Par Didier Desrimais*.
Cet article de Didier Desrimais, comme toujours vigoureux, très documenté et fort bien argumenté, est paru dans Causeur le 17 de ce mois. Il nous a intéressés. Il intéressera les lecteurs de JSF en quête d’édification Woke, d’information et de débat.
Dans l’émission progressiste « Quotidien », la ministre des Sports prend soin de ne pas reprendre complètement à son compte la notion de « masculinité toxique », pour mieux ensuite se ranger du côté de ceux qui défendent l’idéologie du genre et tous ses poncifs. Gageons qu’elle va nous préparer des JO de Paris 2024 inclusifs !
Les deux championnes ont découvert un nouveau continuum des violences
Dans l’émission “Quotidien” du 9 mars, Yann Barthès recevait Amélie Oudéa-Castéra, ministre des Sports. Cette dernière a d’abord modestement et sincèrement décrit son parcours de joueuse de tennis professionnelle. Elle a ainsi expliqué les raisons de son retrait prématuré de la compétition en évoquant la solitude des sportifs de haut niveau et en ne cachant pas son admiration pour Martina Hingis, cette « Mozart » du tennis féminin qui gagna de nombreux tournois en même temps qu’elle fracassait, par la perfection de son jeu, les rêves de la jeune Amélie qui eût alors le « sentiment de ne pas pouvoir être à la hauteur ».
La ministre des Sports scalpe Noël Le Graët
Tout cela est bien beau mais nous éloigne des raisons pour lesquelles madame la ministre est reçue dans son émission, semble penser Yann Barthès qui est surtout très heureux de présenter Amélie Oudéa-Castéra comme celle qui a « obtenu la tête de Noël Le Graët ». Il frétille de joie mauvaise en lui apprenant qu’elle est surnommée « la flingueuse » dans « les fédés ». La machine à musique progressiste et néoféministe se met alors en branle. La ministre évoque « l’importance de certains combats sociétaux » que le sport « doit prendre à bras le corps ». Yann Barthès lâche le mot magique, « éthique », en se trémoussant. Maïa Mazaurette, la toujours ravie de la crèche médiatique, sort ses notes et se racle la gorge – c’est bientôt à son tour de dire, en trois minutes top chrono, le plus d’âneries possibles dans cette émission qui ne manque pas d’experts en la matière.
Ah, Maïa Mazaurette ! Cette spécialiste ès-zigounettes, ès-foufounes, ès-galipettes, ès-rapports sexuels égalitaires, est adulée par la presse boboïsée, de France Inter au Monde en passant par Causette et Télérama. Gourgandine et rapporteuse des fluctuations de la fesse, elle creuse son sillon médiatique en labourant obsessionnellement le corpus de l’idéologie néoféministe. Face à Mme Oudéa-Castéra, elle tient à aborder « l’éthique dans le sport et notamment au niveau de ce qu’on appelle la masculinité toxique ». Tout le verbiage idéologique y passe, noyé dans des circonlocutions révélant à la fois la superficialité du « concept » et la bêtise insondable de celle qui le relaie.
Le rôle masculin traditionnel questionné par Quotidien
Maïa Mazaurette tient d’abord, dit-elle, à « déminer le terrain » : quand elle parle de masculinité toxique, elle ne veut pas dire que tous les hommes sont toxiques. Non, non, non. Elle veut dire « qu’il y a dans le rôle masculin traditionnel des éléments qui sont toxiques comme le fait qu’on valorise la violence, ou l’indifférence ou le mépris des femmes ». Vous comprenez ? Non ? Sans doute cette sorte de syllogisme implacable échappe-t-il à votre entendement. Ce n’est pas grave, la chroniqueuse a un tas d’exemples pour illustrer son infaillible raisonnement. Dans le sport, dit-elle, « les démonstrations virilistes et violentes, y’en a à tous les niveaux. » Des images terrifiantes vont alors défiler devant les yeux d’un public horrifié. Premier exemple: la « démonstration guerrière » des joueurs de rugby néo-zélandais, le fameux Haka, ce rituel censé impressionner l’adversaire. Pouah ! Quelle horreur ! Quel détestable virilisme ! Il faut interdire le Haka. Deuxième exemple: des tennismen en colère fracassant leurs raquettes sur le court. Images cauchemardesques débordant de testostérone toxique et de dégoûtante masculinité. La ministre rappelle du bout des lèvres que des tenniswomen eurent elles aussi des « colères homériques », Serena Williams par exemple (ce qui a abouti parfois à des amendes pour insultes et… bris de raquettes NDLA), mais Maïa n’en a cure et s’empresse de montrer un troisième et alarmant exemple au public : le doigt d’honneur que Max Verstappen fait à un autre coureur automobile qui a failli le percuter. Le mâle dans toute son horreur ! « Certains cas de masculinité toxique, dit-elle en compulsant son cahier des turpitudes virilistes, sont restés célèbres », comme le coup de boule de Zidane en 2006. On peine à saisir le rapport entre tous ces événements et le sujet du jour, à savoir les agressions sexuelles dans le milieu du sport – à moins qu’il faille y voir l’ombre du commencement du début des prémices du fameux continuum des violences faites aux femmes…
