Les Lundis.
Par Louis-Joseph Delanglade*.
En mai 2017, M. Macron affirmait que sa parole serait rare. Sage résolution sans doute mais qui n’a pas pesé lourd face à l’épreuve des faits (gilets jaunes, covid, conflit en Ukraine, etc.) pour un président plutôt sûr de soi dans une cinquième République amoindrie par le passage au quinquennat. Désormais, M. Macron s’exprime souvent, érigeant la communication présidentielle en attribut de sa fonction. Ainsi, tel un vulgaire politicien, soucieux d’après les médias de la « remobilisation de son socle électoral » après l’épisode dit « des retraites », vient-il d’accorder un entretien à L’Opinion (14 mai) avant de se produire sur TF1 (15 mai) mais aussi de s’exprimer au Japon puis en Mongolie en fin de semaine.
Accusé d’être méprisant, M. Macron répond : « Le vrai mépris, c’est de mentir aux gens. » Le déni de réalité, qui le conduit à ne pas toujours prendre en compte les choses comme elles sont, vaut-il mieux ? En tout cas, son annonce, plutôt imprécise, de certaines mesures budgétaires (comme la baisse de la pression fiscale sur les classes moyennes) a provoqué le scepticisme de la Banque de France et de la Cour des Comptes, les deux institutions les jugeant peu compatibles avec la situation financière du pays. On pourrait par ailleurs s’interroger sur la modification des conditions d’attribution du bonus écologique : de nouveaux critères permettraient d’éviter de soutenir les voitures électriques produites en Chine notamment. Voilà qui ressemble furieusement à une salvatrice mesure protectionniste, terme que M. Macron se garde pourtant bien d’utiliser. Il aurait donc tempéré son enthousiasme libre-échangiste de 2017, ce qui est bien ; mais peut-il ignorer que le libre-échange reste une des « valeurs » d’une Union européenne à laquelle la France reste soumise ?
Toutefois, c’est avec, ou plutôt pour, l’Ukraine que M. Macron semble à l’évidence s’égarer. Il en fait manifestement trop. A défaut de jouer un rôle décisif, il fait la mouche du coche, « va, vient, fait l’empressé ». Dimanche 21, il accueille M. Zelinsky pour un dîner de travail à l’Elysée. Et de préciser à ce sujet : « La stratégie de la France est simple : aider l’Ukraine à résister ». En formant des pilotes, en livrant des armes, en soutenant la maintenance du matériel. C’est déjà beaucoup. Mais pas assez pour M. Macron qui prend désormais garde de préciser « jusqu’à la victoire ». A ceux qui s’étonnent de voir que M. Zelensky se rend le 19 à Jeddah pour le sommet de la Ligue arabe, puis à Hiroshima pour le G.7, dans un avion officiel de la République française, il affirme fièrement depuis le Japon : c’est « la France bâtissant la paix et cherchant des solutions ». Bâtir la paix, c’est donc permettre à M. Zelensky de rencontrer pour les convaincre les dirigeants arabes, ou encore ceux du Brésil et de l’Inde. M. Macron fera même, après Hiroshima, le commis voyageur pour la même cause en Mongolie.
Or, dans le même temps, le suzerain américain autorisait ses vassaux d’Europe occidentale à fournir à l’Ukraine des avions F16. Et après, sachant que ce type d’arme constitue la dernière étape conventionnelle, quelle sera la prochaine étape, c’est-à-dire la prochaine demande de Kiev aux crypto-bellicistes occidentaux ? Peut-être sommes-nous d’ores et déjà dans l’engrenage infernal d’un conflit apocalyptique. En tout cas, consciemment ou non, les dirigeants des États-Unis et de l’Union européenne, France de M. Macron incluse, nous font courir ce risque. ■
* Agrégé de Lettres Modernes.
© JSF – Peut être repris à condition de citer la source.
Un baudet chargé de reliques s’imagina qu’on l’adorait; Dans ce penser ils se carrait, ( Monsieur de la Fontaine) l’âne vous l’avez…
C e bon cet extraordinaire La Fontaine dans laquelle ou lequel puiser Bon Sens et Vérité