Cette rubrique est destinée A ceux qui nous découvrent. Ils y trouveront une sorte de collection de mini textes, ou mini fiches, qui n’ont pas d’autre prétention que de servir de petits tracts d’appel, d’explication rapide et succincte de ce que sont et de ce que proposent les royalistes, destinés, donc, à ceux qui ne connaîtraient pas, ou mal, nos objectifs. Il ne peut s’agir là que d’une première présentation, d’une première accroche, qu’il faudra évidemment préciser, nuancer, approfondir par la suite.
Plusieurs de ces notes ont, du reste, été conçues et rédigées à partir des questions, objections, demandes de renseignements ou de précisions etc… contenues dans des courriels qui nous ont été adressés.
On pourrait, évidemment, dire les mêmes choses différemment, prendre d’autres exemples. Nous ne prétendons pas avoir la science infuse, ni asséner des vérités venues d’en haut.
Il ne s’agit, répétons-le, que de courts textes de présentation générale, genre tracts, destinés à dégager l’essentiel…
Aujourd’hui, un peu de prospective, pour apporter quelques éléments de réponse à une question souvent formulée: comment se passera/se passerait l’instauration de la Monarchie.
Étant bien entendu, nous ne cessons de le répéter à tout instant, que nous n’imaginons pas une seconde restaurer la royauté, chose que l’on pouvait faire en 1814 et 1815, peu de temps après la coupure révolutionnaire, qui pouvait, à ce moment-là, n’être qu’une péripétie de l’Histoire. Aujourd’hui, la République existe, et elle est bien installée. Et précisément, par un amusant retournement des choses, ce sont les actuels partisans du Système qui sont devenus les conservateurs de ce dés-ordre installé, et nous ses révolutionnaires.
Non pas, certes, des révolutionnaires au sens philosophique du terme, mais bien révolutionnaires de fait, au plan pratique. Car, comme l’expliquait Boutang, de ce « semble État », de cette « désolante pourriture », de ce soi-disant ordre « qui n’a que des banques pour cathédrales », il n’y a, à la vérité « rien à conserver ».
Et c’est pourquoi, continuait Boutang, « il n’est pas interdit de penser que le premier serviteur de la légitimité révolutionnaire sera le prince chrétien ».
Prince chrétien – dit Boutang -, Prince français, comme il s’appelle lui-même dans son livre d’entretien avec Fabrice Madouas – qui « pense en prince chrétien et agit en prince français », aime-t-il à répéter… – comment pourrait se faire la rencontre entre ce recours qu’est le Prince Jean et le sursaut d’une France qui ressentirait le besoin impérieux de profonds changements, en cas de grave crise politique et sociale ?…..
Il est bien évident que l’appel au Prince, comme recours national, ne peut pas intervenir dans le cursus ordinaire de la vie politique française. La course à la fonction suprême est bien trop importante, non seulement pour les hommes politiques présidentiables, mais aussi pour l’ensemble de leurs affidés. Ce qui fait beaucoup de monde. Aucun d’entre eux ne renoncera, sans que de graves circonstances ne les y contraignent, à une compétition d’un si haut intérêt.
L’hypothèse selon laquelle une décision pourrait être prise, dans des conditions paisibles et consensuelles, de confier la fonction de Chef de l’État au Chef de la Maison de France n’a donc, malheureusement, pas de vraisemblance ni de réalité.
Une telle éventualité ne pourrait survenir qu’en cas de grave crise politique et sociale, – cas malheureux, mais ni le Prince ni ses amis n’y auront été pour rien – où de profonds changements seraient ressentis comme impérieux, à la fois par une large frange de ce qu’il reste d’élites à la France et par le peuple français, dans ses profondeurs. Encore faudrait-il que n’existe pas, à ce moment-là, un homme dit « providentiel » (Bonaparte, Pétain ou De Gaulle) capable d’incarner, une nouvelle – mais toujours provisoire – espérance nationale et que, de son côté, à tous égards, le Prince y soit prêt.
Dans de telles circonstances, l’expérience montre que l’on n’est plus très regardant sur la survie du système institutionnel en vigueur. Mais, il est assez clair que les Institutions de la Vème république, si elles sont encore en vigueur lors des circonstances que nous évoquons, et si, qui plus est, elles sont modifiées en vue de soustraire la fonction suprême à l’élection, seraient un cadre politique tout à fait satisfaisant. A vrai dire, le Chef de l’Etat, dont les prérogatives institutionnelles sont déjà grandes, y détiendrait, avec, en plus, l’avantage d’être devenu indépendant et intangible, la réalité du pouvoir souverain.
Nous y retrouverions, sous des modes naturellement nouveaux, l’essentiel des avantages, de l’ancienne monarchie : davantage de stabilité vraie, davantage de continuité, de cohésion nationale et aussi ce sens du temps long, dont la révolution nous a privés.
