s’afficher avec un « artiste » appelant d’une manière à peine camouflée au meurtre de personnalités politiques, les médias dominants ne bronchent pas. Nous n’osons imaginer leur réaction si un représentant politique du RN ou de « Reconquête ! » s’était exprimé comme le leader de LFI ou, pire encore, était apparu dans le clip d’un rappeur se disant prêt à sabrer le champagne à la mort de Jean-Luc Mélenchon ou de Sandrine Rousseau – nous aurions eu droit alors aux cris d’orfraie sur France Inter et aux lamentations dans les pages du Monde et de Libération sur le retour du fascisme, des heures sombres, des chemises brunes, et tout le tintouin.
Attirons enfin l’attention de nos députés enragés sur quelques personnalités mortes elles aussi un 21 janvier et auxquelles, au lieu de s’acharner sur ceux qui commémorent la mort de Louis XVI, ils pourront, si le cœur leur en dit, rendre hommage à l’avenir : Marcel Azzola (en 2019), Blaise Cendrars (en 1961), George Orwell (en 1950) et, the last but not least… Vladimir Ilitch Oulianov dit Lénine (en 1924). ■
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* Amateur de livres et de musique, scrutateur des mouvements du monde.