Commentaire – Cette chronique est parue dans le Figaro du 17-18 juin. Eugénie Bastié y décrit avec efficacité cette sorte de perversion intellectuelle qui consiste à tirer argument du mariage des rois de l’Ancienne France avec des princesses étrangères pour réputer ces rois « étrangers » et justifier du même coup l’idée que la France a toujours été une terre d’immigration. On nous excusera d’être triviaux : avoir « l’esprit tordu » à un tel degré nous semble d’ordre quasiment pathologique. Suit le parcours de l’exposition et le développement de son contenu idéologique. Effrayant de perversion, de détestation de la France, de haine de tout ce qui ressort de la Tradition. La réaction peut venir des intelligences encore libres dans la France d’aujourd’hui et tout autant si ce n’est davantage d’un rejet grandissant de l’immigration invasive, rejet devenu largement majoritaire parmi les Français de souche lointaine ou même récente.
CHRONIQUE – La nouvelle exposition permanente, préparée par l’historien Patrick Boucheron, entreprend de démontrer que la France a toujours été un pays d’immigration et que le seul obstacle à l’intégration des immigrés est le racisme des Français.
Avant il y avait « nos ancêtres les Gaulois », maintenant il y a « nos ancêtres les migrants ».
La publicité pour la réouverture de l’exposition permanente du Musée de l’histoire de l’immigration fait grincer quelques dents. On y voit le portrait de Louis XIV par Hyacinthe Rigaut avec cette mention «Louis XIV (mère espagnole, grand-mère autrichienne) : c’est fou tous ces étrangers qui ont fait l’histoire de France». Avant il y avait «nos ancêtres les Gaulois», maintenant il y a «nos ancêtres les migrants». Du roman national à la fable multiculturaliste. Cette provocation n’a même pas plu aux adeptes du wokisme qui se sont empressés de dénoncer sur les réseaux sociaux une « exaltation du promoteur du Code noir ». La révolution dévore ses enfants.
« Notre mission, c’est faire de l’immigration un élément central de l’histoire nationale » avait résumé l’ancien directeur du palais de la Porte Dorée Pap Ndiaye. C’est l’historien du Collège de France Patrick Boucheron qui a été choisi pour présider le comité scientifique et repenser la nouvelle exposition permanente qui ouvre ce 17 juin. Tenant d’une histoire mondialisée et comparatiste, l’auteur d’une Histoire mondiale de la France a été critiqué pour sa vision militante de l’histoire. Il a pris à plusieurs reprises la parole pour dénoncer la politique migratoire du gouvernement, déclarant même qu’Emmanuel Macron faisait preuve d’« un aveuglement historique » sur l’immigration.
Boucheron assume ce parti pris dans le rapport remis en 2018 préfigurant cette mission : « Ce Musée, qui ne saurait être le Musée des autres, (…) doit au contraire être le Musée d’un »nous » moins étriqué et plus respirable », écrivait-il, ajoutant : « Au moment où les débats politiques en France et en Europe sont faussés par des crispations idéologiques qui éloignent sans cesse davantage les discours publics d’une mesure sereine et juste de la réalité, c’est sans conteste le Musée d’histoire dont nous avons besoin ».
Et l’historien de citer la « tranquille assurance » de son collègue du Collège de France, le démographe François Héran, dont le livre Avec l’immigration est cité en exemple pour – attention oxymore – sa « neutralité engagée ». Pour Boucheron, comme pour François Héran, c’est la volonté de réguler les flux migratoires qui est déconnectée de la réalité et idéologique, et l’ouverture inconditionnelle qui se situe du côté de la vérité historique et scientifique. C’est tout l’objectif du musée de le démontrer.
« Étrangers partout »
Lorsque nous pénétrons sous les arcanes de la sublime façade art-déco de la Porte Dorée, nous nous attendions donc à parcourir une exposition infantilisante nous abreuvant du catéchisme vivre-ensembliste le plus niais. L’entrée du parcours, surplombée par une inscription en caractères lumineux «étrangers partout» semblait donner le ton. On se doit de reconnaître que l’exposition, organisée de façon chronologiques en 12 grandes dates de l’histoire de France, de 1685 (adoption du Code noir et révocation de l’édit de Nantes) à nos jours, est plutôt intéressante, didactique et richement illustrée. On sent qu’un effort a été fait pour ne pas tomber dans le wokisme le plus primaire. Mais l’idéologie est en réalité partout présente.
Le message est clair : il s’agit de montrer que notre pays, selon la formule consacrée, a « toujours été une terre d’immigration », et – selon les mots d’un des commissaire d’exposition – de « casser la binarité entre Français et étrangers ».
