Deux jours près un article sur Finkielkraut, élogieux, Le Monde publie un article sur Ramadan, extrêmement critique.
Il est bon, en soi, que Le Monde, une Institution, qui a très souvent -voire le plus souvent…- joué contre les Traditions nationales, prenne la mesure des réalités et sonne le tocsin. Ce retour au réel est positif, et c’est pourquoi l’article de Caroline Fourest a retenu notre attention.
Nous le publions ci-dessous, non sans effectuer au préalable la mise au point suivante. Caroline Fourest -dont on appréciera surtout la lucidité du dernier paragraphe……- épingle Ramadan, certes, mais on ne peut que se démarquer de la raison derrière laquelle elle se retranche dès la ligne 3 : dénoncer un Tarik Ramadan qui avance masqué, et le danger de l’Islam, oui. Mais parce que nous ne voulons pas qu’on nous change nos moeurs et notre société, et pas parce que nous prônerions de nouvelles valeurs (!) qui -justement- détruisent elles aussi cette société, en allant à l’encontre de ses traditions, de ses moeurs, de ses coutumes profondes.
Ce que l’on doit combattre chez Ramadan c’est son désir de vouloir islamiser notre continent et notre pays de Chrétienté, mais cela ne doit pas nous mener à nous opposer à lui systématiquement, et quoi qu’il dise; ni à nous allier systématiquement à toute personne ou tout groupe qui s’oppose à lui, du simple fait que cette personne ou ce groupe s’oppose à lui.
Cette précision ayant été apportée en vertu du principe selon lequel ce qui va sans dire va encore mieux en le disant, lisons Caroline Fourest…..
Tarik Ramadan et son double, Caroline Fourest, Le Monde, 29 août.
Après des mois d’hésitations, la mairie de Rotterdam a dû se rendre à l’évidence. L’orientation idéologique de Tariq Ramadan n’est pas compatible avec le poste de » conseiller en intégration et en multiculturalisme » qu’elle lui a confié. Voilà des mois que ce poste fait polémique. L’alerte a notamment été donnée par des associations gays et lesbiennes, inquiètes de ses positions pudibondes et homophobes. Comme celle où Tariq Ramadan explique que, pour l’islam, l’homosexualité » révèle une perturbation, un dysfonctionnement, un déséquilibre « .
Jusqu’ici, le prédicateur s’en est sorti par une pirouette. En profitant d’une autre citation, sortie de son contexte, pour nier tout en bloc. Comme souvent, des journalistes ont recopié ses communiqués, sans vérifier. A les croire, ces propos sur l’homosexualité » n’ont jamais pu être prouvés « . Faux. La phrase qu’on lui reproche est parfaitement exacte et provient d’un livre intitulé Peut-on vivre avec l’islam ? (éditions Favre, 2004, p. 152).
Dans d’autres écrits et d’autres conférences, Tariq Ramadan prend position contre les mariages mixtes entre une musulmane et un non-musulman, interdit à ses fidèles d’aller dans des piscines mixtes, fustige l’islam moderniste comme un » islam au rabais, un islam… sans islam » et glorifie Hassan Al-Banna, le fondateur du mouvement totalitaire des Frères musulmans, comme un modèle à suivre.
Son positionnement, complexe à décrypter, est assez simple : faire passer l’intégrisme politique pour un juste milieu entre l’islam salafiste et l’islam moderne. Ce qui revient à faire passer l’islam progressiste pour un extrême, et à demander aux pouvoirs publics de soutenir un islam intolérant et réactionnaire en guise de moindre mal.
Déjà vingt ans que cela dure. En Suisse, dans les années 1990, des journalistes l’ont porté aux nues comme un modèle d’intégration… Avant de déchanter. Notamment lorsqu’ils réalisent la sympathie dont bénéficie le Front islamique du salut (FIS) parmi ses troupes. Ramadan se concentre alors sur la France, jusqu’à ce que son » double discours » soit démonté. Depuis, il a pris sa revanche en Angleterre, en Belgique et au Canada, partout où l’intégrisme s’épanouit à l’ombre du droit à la différence. Quitte à nourrir un retour de flamme populiste et xénophobe chaque fois que la tolérance s’avère abusée.
En l’occurrence, à force de faire la sourde oreille, la mairie de Rotterdam a nourri le populisme anti-islam d’un Geert Wilders. Elle a cru à des accusations racistes. Elle se réveille en découvrant que son » médiateur » anime une émission hebdomadaire sur Press TV, une chaîne anglophone financée par le gouvernement iranien. On ne trouve pas l’ombre d’une critique envers le régime dans ces émissions diffusées avant, pendant et après la fraude électorale. Le 18 juin, alors que plus d’un million d’Iraniens bravent l’interdit pour réclamer des élections libres et non truquées, Tariq Ramadan s’inquiète du score des listes populistes aux élections européennes… Son émission commence par un clip annonçant le retour du nazisme européen, comme dans les années 1930, mais tourné contre les musulmans (le mot » juif » n’est pas prononcé).
Le message colle parfaitement à la paranoïa anti-occidentale de Press TV, destinée à relayer la propagande iranienne auprès du monde anglo-saxon. Notamment celle minimisant la Shoah… Visiblement, la chaîne connaît mieux le message de Tariq Ramadan que la mairie de Rotterdam, qui vient de mettre fin à son salaire.
