Par Marc VERGIER.
J’ai traduit assez librement cet article récent du colonel (e.r.) Douglas MacGregor, un spécialiste des blindés. Le présentant à vos lecteurs, lui et ses analyses.
Ce texte ne remplace pas le visionnage de ses nombreuses vidéo sur le web. On évitera pourtant les sites qui, usurpant son nom, présentent des extraits sans en préciser l’origine et la date.
Le meilleur du colonel MacGregor est visible sur le site « Judging Freedom » ou l’ancien juge Andrew Napolitano, lui-même un « libertarian » (partisan d’une lecture stricte de la Constitution US et ennemi des empiétements du pouvoir fédéral sur les droits et libertés des États, ainsi que de son prurit guerrier) s’entretient avec lui. Ceux qui comprennent l’anglais jouiront du naturel du colonel MacGregor, de ses analyses et de ses franches, éloquentes et impitoyables critiques envers l’entourage (civils et militaires) du Président Biden.
Sur ce même site on peut aussi écouter les féroces diatribes de l’ancien « marine », spécialiste du désarmement, Scott Ritter et celles, plus moqueuses, d’un ancien haut gradé de la CIA, Ray MacGovern.
Nous découvrons ainsi une Amérique autre que celle des Dr. Folamour. Quel contraste avec les (nos) misérables propagandistes, coalisés dans le mensonge, conjurés dans les plus grossières omissions, complices des hécatombes.
L’orage s’annonce
Douglas MacGregor, the American Conservative, 14 mars 1983
Traduction (s.g.d.G) de Marc Vergier
La puissante Amérique est désormais en crise. Son économie prend l’eau et les marchés financiers occidentaux peinent à dissimuler leurs inquiétudes. Les bons du Trésor US et les prêts hypothécaires perdent de la valeur à mesure que les taux d’intérêt augmentent. L’ambiance des marchés, l’humeur et les opinions des opérateurs laissent penser que les nuages sont en train de s’accumuler.
Cette puissance américaine se mesure autant par ses capacités militaires que par ses succès et ses perspectives économiques. La prise de conscience que les industries américaines et européennes sont incapables de répondre aux demandes d’armes et de munitions des ukrainiennes augure mal pour cette guerre par procuration, alors même que Washington annonce la prochaine victoire de ses subrogés ukrainiens.
Les opérations russes dans le sud-est de l’Ukraine paraissent avoir, à un moindre coût en hommes et en matériel, réussi à neutraliser les capacités offensives de l’Ukraine. Tout en menant brillamment cette guerre d’usure, la Russie, avec ses réservistes et ses ressources en équipement, a installé sur le champ de bataille une armée considérablement plus nombreuse et plus meurtrière qu’il y a un an.
L’énorme artillerie russe, faite de canons, de roquettes, de missiles et de drones coordonnés par des observations en altitude a dans le nord du Donbass, réduit les soldats ukrainiens à n’être plus que des cibles de jeux vidéo. On ne connaît pas le nombre exact de soldats ukrainiens morts au combat mais deux estimations récentes donnaient l’une 150 000 à 200 000 et l’autre 250 000.
Étant donné l’insuffisance évidente des forces terrestres, aériennes et anti-aériennes de l’OTAN , la Russie, si un conflit était accidentellement déclenché avec elle, pourrait facilement masser des centaines de milliers d’hommes à la frontière polonaise, le membre de l’OTAN le plus à l’Est.
Ce n’est certainement pas ce que Washington proposait à ses alliés européens mais c’est maintenant tout à fait envisageable.
La politique étrangère de l’URSS était paralysée par l’idéologie qui l’inspirait. La Russie contemporaine a, au contraire, habilement trouvé des soutiens en Amérique latine, en Afrique, au Moyen-Orient et en Asie du Sud. La position de Washington dans le monde a, de plus, souffert du fait que les sanctions imposées par les Occidentaux leur ont plus nui qu’à la Russie, faisant même du rouble l’une des devises les plus fortes.
La politique de Biden, imposant l’OTAN aux frontières de la Russie a contribué à rapprocher Moscou et Beijing, tant du point de vue économique que de la sécurité, favorisant de ce fait d’autres liens stratégiques en Asie du sud, avec l’Inde, par exemple et des partenariats, comme avec le Brésil. Pour les 3,9 milliards de personnes liées par l’Organisation de Coopération de Shanghai (OCS), les conséquences de ce début d’axe russo-chinois et ses projets de révolution industrielle sont considérables.
Au total, le projet US d’affaiblir, isoler ou, même, détruire la Russie est un colossal échec qui compromet dangereusement la guerre par procuration voulue par Washington. Son obstination, aveugle au risque de disparition de l’Ukraine, favorise trois « métastases » périlleuses :
- une inflation des prix persistante et une hausse des taux d’intérêt, signes de mauvaise santé économique (les premiers effondrements bancaires depuis 2020 témoignent de la fragilité financière des USA)
- les menaces d’instabilité et de récession dans une Europe qui souffre déjà des multiples vagues d’immigrants et réfugiés surnuméraires,
- le risque d’une extension de la guerre en Europe.
Toujours, au sein de l’Administration, des factions luttent entre elles pour convaincre le président d’adopter telle ou telle stratégie. Les observateurs extérieurs sont rarement sûrs quant à la faction la plus influente mais nous savons qu’autour du Président Biden il y a des partisans d’un désengagement en Ukraine. Le Secrétaire d’État Antony Blinken, connu pour son soutien enragé à cette guerre par procuration, reconnaît que l’exigence par le Président Zelinsky de l’appui des Occidentaux pour reconquérir la Crimée est inacceptable pour Poutine et pourrait entraîner une escalade dramatique.
