Otton Wann nous indique, en guise de réaction laconique – mais positive… – à propos de l’extrait n° 2 de Jean-François Mattéi : « Il a publié récemment un article sur la pédagogie : La révolution copernicienne de l’enseignement. Les articles de la revue ( n°2) :
http://soseducation-leblog.com/2009/09/13/la-nouvelle-revue-de-l%E2%80%99education-n%C2%B02/ ».
C’est l’occasion de faire connaître cette adresse à celles et ceux qui ne la connaîtraient pas encore. Ils ne seront jamais déçus de s’y être rendus…
Dans ce numéro n° 2, à côté d’autres articles (David Mascré, Jacques Bichot…), celui de Robert Redeker et celui de Jean-François Mattéi…
La crise de l’école est une crise de la vie, par Robert Redeker (résumé) :
La crise de l’école est le symptôme d’une crise beaucoup plus profonde et grave, qui est celle de la mort de l’homme métaphysique dans la société moderne. Ne sachant plus ce qu’est un homme, nous ne savons plus pourquoi nous éduquons, à quoi nous éduquons nos enfants.
Nous devons nous souvenir qu’enseigner consiste à incorporer les élèves à la tradition des oeuvres de l’esprit humain, pour les rendre
contemporains de l’esprit d’un autre temps, et non à les “intégrer” à la société existante. L’éducation doit au contraire être un rempart contre la fête, un contre-pouvoir face au conformisme de la société du divertissement. Pour redécouvrir le sens de la vie et donc le but de l’éducation,
la philosophie doit reconquérir la place qui lui a été ravie par les sciences sociales et humaines. Car elle seule peut dire comment et pourquoi vivre.
La révolution copernicienne de l’enseignement, par Jean-François Mattéi (résumé) :
La pédagogie moderne, depuis John Dewey, a bouleversé le rôle traditionnel de l’école en réduisant un « lieu de réflexion » à un « lieu de vie » assimilé au processus de socialisation de l’élève, au lieu de viser une autre fin : l’humanisation de l’homme. Aussi « le pathos de la nouveauté » qu’Hannah Arendt avait dénoncé dans l’éducation contemporaine, prend-il désormais la forme d’une idéologie de la rupture avec les principes de l’éducation libérale qui formaient un être humain cultivé.
La rupture du lien avec l’élève, du lien avec le maître, du lien avec le savoir, du lien avec la substance de l’enseignement – sacrifié à un pédagogisme procédural –, et finalement du lien avec la fin de l’éducation – former un homme – ont abouti à un échec patent dont tous les rapports témoignent. Tant que le système scolaire ne reviendra pas sur cette stratégie de rupture envers l’autorité de la connaissance, nul ne pourra rectifier les échecs endémiques de l’éducation, ni édifier une pédagogie qui permette à chaque enfant d’accéder à son humanité. Si nous n’entreprenons pas cette révolution copernicienne qui place le savoir, et non l’élève, au coeur de l’école, il est à craindre que l’illusion politique de demain ne vienne renforcer l’illusion pédagogique d’aujourd’hui.
Pédagogues, philosophes, hommes politiques : ils sont toujours nombreux à se pencher au chevet d’une école malade accablée de tous les maux. Certains sont partisans d’un traitement de choc, d’autres de médecines douces.
Deux thérapies s’affrontent : celle des « républicains-universalistes » et celle des « libertaires-pédagogistes »; les « gardiens du Temple » et « les bougistes ».
Derrière ce duel dérisoire des partisans d’une « restauration de l’ordre » et des « libertaires » se profile l’offensive du marché et sa logique capitaliste. On apprend à acquérir des connaissances « utiles »,à se satisfaire du présent, à oublier la passé tout en désespérant de l’avenir.
Du point de vue de l’idéologie dominante, l’école remplit parfaitement son rôle.
Une école fondée sur des présupposés idéologiques, des illusions universalistes et égalitaristes hérités des Lumières.