La virilité, cette tare de l’ancien monde
Ce discours déconstructiviste à la mords-moi le nœud est le gloubi-boulga que sert régulièrement Maïa Mazaurette à ses auditeurs et à ses lecteurs. C’est nullissime et, par conséquent, très prisé dans certains milieux politico-progressistes. On en trouve des traces dans les tweets de Sandrine Rousseau ou de Caroline de Haas, dans les écrits d’Alice Coffin ou les tracts d’Osez le féminisme ! Pour ces militantes, la masculinité ne peut être que toxique, la domination ne peut être que masculine, la virilité est une tare, la galanterie, une ruse, l’homme, un pourceau – et l’heure est venue de déconstruire un peu tout ça. Que propose Maïa Mazaurette pour combattre cette supposée « masculinité toxique » dans le sport ? D’empêcher que les hommes soient « tout seuls entre eux (sic)» et « s’affrontent dans des compétitions qui sont avant tout des affrontements (resic)» – la chroniqueuse semble ignorer qu’il existe des sports où les femmes, toutes seules entre elles, « s’affrontent dans des affrontements » qui n’ont rien à envier à ceux des hommes supposément « toxiques ». Il nous semble comprendre que Maïa Mazaurette souhaiterait voir des compétitions mixtes (ou gender fluid ?) qui ne seraient pas des « affrontements » mais plutôt des jeux inoffensifs, sans esprit de compétition et arbitrés par Casimir – mais nous n’en saurons malheureusement pas plus.
Maïa Mazaurette et ses consœurs néoféministes prétendent combattre le patriarcat et la domination masculine – en évitant d’ailleurs soigneusement d’évoquer certains quartiers dans lesquels ces deux notions ne sont pas que de lointains souvenirs. En vérité, il est prévu que les hommes deviennent des femmes comme les autres – première étape vers l’indifférenciation totale, la fluidité totale, la neutralité totale, la platitude totale et, donc, vers cette post-humanité dont nous décelons les contours de plus en plus nets à travers le wokisme. Ainsi, notre ministre des Sports, après n’avoir ni confirmé ni infirmé cette notion de « masculinité toxique », se range-t-elle finalement du côté de l’idéologie sur le genre en nous apprenant des choses stupéfiantes : il a été démontré que, dans les cours de récréation, le nombre de pas des garçons est trois supérieur à celui des filles. Pourquoi ? Parce qu’ils jouent… au foot, tandis que les filles se contentent de sauter à la corde. « Il faut combattre ces stéréotypes », récite Mme Oudéa-Castéra.
Maïa Mazaurette opine du chef. Il faut dire que cette « sexperte » opine souvent. C’est même sa principale occupation. Elle opine devant les « études » qui mettent en garde contre les « préjugés négatifs » sur la sodomie chez les hétéros (Le Monde du 5 mars), devant les derniers et très performants sex-toys pour homme (Le Monde du 5 février) ou devant les pratiques bisexuelles qui progressent (Le Monde du 6 novembre 2022). Dans un entretien donné à GQ le 8 mars, elle déclare : « Quand j’ai une idée que les gens trouvent débile, je me dis que je tiens le bon bout. » Raison pour laquelle elle ne lâche que rarement le morceau, si j’ose dire – chacune de ses interventions médiatiques est là pour le prouver, et celle du jour n’échappe pas à la règle : interdire les compétitions sportives « entre hommes » pour éradiquer la « masculinité toxique », il fallait y penser ! Comme dit Fred (André Pousse, un sacré bonhomme qui s’y connaissait un peu en sport) : « La connerie à ce niveau-là, ça devient gênant ! » ■
Le haka est un rituel maori adopté par l’ensemble des Néo-zélandais ce qui est à leur honneur
Dans la critique présente de notre sossotte je sens du mépris colonialiste pour les cultures indigènes
Il me prends des envies de feministicide mais je laisse le ridicule faire son travail
On n’en finirait pas avec de tels sujets ; rien de nouveau cependant : il y avait déjà une sportive célèbre -Violette Morris- , de style « hommasse » dans l’ entre-deux guerres . Comment la classer à l’aune du féminisme et/ou de la masculinité toxique ?
Les châtiments corporels sont interdit et les mutilations aussi, mais je couperai bien quelques langues…