L’Administration Biden se refuse stupidement et morbidement à renoncer à l’humiliante condition mise pour des pourparlers de paix : que Les Russes se retirent d’abord de l’est de l’Ukraine. C’est pourtant indispensable.
Avec les taux d’intérêts élevés, les dépenses croissantes à l’intérieur ou à l’étranger, notamment pour la guerre en Ukraine, augmentent le risque de troubles politiques et sociaux aux USA. Toute autre république courrait le même danger.
Une vérité indiscutable naît des ruines et de la confusion de ces deux dernières années. La plupart des Américains ont raison d’être mécontents de leur gouvernement et de lui refuser leur confiance. Le Président Biden se révèle un simple mannequin, porte-parole d’idéologues fanatiques membres de son Administration ; des individus qui considèrent le pouvoir exécutif comme le moyen de bâillonner l’opposition et s’assurer la maîtrise permanente du gouvernement fédéral.
Les Américains ne sont pas fous. Ils savent que les députés pratiquent les délits d’initiés de façon flagrante, profitant de leurs informations. De telles pratiques vaudraient la prison aux citoyens ordinaires. Ils savent aussi que Washington, depuis 1965, les a fourvoyés dans des échecs militaires qui ont sévèrement amoindri l’influence et la puissance économique et militaire de leurs pays.
Les Américains, en trop grand nombre, sont convaincus que leur pays est dépourvu de « leadership » depuis le 21 janvier 2021. Il est plus qu’urgent pour l’administration Biden de trouver un moyen de s’extirper de sa guerre par procuration contre la Russie. Ce ne sera pas facile. L’internationalisme libéral ou, sous son masque moderne, le « globalisme moralisateur » rend difficile le travail diplomatique ; c’est pourtant son heure. En Europe de l’Est le printemps oppose aux armées russes et ukrainiennes un océan de boue qui restreint sévèrement leurs mouvements. Le Haut Commandement Russe, cependant, se prépare à une attaque terrestre dès que les sols seront secs. Cette opération sera clairement décisive, démontrant que Washington et ses partisans n’ont aucune chance de sauver le régime en perdition à Kiev. Les négociations, alors seront extrêmement difficiles sinon impossibles. ■
Douglas Macgregor, colonel à la retraite, est un membre « senior » de The American Conservative ; il a servi comme conseiller auprès du Secrétaire à la Défense de l’Administration Trump ; il est décoré pour ses actes au combat ; il est l’auteur de cinq livres.
The Gathering Storm
Et si cette guerre stupide , ayant déjà envoyé POUTINE dans les « bras » de la CHINE, provoquait une union politique et militaire antre ces 2 pays, avec comme conséquence: l’invasion de TAÏWAN par la CHINE rouge et capitaliste
et là les « puces » micro processeurs » tomberaient entre les mains de la CHINE qui en disposerait à sa guise, en « oubliant » d’en fournir à l’Occident?????
Ah oui ! L’Occident des puces ! Puces et poux. Et de Zuckerberg. Montagne de sucre et de dollars ! S’il nous faut absolument des puces au moins fabriquons les, Race minable. Devenue minable. Poutine a raison !
Un article de Ray McGovern a été publié ce 27 mars 2023 sur le site antiwar.com. Son titre est
« La banalité des supers-conseillers d’élite autour de Biden »
https://original.antiwar.com/mcgovern/2023/03/26/the-banality-of-bidens-exceptional-elite-advisers/
Fort de 27 années comme analyste à la CIA, jusqu’au rang de chef de la branche « politique extérieure-URSS » tout en étant chargé du rapport quotidien de la CIA au Président des USA.
Il qualifie sans retenue les 4 « pieds nickelés » (mon mot) qui conseillent Biden (Blinken, Austin, Milley, Sullivan) de fieffés et récidivistes menteurs, tout autant que Biden lui-même (qui, pour sa défense a, selon l’auteur, perdu contact avec le réel). Il rappelle que Blinken travaille avec Biden depuis 20 ans et qu’il l’a accompagné dans les mensonges conduisant à la guerre d’Irak (Biden était alors président de la commission des affaires étrangères au Sénat).
Ils les voit tous « dans le noir », aveugles au rapprochement qu’ils ont provoqué entre la Russie et la Chine, déniant que ce rapprochement soit autre chose qu’un « mariage de circonstance » (Biden dixit). Au point de caresser l’idée d’un conflit avec chacun des deux.
Ray McGovern termine son article sur ces « diplômés des meilleures écoles », imbus de leurs privilèges et de l’immunité qui leur est garantie comme représentant de « l’exceptionnalisme américain » en rappelant les mots d’Hannah Arendt observant les accusés de Nuremberg:
<>.
Hannah Arendt nous a laissé cette expression : « la banalité du mal » . C’est cette banalité qu’il évoque dans le titre de son article.
«
article de Ray McGovern : erratum:
Les mots d’Hannah Arendt, mis entre guillemets ont sauté : les voici (doublement traduits)
« Choquée de leur médiocrité : ils ne pensaient pas avoir fait quelque mal que ce soit; et ils ne le croyaient réellement pas; ils avaient juste fait leur boulot »
« she was shocked at how kind of mediocre they were. They didn’t have any sense that they had done anything wrong, and they really didn’t believe it. They were just basically like I just did my job. »
Je pinaille, mais un « libertarien » (libertarian) n’est pas un tenant d’une lecture stricte de la constitution des USA, mais un partisan du plus grand nombre de libertés individuelles possibles. Pour le dire autrement, le libertarien est en réalité un libéral (mais ce dernier mot désigne tout autre chose aux USA). Les libertariens, étrangement, sont souvent associés à la droite conservatrice, en dépit des mises en gardes de Russel Kirk et Alasdair MacIntyre.