« La monarchie absolutiste est une grande terre d’immigration », lit-on ainsi sur un cartel. Il s’agit en réalité de quelques milliers de personnes, venues pour la plupart d’Irlande, du Duché de Savoie, d’Italie ou du Saint Empire romain germanique. Difficile d’y voir une continuité avec les centaines de milliers d’immigrés extra-européen qui arrivent en France chaque année depuis une dizaine d’années. Le parcours se poursuit : 1789, les étrangers dans la Révolution française ; 1848, les étrangers pour la première fois dénombrés lors du recensement ; 1889, l’instauration du droit du sol ; 1917, « la participation, souvent oubliée [par qui ?] de la force noire, ces soldats africains qui ont combattu aux côtés de l’armée française » ; 1931, la montée de la xénophobie face aux crises ; 1940, la persécution des Juifs ; 1962, la décolonisation (trois photos pour les un million de Pieds noirs rapatriés, pour tout un mur sur l’immigration portugaise) ; 1973 et la « politisation de l’immigration ».
À partir de là, le biais idéologique de l’exposition est plus assumé. Les Unes de Libération parcourent les murs (à croire que c’est la seule iconographie médiatique disponible pour l’époque). On y apprend que les années 1980 ont été marquées par « la mobilisation des travailleurs et la stigmatisation des musulmans ». « Mohamed Laid Moussa, assassiné par des fascistes » (un Algérien, condamné à trois ans de prison pour le meurtre de son voisin et assassiné à sa sortie de prison : pour la police il s’agissait d’un règlement de compte, mais pour ses soutiens, il s’agit d’un crime raciste), Toufik Ouanes, abattu par son voisin, machiniste de la RATP, « excédé par le bruit », Malik Oussekine, tué par la police, sont donnés en exemple d’un climat raciste émergeant dans les années 1970 à mesure d’une « repolitisation xénophobe de l’immigration ».
Déni idéologique
La dernière partie de l’exposition verse carrément dans le déni idéologique. L’immigration y est montrée comme un phénomène à la fois inéluctable, souhaitable (car elle « comble les besoins dans de nombreux secteurs du marché du travail ») et ne posant pas d’autres problèmes que le racisme et les discriminations que subiraient les descendants d’immigrés. Silence absolu sur les défis que posent une immigration massive à une société libérale : ghettoïsation, islamisme, communautarisme, délinquance.
Quant à l’intégration, elle se fait « à bas bruit » , malgré les « obstacles » que sont « les discriminations en raison du prénom, du patronyme, de la religion ou de la couleur de peau ». En guise d’illustration, un témoignage à travers une courte vidéo de Grace Ly, co-autrice avec Rokhaya Diallo du livre Kiffe ta race et militante de l’intersectionnalité et du racialisme, qui affirme : « On ne peut pas se dire féministe sans être antiraciste et anti-grossophobie et anti-validisme ».
« La France est de fait une société multiculturelle, même si les minorités n’y ont pas d’existence légale », lit-on sur un dernier cartel. Manière de répondre à Emmanuel Macron qui affirmait « La France n’a jamais été et ne sera jamais une nation multiculturelle » ? ■
Élevé dans l’amour de la culture française, Romain Gary, que tout le monde semble avoir oublié, eut ces mots : « Je n’ai pas une goutte de sang français, mais la France coule dans mes veines. »
Merci aussi à Eugénie Bastié pour la qualité de ses interventions (émissions, articles, etc.). L’excellence dont elle fait preuve nous console de la bêtise infâme qui règne en ces temps mauvais.
Quant au Panthéon… à Manouchian panthéonisé… Cette instrumentalisation tyrannique de la mémoire est à l’actif du petit maître du jour, de ce Macron maquereau, souteneur – et profiteur -, des sensibilités putassières.
Bien entendu que c’est encore une « manœuvre » destinée à identifier (si j’ose l’écrire ?) quelqu’un venu d’ailleurs. Tout comme l’entrée de Joséphine Baker (femme noire qui de plus aurait sans nul doute été Résistante) et je m’en tiens-là.
Mais les gens acceptent ceci, tout comme pour pas mal d’entre eux n’ont rien à redire quant à la représentation de Louis le Quatorzième en supposé « étranger » fils et petit-fils d’enfant d’immigrées au féminin puisque c’était les épouses…(il fallait avoir l’audace de cette malversation intellectuelle). Lui-même ayant épousé une immigrée de haute souche…. Nous vivons dans un mensonge permanent, et aussi dans un linceul de promesses qui nous étouffe et annihile nos savoirs.