Comme à son habitude, le télé-prédicateur ne manque pas d’attribuer ses derniers ennuis en date à la montée d’un climat » islamophobe « . C’est pourtant tout le contraire. La peur du racisme lui fait gagner du temps. Si Tariq Ramadan était chrétien, son masque tomberait plus vite. Aucune mairie de gauche n’a jamais eu l’idée d’embaucher un télévangéliste réactionnaire comme conseiller en » multiculturalisme « .
Quel scandale, ce Tariq Ramadan! Il a osé défendre des positions pudibondes et homophobes! C’est pas nous qui adopterions des postures aussi nauséabondes! Il refuse d’aller dans nos piscines, quelle honte! Alors que nous, on voudrait qu’il y vienne avec ses soeurs, sans doute! Il s’oppose à des mariages chrétiens-musulmans! Nous, bien sûr, on ne désire rien tant que de voir nos enfants se marier avec des musulmans, c’est notre espoir le plus cher que Tariq vient ainsi flétrir! Il parle de l’Iran sans condamner sa politique anti-américaine et sans réclamer des élections « libres » comme en Algérie ou en Tunisie, cela fait vraiment trop mal, je vous dis!
Reste à savoir qui cette Mme Caroline Fourest déteste le plus, en fin de compte, entre un musulman réactionnaire et un chrétien réactionnaire. Y a pas photo, comme vous dites, c’est le chrétien.
Nous nous demandions, il y a peu, où était passée Caroline Fourest ? Et bien maintenant, nous savons. La protectrice des Ouïghours était en mission spéciale avec sa « copine » Fiammetta Venner.
Elle fait partie du casting des médias, parce qu’ elle est homosexuelle, que c’est une femme et qu’elle est de gauche, trois sauf-conduits idéaux pour que cette laïcarde puisse s’attaquer aux chrétiens et aux musulmans en toute bonne conscience !
Je suis assez de l’avis d’Antiquus et de Parabellum. Si Le Monde a sonné le tocsin contre l’islamisme, ce tocsin rend un son un peu faux … C’est, en effet, le tocsin de nos décadences. Croit-on vraiment que c’est la bonne façon d’enrayer l’islamisation de l’Europe ? Je suis persuadé du contraire.
Ce qui sonne surtout faux, c’est l’écho favorable que nous donnons à ce concert de cloches. Nous n’en retirerons aucune considération de nos ennemis, mais au contraire la négation de soi. A cet égard, je voudrais rappeler ce que me disait Julien Freund, il y a bien des années, exprimant la pensée de Machiavel: « lorsque, faible, l’on est en butte à l’hostilité d’ennemis impitoyables, la pire erreur est de s’allier contre le plus féroce. En effet, l’anéantissement du plus cruel profite immanquablement au plus fort, réduisant encore la marge des faibles jusqu’à l’extinction, de sorte que leur victoire est une défaite. Il faut au contraire rechercher l’alliance des plus faibles contre le plus fort. Ainsi chaque victoire renforce celui qui a fait ce choix. »
Je pose donc la question: entre l’indifférentialisme universel et l’islamisme radical, lequel est le plus fort?
Mon cher Antiquus la question ne se pose pas en ces termes (comme dirait l’autre). Puisque vous évoquez Julien Freund vous connaissez sans doute cette anecdote.
Le 26 juin 1965, à l’occasion de sa soutenance de thèse à la Sorbonne, Julien Freund répond à Jean Hyppolite : « Comme tous les pacifistes, vous pensez que c’est vous qui désignez l’ennemi. Or, c’est l’ennemi qui vous désigne. Et s’il veut que vous soyez son ennemi, vous pouvez lui faire les plus belles protestations d’amitié. Du moment qu’il veut que vous soyez l’ennemi, vous l’êtes. Et il vous empêchera même de cultiver votre jardin ».
En 1984, il déclare : « La société actuelle est devenue tellement molle qu’elle n’est même plus capable de faire la politique du pire. Tout ce qu’elle me paraît encore de taille à faire, c’est de se laisser porter par le courant « .
La question à se poser est la suivante : Qui nous a désigné comme son ennemi : Le capitalisme mondial qui à besoin de l’indifférentialisme généralisé pour progresser encore, ou l’islamisme communautaire?
Les deux, de toute évidence. D’où la nécessité de peser le plus fort. Et à ce titre, aucune discussion n’est possible. Il faut également tenir compte d’un autre mécanisme mis en lumière par Julien Freud: l’intérêt capital pour le dominant de faire désigner arbitrairement un ennemi par les dominés ; un ennemi choisi par le dominant, dont l’opposition lui permet de maximiser les effets de soumission.
Entre l’échec de l’intégration, l’utopie de la « Reconquista » et le communautarisme qui a tout d’une bombe à retardement, il ya de quoi être pessimiste.
Mais, quand on s’ingénie à poser les problèmes en des termes tels qu’ils ne peuvent recevoir aucune solution, il ne faut pas s’étonner de se voir condamné au pessimisme.
Il faudra bien un jour, créer les conditions de la reconnaissance réciproque, ce qu’on ne fait certainement pas, par exemple, quand on pratique comme aujourd’hui un amalgame entre l’immigration, l’islam, le fondamentalisme islamiste et le terrorisme global.