La société traditionnelle que nous aimons, que nous voudrions, qui serait évidemment nouvelle, mais correspondrait à l’essentiel de nos traditions pérennes, ne serait pas établie pour autant. Il n’est pas, en effet, au pouvoir du seul Politique de reconstruire d’en haut, et à soi seul, proprio motu, une société déconstruite. Ni même de la préserver dans sa structure traditionnelle, lorsque les sociétés, les nations du monde entier, vivent, probablement à dater et à cause de la Révolution française, une crise qui n’est pas uniquement politique, mais aussi sociétale, culturelle, morale, spirituelle, et même anthropologique, et ontologique.
De fait, les monarchies existantes, pour utiles qu’elles soient, et sans-doute beaucoup plus qu’il n’y paraît aux yeux des Français, n’ont pas empêché ni épargné à leurs pays que ne s’y installe la crise de civilisation que connaissent, sans-doute le monde entier, mais surtout, à titre particulier, les nations européennes, et, d’ailleurs, la France, au tout premier chef.
Entre le pouvoir politique et la société, il y a, évidemment, dès les origines, et en permanence, interaction. L’ancienne société est au moins autant la conséquence que la cause de la monarchie française, la quelle ne s’est pas formée ex-nihilo. Un peuple, des peuples, lui préexistaient et n’ont cessé d’exister, sous elle, parfois, au besoin, contre elle. Elle en est issue. Elle porte leur marque. Puis elle les a façonnés, leur a imprimé sa marque. Une telle interaction est permanente. Et il serait excessif – à vrai dire, jacobin – d’attendre du pouvoir politique qu’il construise ou reconstruise tout seul, toute une société : Elle serait, alors, comme octroyée.
Dans le grand affrontement ouvert en 1789 entre République et Royauté, entre la France historique et la France idéologique de la Révolution, les « républicains » sont devenus les conservateurs de l’ordre établi (qui n’est pour nous qu’un désordre où ne « règne », selon l’expression de Pierre Boutang, qu’un « semble État »…). Et nous, non pas des révolutionnaires au sens idéologique du terme, mais bien des révolutionnaires de cette « désolante pourriture », de cette société marchande de laquelle il n’y a, à proprement parler, « rien à conserver » (toujours selon Boutang …): en somme, des alter-révolutionnaires.
La crainte que, quelle que soit la forme institutionnelle et le nom qu’elle prendrait, une royauté nouvelle soit seulement le couronnement d’un tel état de société, nous semble, en réalité, peu justifiée, car, contrairement aux monarchies existantes, qui se sont contentées de suivre le mouvement du monde, le recours au Prince, lui, ne serait, en fait, possible qu’en cas de crise profonde du « système » et en vue d’un sursaut national. Ou dit autrement : en fait, le recours au Prince ne pourrait être évoqué, envisagé, réalisé, que si se développait, à la fois dans les élites et dans le peuple français, la volonté de rompre la mécanique de nos décadences et le rêve d’une renaissance française et européenne.
Le Prince, de naissance, est fait pour cela. Alors, comme en 987, pourrait reprendre une grande époque d’interaction positive entre l’Etat et la Nation.
* Le Prince Jean s’exprime sur son Site officiel : http://princejeandefrance.fr/
Votre travail de fond finira par payer. C’est tout le mal que je vous souhaite.
Bravo.
La souveraineté du monarque que vous évoquez dans votre note, devrait reposer, dans ligne de la tradition indo-eurpéenne, sur une étroite union du politique et du sacré.
Dans la mythologie collective des peuples de l’Europe, la personne et l’institution royale étaient indussoliblement liées au sacré.
Le roi indo-européen est autant religieux que politique. Sa mission n’est pas de commander, d’exercer un pouvoir, mais de fixer des règles, de déterminer ce qui est, au sens propre « droit ».
Il est « rex » et « sacerdos », comme le Christ dont il occupe ici bas la place exacte, dans le rapport de symétrie de la terre au ciel (Georges Duby).
La religion, la mystique royale, éléments fondateurs d’une identité nationale, sont les piliers sur lesquels devrait s’appuyer la famille de France pour apparaître comme le gage vivant de la continuité de l’Etat.
Certes, dans le cadre d’une royauté nouvelle, le Prince
n’est pas là pour couronner un état de fait de la société,
cependant, il y a des principes et des modes d’organisation
du pouvoir, que le Prince est seul habilité à couronner : à
savoir ceux de la res-publica, qui à ce jour peuvent se
traduire par les préambules de la constitution de 1958, et
d’une manière générale par les principes fondamentaux du
droit et ceux reconnus par les lois de la République
(PFRLR), et la démocratie, en tant que moyen d’exercice
du pouvoir.
Ainsi, si le Prince n’est pas là pour cautionner un état de
fait de la société, mais pour en être le fédérateur et
l’arbitre, il a néanmoins vocation à se porter suprême
garant d’un ordre institutionnel établi sur les principes
auxquels il vient d’être fait référence. Etant entendu, que
ceux ci évolueront nécessairement dans leur application,
avec le temps, selon les nécessités de la société.